Le travail est tout à la fois un impératif social
et une nécessité individuelle. S'il est vrai que,
de nos jours, beaucoup le considèrent comme une
contrainte ou une servitude dont il faudrait chercher
à se libérer le plus possible, personne cependant
ne songe à nier ses effets bénéfiques. Au plan collectif,
le travail reste, malgré les machines et la technologie,
la source première de la richesse et donc de la
prospérité, voire de la puissance nationale. Qu'on
s'en réjouisse ou qu'on le déplore, les pays qui
réussissent le mieux dans la bataille économique
sont aussi ceux qui honorent le plus les vertus
du travail et les valeurs qui s'y rattachent : la
conscience, la rigueur, l'effort, la compétence.
A l'échelle des personnes, le travail se présente
le plus souvent comme une nécessité vitale. Il assure
en effet les revenus et donc la subsistance de chacun,
mais, au-delà de cet aspect trivial, il joue un
rôle psychologique irremplaçable. N'est-ce pas lui
qui donne aux hommes leur place dans la société
? En cette époque matérialiste où les valeurs économiques
l'emportent sur les autres, la reconnaissance sociale
provient essentiellement de l'activité professionnelle,
aussi le travail permet-il aux individus de se sentir
utiles et d'être reconnus par les autres. D'où la
dimension tragique du chômage : celui qui perd son
emploi se voit certes privé des revenus dont il
a besoin pour vivre, mais, plus grave, il se sent
comme dépossédé de sa fonction au service de la
communauté.
Aussi le chômage est-il aujourd'hui l'un des phénomènes
les plus destructeurs de notre société. Ses effets
sont évidemment économiques et sociaux, mais touchent
également au plus profond des équilibres psychologiques
entre l'homme et la nation à laquelle il appartient.
Non seulement il crée des désordres économiques
en diminuant le nombre des personnes productives
par rapport à celles qui ne le sont pas, mais il
provoque une fracture sociale et culturelle en brisant
l'harmonie des rapports entre les personnes et la
société. Ce phénomène funeste, qui ne se réduit
donc pas à une simple réalité statistique et désincarnée,
plonge ceux qu'il frappe dans la souffrance, une
souffrance d'autant plus difficile à supporter qu'elle
reste souvent secrète, comme inavouable.
Aussi, quand le taux de chômage devient très élevé,
l'économie peut certes s'en trouver démantelée,
mais, plus globalement, c'est la société toute entière
qui peut en être disloquée, comme sous le coup d'une
épidémie ravageuse. Or c'est bien cette situation
que la France connaît à ce jour : le chômage a créé
une plaie béante qui paralyse et affaiblit tout
le corps social de notre pays.
Plus de trois millions de personnes pointent régulièrement
dans les agences de l'ANPE. Si l'on ajoute à ce
chiffre les demandeurs d'emploi à durée déterminée
ou saisonniers, les préretraités, les salariés en
formation après licenciement, voire les centaines
de milliers de personnes abandonnées définitivement
par le système, on atteint un seuil beaucoup plus
élevé. Le professeur Maurice Allais, Prix Nobel
d'économie, estime à cinq millions le chiffre du
sous-emploi et certaines études évaluent même à
sept millions le nombre de Français aujourd'hui
sans emploi officiellement déclarés. Il est vrai
qu'un certain nombre d'entre eux "se débrouillent",
et même parfois très bien, grâce par exemple au
travail au noir, avec ou sans allocations. Mais
pour ceux qui s'accommodent tant bien que mal d'une
situation en marge du système, combien sont-ils
à vivre le licenciement comme une humiliation et
une régression matérielle et morale insupportable
? Or le chômage ne concerne pas seulement celui
qui en est directement frappé, il touche aussi ses
proches, ceux qui dépendent de lui et en particulier
sa famille. Au-delà du nombre de chômeurs proprement
dit, ce sont donc sans doute plus de dix millions
de personnes qui sont victimes de ce fléau. Le drame
du chômage prend donc une dimension considérable
que rien jusqu'à présent n'a pu atténuer, les politiques
menées à ce jour s'étant révélées totalement inopérantes.
