La France est une grande nation. Une nation qui, au-delà
de son passé glorieux, peut encore prétendre à un avenir prestigieux.
Une nation qui, sans douter d'elle-même, peut, aujourd'hui encore, nourrir
les plus hautes ambitions et viser aux plus éclatantes réussites, car
entreprendre, se dépasser, conquérir, telle fut, telle est sa vocation.
Les Français, quant à eux, peuple pétri de talents et de vertus, savent,
l'histoire l'a montré à maintes reprises, surmonter les épreuves, s'adapter
à la marche du temps et toujours s'affirmer et créer pour se forger
un destin.
Aussi comment, nous qui croyons profondément à la pérennité de notre
patrie, ne serions-nous pas peinés et inquiets de constater que beaucoup
de nos compatriotes, gagnés par un sentiment de résignation et de fatalisme,
ne partagent plus cette foi ?
Il est vrai qu'à observer les politiciens, tout semble désormais figé
dans cette soumission aux événements qui caractérise les époques de
renoncement. Certes, les gouvernements alternent au gré des élections,
mais les initiatives qu'ils prennent se ressemblent étrangement, sinon
dans les intentions qui les inspirent, du moins dans les effets qui
en résultent. Tout est mis en œuvre pour convaincre les Français de
l'inéluctabilité de leur destin : les situations seraient devenues si
complexes, les contraintes internationales si fortes, l'imbrication
des économies si poussée, l'inertie de la société si pesante, que la
marge de manœuvre de nos dirigeants se trouverait désormais extrêmement
réduite. Plus aucune politique ne serait possible en dehors de celle
actuellement suivie aussi bien par la droite que par la gauche. Les
uns s'offusquent de cet état de fait et s'en prennent à la société qui
serait bloquée, les autres s'en réjouissent, croyant y discerner l'effet
naturel et bénéfique de la mort des idéologies. Satisfaits ou non, tous
semblent se résigner ; la voie à suivre est toute tracée. De nos jours,
en effet, l'action gouvernementale se borne à accompagner les évolutions
qui résultent du consensus ambiant et de la pression internationale.
Malheur alors à ceux qui ont l'arrogance d'élever des objections ou
de proposer d'autres solutions : ils sont rejetés comme hérétiques car
seules les politiques officielles ont droit de cité dans les débats.
Ainsi en est-il de l'inévitable intégration européenne, de l'indispensable
ouverture des frontières, de l'irréversible division internationale
du travail, de l'incontournable intégration des immigrés.
Quant aux résultats concrets de ces actions, ils sont tenus pour secondaires.
Puisqu'on ne peut agir autrement, tant pis si les problèmes des Français
ne sont pas résolus ! Des usines ferment ? Nos concitoyens sans travail
sont de plus en plus nombreux ? L'insécurité se développe ? La marée
de l'immigration ne cesse de monter et la pauvreté se répand comme une
épidémie ? Qu'y faire ? La politique menée est, nous dit-on, la seule
possible. Comment dès lors s'étonner que de nombreux Français baissent
les bras et se laissent envahir par le désespoir ? Et, surtout, comment
ne pas comprendre que le comportement de nos dirigeants est la cause
première du désintérêt croissant, voire du dégoût de nos compatriotes
à l'égard de la politique ?
Il est vrai que les dirigeants de l'établissement, soucieux de préserver
leur réputation et leur position, ont cherché à dégager leur responsabilité
en imaginant un subterfuge particulièrement malsain : ils ont inventé
la politique du simulacre et des bonnes intentions. Désormais, en effet,
les ministres cherchent moins à obtenir des résultats qu'à faire valoir
leurs déclarations et leurs initiatives auprès des médias. "Nous
avons fait de la lutte contre le chômage la priorité des priorités et
nous avons multiplié les mesures pour tenter de le résorber". Et
si rien ne s'améliore, ils ne se sentent pas vraiment responsables.
Comme le disait naguère M. Balladur, grand maître de cette technique,
"le gouvernement a fait tout ce qu'il a pu et tout ce qui pouvait
être fait a été tenté". Fervent adepte lui aussi de cette pratique,
M. Mitterrand n'a jamais été en reste en ce domaine et, sous sa houlette,
nos interventions militaires à l'extérieur ont toujours eu ce caractère
de symbole ou de simulacre. En Irak, elles ne pesaient pas mais faisaient
illusion. En Bosnie, elles n'ont rien réglé, mais elles ont donné bonne
conscience. Et M. Chirac a, de ce point de vue, dépassé en hypocrisie
son prédécesseur puisqu'il a multiplié les propositions d'interventions
militaires musclées, sachant parfaitement que ses partenaires les refuseraient
et qu'il serait donc dispensé de les mettre en pratique, tout en bénéficiant
des retombées politiques de son geste par ailleurs gratuit.
Ainsi le pouvoir est-il entré dans l'ère de la politique virtuelle,
de celle qui est conduite, non pas pour infléchir le cours des événements,
mais pour laisser croire que les dirigeants ont accompli leur devoir.
Au résultat, cette pratique gouvernementale ne change donc rien à la
réalité concrète. La politique menée reste celle de la soumission et
de la fatalité : la France ne décide plus, n'agit plus, elle subit,
se résigne et se soumet.
Tel est, selon nous, le problème principal auquel est confronté notre
pays en cette fin de siècle. Alors que tous les moyens de l'action demeurent
à leur disposition, les hommes politiques se comportent comme s'ils
étaient impuissants. Car affirmer que la politique actuelle est la seule
envisageable et que tout ce qui pouvait être tenté l'a été est un mensonge.
En réalité, le champ des possibilités est beaucoup plus vaste qu'on
ne le laisse croire à nos compatriotes et des solutions d'envergure
existent qui pourraient être mises en œuvre avec succès. Encore faudrait-il
pour cela renouer avec le politique.
En effet, c'est principalement parce qu'il a rompu avec le politique
au sens plein du terme que l'établissement qui dirige la France se trouve
aujourd'hui si affaibli. Certes, la politique politicienne est omniprésente,
avec ses combinaisons, ses lâchetés, ses bassesses et ses abandons,
mais qu'a-t-elle de commun avec le politique conçu comme l'exercice
souverain du pouvoir dans l'intérêt de la communauté dont on a la charge
? Nos dirigeants ont tout simplement oublié que le propre du politique
est l'exercice de la puissance. M. de la Palice ne l'aurait pourtant
pas mieux dit : le propre de ceux qui sont au pouvoir est de pouvoir.
S'ils ne peuvent rien faire, ils perdent leur légitimité et trahissent
leur fonction. Militer en politique, gagner des élections et accéder
au pouvoir pour ensuite s'avouer impuissant, telle est la faute majeure
des tenants de la classe politicienne.
Pour engager le redressement de la France, il est donc essentiel que
son gouvernement soit animé de la volonté d'agir sur la réalité et renoue
en conséquence avec le politique. Instrument de puissance par essence,
le politique permet à la nation, par la loi et la force légitime, de
recouvrer son libre arbitre, d'échapper à la fatalité et de se forger
un destin. Il est la clef qui peut rouvrir les portes de l'avenir à
notre pays et résoudre les problèmes de nos compatriotes. Cette clef,
que la classe politique refuse d'utiliser, le Mouvement national républicain
veut en faire l'instrument principal de son entreprise de renaissance.
Avec nous, notre patrie retrouvera à coup sûr, le souffle qui lui manque
aujourd'hui. En remettant en service ce puissant outil délaissé par
nos adversaires, nous pourrons agir là où ils restent impuissants. C'est
en ce sens que, par delà la diffamation, le mouvement frontiste représente
un formidable espoir pour notre pays.
Il convient donc d'organiser le retour du politique et de le dégager
des trois impasses où il s'est fourvoyé à ce jour : l'économisme, le
juridisme et le "droit-de-l'hommisme".
Politique et économie constituent deux domaines distincts dotés chacun
de leur logique propre. Aussi est-il absurde de ne voir dans la politique
qu'un simple instrument de gestion de l'économie comme c'est le cas
de nombre d'hommes politiques. Tel président de la République ne prétendait-il
pas gouverner la France comme on gère une entreprise ? Comment dès lors
s'étonner que, dans la pratique, les grandes questions politiques soient
généralement abordées avec les seuls critères de l'économie ? La politique
de défense telle qu'elle transparaît dans les livres blancs successifs
ne se réduit-elle pas le plus souvent à un pourcentage de PIB et à des
programmes financiers de fabrication d'armement ? Quant aux socialistes,
n'ont-ils pas cherché à résoudre le difficile problème de l'Éducation
nationale par la seule injection massive de crédits supplémentaires
? Bien plus, l'État ne s'est-il pas investi dans le domaine économique
au point de prétendre gérer lui-même des entreprises, des banques ou
des sociétés d'assurances ? De ce mélange des genres est née la technocratie,
institution d'essence hybride, inapte à la gestion économique pure,
mais aussi à l'exercice du politique au sens souverain du terme, ce
même politique qu'elle a largement contribué à occulter. Chacun sait
ce qu'il est résulté de cette dérive : l'État, en s'occupant de tout,
accumule les échecs. Se voulant omnipotente, la politique devient impuissante.
Il est donc impératif de dégager le politique de la sphère économique
et à cette fin de désétatiser notre société. Il faut alléger les charges,
les impôts, les règlements et les contraintes bureaucratiques, et aussi
limiter les domaines d'intervention de l'État. Ce dernier, en abandonnant
les tâches qui relèvent de la société civile, pourra se consacrer pleinement
à l'accomplissement de ses missions souveraines. Il retrouvera dès lors
sa force et le politique sa puissance.
Deuxième impasse où s'enferment trop souvent les dirigeants de notre
pays : le juridisme. Certes, l'exercice du pouvoir passe par la promulgation
de lois qui concrétisent juridiquement certaines décisions du gouvernement,
mais le politique ne se réduit pas pour autant à l'élaboration de règles
de droit. Souvent, en effet, aujourd'hui, les ministres estiment avoir
résolu un problème dès lors qu'ils ont fait voter un texte législatif
ou signé un décret. C'est insuffisant, car la difficulté réside généralement
dans l'application de la loi et non dans son élaboration. En matière
d'insécurité, par exemple, rien ne sert de multiplier les textes, l'essentiel
est dans la rigueur avec laquelle on les met en œuvre. Or, à ce jour,
moins la législation est appliquée et plus les actes législatifs se
multiplient. Sans doute cette pratique répond-elle aux nécessités de
la politique du simulacre : si l'essentiel est de faire croire que l'on
agit, l'abondance des textes fera illusion. Qu'importe qu'ils soient
appliqués ou non puisque l'objectif n'est pas d'agir sur le réel ! Source
de complexité et d'opacité, la multiplication des textes ne fait qu'agrandir
le fossé qui sépare aujourd'hui les politiques de la réalité. Devenue
mouvante et incertaine, la norme est de plus en plus contestée, contournée,
au point même de n'être parfois plus appliquée. La loi s'en trouve alors
affectée dans sa légitimité et dans son autorité, et le politique affaibli
et déconsidéré.
Aussi faut-il limiter le nombre des actes législatifs et des textes
réglementaires, mais aussi améliorer la qualité juridique de leur contenu.
Une loi a en effet d'autant plus de poids et de chance de se perpétuer
qu'elle se limite à l'énoncé de principes généraux et immuables. A cet
égard, il convient d'entreprendre une refonte de notre code législatif
permettant de rétablir en chaque matière des normes claires et stables
que chacun puisse comprendre. Il s'agit là d'une entreprise d'envergure
comparable à celle que menèrent en leur temps les légistes de Napoléon.
Une tâche sans doute immense mais devenue aujourd'hui indispensable
car ce n'est qu'avec un droit plus fort et plus resserré que les lois
et les règlements pourront être appliqués avec rigueur et efficacité
et que les gouvernements sauront à nouveau user de leur pouvoir.
Encore convient-il également que le politique échappe à l'emprise de
l'idéologie des droits de l'homme qui le neutralise et le rend inopérant.
Sans doute peut-il sembler paradoxal d'évoquer aujourd'hui les effets
néfastes d'une doctrine alors que chacun célèbre la mort des idéologies.
Pourtant, notre vie politique est soumise de façon insidieuse à un dogme
qui certes ne s'affiche pas comme tel mais présente des caractéristiques
comparables à celles du défunt marxisme. L'idéologie des droits de l'homme
n'est pas, il est vrai, entourée du même formalisme, mais on y décèle
une utopie fondée elle aussi sur une vision déracinée de l'homme. Une
utopie qui se propose de supprimer les différences et de lutter contre
les exclusions, comme naguère le communisme puis le socialisme prétendaient
réduire les inégalités. On recherche aujourd'hui le paradis terrestre
dans un monde sans nations, sans frontières et sans races, de même qu'hier
on pensait le trouver dans la société sans classes. De rouge le paradis
est devenu multicolore. L'ennemi supposé n'est plus le patron ou le
bourgeois mais le raciste et, derrière cette interprétation tendancieuse
des droits de l'homme, c'est le mondialisme que l'on s'efforce de substituer
au marxisme.
Comment ne pas voir que cette nouvelle idéologie qui, pour être molle,
n'en est pas moins active, développe dans notre pays une emprise à caractère
totalitaire ? Avec sa caste sacerdotale et ses gourous, elle lance anathèmes
et excommunications. Pétrifiée, la classe politique française vit aujourd'hui
sous son influence comme elle subissait naguère celle du marxisme. Plus
grave, parce qu'elle est parée des atours les plus humanistes, parce
qu'elle ne porte pas encore la tare d'un goulag, cette doctrine "droit-de-l'hommiste"
impose ses tabous et sa loi avec plus de force que la précédente et
contamine autant la pseudo-droite que la gauche. Cela est si vrai qu'il
est aujourd'hui des questions, comme celle de l'immigration, qu'on ne
peut plus aborder sans encourir les foudres des prêtres de cette nouvelle
pseudo-religion.
Ainsi notre politique intérieure se trouve-t-elle subordonnée aux oukases
de l'idéologie officielle. Les décisions gouvernementales ne sont plus
dictées par la seule volonté populaire, mais doivent être soumises au
préalable au visa sourcilleux des censeurs du dogme. De même, dans le
domaine de la politique extérieure, la promotion des droits de l'homme
se substitue progressivement à la défense des intérêts de la France.
Résultat : le politique est mis sous tutelle et le champ d'action des
gouvernants s'en trouve considérablement réduit. Évoquer le retour des
immigrés, proposer de fermer les frontières à tel ou tel produit, remettre
en cause le fonctionnement de telle ou telle organisation internationale,
voilà qui est désormais impensable. Sacrilège même parce que contraire
à la doctrine des droits de l'homme. Ce n'est pas, comme disent les
Anglo-Saxons, politically correct.
Une idéologie qui contribue ainsi à rendre le politique impuissant doit
être rejetée et il faut donc dénoncer les mécanismes sournois qui ont
conduit à ce détournement des droits fondamentaux de l'homme et du citoyen.
Tels qu'ils sont visés par notre constitution, ces droits représentent
des libertés fondamentales auxquelles nous sommes profondément attachés,
à commencer par celles visées dans l'article deux qui stipule que "les
droits naturels et imprescriptibles de l'homme sont la liberté, la propriété,
la sûreté et la résistance à l'oppression". Mais, s'il est vrai
qu'à ce titre ils expriment des valeurs essentielles qu'il convient
de respecter, ils ne constituent nullement pour autant une doctrine
cosmopolite d'organisation du monde à laquelle le politique devrait
se soumettre.
Ainsi émancipé de l'idéologie des droits de l'homme et libéré de l'économisme
et du juridisme, le gouvernement de notre pays pourra recouvrer et exercer
son vrai pouvoir. Cette aptitude ne sera cependant pleinement rétablie
que le jour où le sens de l'intérêt national et de la souveraineté française
aura lui aussi réapparu.
Il faut en effet rappeler que le propre du politique est en premier
lieu la recherche du bien commun. C'est l'intérêt général de la communauté
dont on a la charge qui, en n'importe quelle circonstance, doit l'emporter
sur toute autre considération. Ainsi, lorsque la situation devient confuse,
c'est en fonction de cet impératif que l'homme politique doit s'orienter
pour trouver la voie à suivre. La boussole à utiliser est celle de l'intérêt
national. Il faut agir, et agir seulement en fonction des avantages
que notre pays peut retirer de cette action.
Aujourd'hui, hélas, cette vérité première paraît oubliée. Le président
de la République, les membres du gouvernement, les parlementaires, s'ils
engagent la politique qui leur semble la meilleure, doivent cependant
garder à l'esprit qu'ils ne disposent pas, comme les despotes, d'un
blanc-seing absolu et que la latitude qui leur est laissée est limitée
par le cadre de la constitution et reste subordonnée à l'obligation
de servir la nation. En d'autres termes, le président de la République,
quels que soient son programme et son étiquette politique, est élu pour
exercer les responsabilités de sa charge. Or celle-ci lui impose de
servir les intérêts de la France et des Français. Ce qui signifie, par
exemple, que nos dirigeants ne sont pas mandatés, ainsi qu'ils semblent
trop souvent le croire, pour assurer l'avènement des droits de l'homme
dans le monde, mais pour favoriser l'essor de notre pays. De même, dans
les négociations au sein de l'Union européenne, le gouvernement français
a le devoir de défendre la cause de notre nation et non de jouer, comme
c'est fréquemment le cas, au meilleur élève de la classe européenne
en bradant les intérêts de nos compatriotes.
Le retour au primat de l'intérêt national, qui replacera le gouvernement
face à son devoir d'action et de résultat en faveur du pays, devra s'accompagner
d'une reconquête de la souveraineté.
Si nos gouvernants donnent aujourd'hui l'impression d'être paralysés,
c'est en effet aussi parce que la France est dessaisie de sa souveraineté.
De plus en plus de décisions naguère prises à Paris par le gouvernement
français sont désormais adoptées à New York dans le cadre de l'Onu,
à Washington au sein de l'Otan, à Genève par les instances du Gatt,
à Bruxelles par la Commission de l'Union européenne, quand ce n'est
pas à Londres, à Francfort ou à Tokyo. Si les mesures gouvernementales
ne sont plus arrêtées en France par des Français pour des Français,
mais en dehors de notre pays dans le cadre d'organisations internationales
où siègent une majorité d'étrangers, la France cesse de décider pour
elle-même et se trouve placée en situation de subir la volonté des autres.
La vie quotidienne est aujourd'hui truffée d'exemples concrets qui illustrent
ce propos. Ainsi, lorsque nos pêcheurs menacés de mort économique par
la concurrence sauvage venue de l'extérieur demandent au gouvernement
de prendre des mesures de protection, celui-ci ne peut que se tourner
vers la Commission de Bruxelles qui répond : niet ! Il ne reste plus
au premier ministre qu'à octroyer quelques subsides aux malheureux pêcheurs
pour adoucir leur agonie. Sur le fond, il est impuissant.
Le retour à la souveraineté est donc une nécessité absolue seule susceptible
de rendre au gouvernement de la France les moyens effectifs d'agir et
de résoudre les problèmes des Français. Il est vrai que les esprits
chagrins jugent cet objectif inaccessible, estimant que nous serions
déjà tellement engagés dans le processus supranational que nous ne pourrions
plus nous en libérer et que, de toute façon, la France isolée serait
condamnée. Ce genre de discours, qui n'est que le fruit des diktats
idéologiques ou des lâchetés politiques, paraît dénué de tout fondement.
Bien au contraire, il est aujourd'hui possible de remettre en cause
les accords du Gatt, de dénoncer ceux de Schengen et de renégocier Maastricht
et les autres traités européens. Lorsque, dans les années soixante,
le général De Gaulle décida, au nom de la France, de quitter l'organisation
militaire intégrée de l'Otan, beaucoup poussèrent alors les hauts cris
: la France allait se trouver isolée, elle n'aurait plus de protection,
elle perdrait son allié américain. La décision fut néanmoins maintenue,
les troupes américaines stationnées sur le sol français évacuèrent le
territoire national et le grand quartier général des forces de l'Otan
en Europe installé près de Saint-Germain-en-Laye alla s'implanter non
loin de Bruxelles. Le ciel ne nous tomba pas sur la tête et aucune des
prévisions catastrophiques ne se réalisa. De la même façon, la France,
par un acte de volonté, peut aujourd'hui revenir sur des engagements
antérieurs et retrouver sa nécessaire et légitime souveraineté. Il y
va du retour du politique.
Certes, une telle entreprise n'est pas possible avec des responsables
politiques craintifs, soumis et dépourvus de force de caractère. Le
retour du politique passe donc aussi par une régénération des élites
publiques. Celles qui nous gouvernent aujourd'hui sont rassies, repliées
sur elles-mêmes, timorées et ne semblent plus préoccupées que par leur
propre maintien. Elles s'auto-reproduisent selon des critères qui privilégient
non pas les qualités de caractère mais celles liées au paraître et au
faire-valoir. Un phénomène qui s'aggrave avec le renouvellement des
générations. En effet, alors que les élites les plus anciennes avaient
été sélectionnées par les épreuves de la guerre, celles qui tiennent
actuellement les rênes du pouvoir ne sont que les bénéficiaires des
coups bas d'appareil et des manœuvres de cour.
Or le politique exige de la trempe et du courage. De toutes les activités
humaines, il est une de celles qui demandent un parfait équilibre entre
les qualités intellectuelles, morales et de caractère. Le plus apte
à réussir est sans doute celui qui a le plus de conviction et de détermination,
celui qui sait prendre le risque de tout perdre pour tout gagner. Et
celui qui ne sait pas franchir le Rubicon ne vaut rien. En ce sens,
le Mouvement national républicain apporte à la France ce qui manque
à la classe politique actuelle : de nouvelles générations formées par
les épreuves. Pour militer au sein du mouvement national, il faut en
effet avoir de solides convictions et être doté d'un caractère trempé,
car il s'agit de prendre des coups, de subir la calomnie et la diabolisation,
sans recevoir en contrepartie honneurs ou postes. Il en est d'ailleurs
beaucoup qui n'ont pas résisté psychologiquement à cette épreuve et
sont restés au bord du chemin. La sélection est rude mais efficace.
Aujourd'hui, le désespoir apparaît donc plus que jamais comme une erreur
absolue. Ce n'est pas en effet notre société qui serait bloquée, comme
le prétendent certains, mais les politiques qui sont devenus impuissants.
Pour sortir la France de l'impasse où elle se trouve, il est donc essentiel
d'œuvrer au retour du politique et au renouvellement de la classe dirigeante.
Sans doute s'agit-il là d'une tâche ardue. Mais ce qui importe, c'est
de savoir que l'avenir n'est pas fermé à notre pays. Contrairement à
ce que les membres de l'établissement affirment et répètent à nos compatriotes,
les remèdes aux maux dont souffre aujourd'hui la France existent et,
pour que le pouvoir soit à nouveau capable d'exercer la puissance, il
suffit de rétablir le politique dans sa plénitude.
Nous ne sommes donc pas enfermés dans un monde clos. En déchirant les
voiles qui masquent la réalité, nous retrouverons les grands espaces
de la vraie vie des nations. Notre navire s'est échoué sur un banc de
sable. A nous de le renflouer pour qu'il retrouve avec le large toute
sa marge de manœuvre. Les Français pourront alors se réveiller avec
le sentiment de la liberté retrouvée. Ils entendront de nouveau dans
le gréement du navire souffler le vent de l'histoire, et dans les profondeurs
de la coque résonner les coups sourds du destin.