Les gouvernements successifs, PS naguère ou RPR-UDF
actuellement, n'ont en réalité jamais engagé efficacement
le combat pour l'emploi. Ils se sont contentés d'organiser,
à grands frais et à grand tapage publicitaire, le
traitement social du chômage en distribuant aux
sinistrés suffisamment d'argent pour éviter l'explosion
sociale, tout en s'efforçant de dissimuler le nombre
réel de chômeurs. Ainsi, outre l'indemnisation du
chômage proprement dite, ont-ils inventé la préretraite,
les stages de toute sorte, les TUC, les SIVP ou
les CES, autant de formules qui permettent à la
fois de rémunérer les personnes et de les faire
disparaître des statistiques du chômage. Et le contrat
initiative emploi de M. Juppé ne fait d'ailleurs
pas exception à la règle. Sur le fond, la classe
politique n'a rien entrepris. Par veulerie et impuissance,
elle fait sienne la version selon laquelle la destruction
des emplois existants et l'incapacité de notre économie
à créer suffisamment de postes nouveaux constitueraient
une réalité incontournable qui s'impose aux pays
comme une fatalité. Bref, nos gouvernants ont traité
les effets du chômage mais non les causes, ils ont
donné de l'aspirine au malade pour faire tomber
la fièvre, mais ne lui ont administré aucun antibiotique
apte à combattre l'infection.
Aussi est-il urgent de mener enfin une vraie politique
de l'emploi et de renouveau économique de la nation.
A cet égard, il est possible de rétablir le plein
emploi, à condition, bien sûr, de briser les tabous
qui paralysent actuellement la classe politique.
Si l'on n'ose pas remettre en cause le libre-échangisme
mondial, examiner la question de l'emploi féminin,
résoudre celle de l'immigration, si l'on n'a pas
le courage de s'attaquer au problème de l'Éducation
nationale et du poids excessif de l'État, on ne
jugulera jamais le chômage. En revanche, si l'on
accepte d'aborder toutes ces questions à partir
du seul critère de l'intérêt national, il devient
possible d'offrir dans un délai relativement bref
un emploi à chaque Français. Comment ? En menant
une politique de bon sens qui s'articule selon quatre
axes majeurs.
Il convient d'abord de protéger notre économie de
la concurrence sauvage à laquelle l'a livrée l'ouverture
des frontières car il ne sert à rien de vouloir
créer des emplois nouveaux si, dans le même temps,
on laisse les effets funestes du mondialisme économique
détruire ceux qui existent.
En second lieu, il faut réduire le nombre des demandeurs
d'emploi. Celui-ci est en effet artificiellement
élevé en raison notamment de la forte présence immigrée
sur notre sol. Un allègement de la pression migratoire
diminuera donc le nombre de personnes sur le marché
du travail et provoquera en conséquence une baisse
du chômage.
La troisième priorité consiste à améliorer la formation
de ceux qui postulent un emploi de telle sorte qu'il
y ait meilleure adéquation entre les demandes et
les offres de travail. N'est-il pas en effet absurde
qu'en période de chômage, des employeurs ne puissent
embaucher, faute de trouver des personnes ayant
une formation appropriée ?
Enfin, le quatrième objectif vise à la création
d'emplois nouveaux. Il importe, pour l'atteindre,
de libérer les entreprises des contraintes et des
charges qui les handicapent et les dissuadent de
recruter.
Avant toute chose, il faut s'en prendre au dogme
du libre-échangisme mondial sous l'empire duquel
nous vivons et en dénoncer les funestes conséquences.
L'ouverture des frontières, la suppression des droits
de douane, l'intensification du commerce mondial
et la division internationale du travail ne représentent
pas les conditions sine qua non du progrès et de
la prospérité. Si le mondialisme économique a pu
provoquer une augmentation des richesses dans certains
pays du monde, il n'a pas servi la croissance et
le plein emploi en France et en Europe. Il suffit,
pour s'en convaincre, d'observer l'évolution au
cours des années écoulées. En 1949, au lendemain
de la guerre, la France jouissait d'une protection
douanière dont les droits s'élevaient en moyenne
pondérée à près de 20 p. cent. Progressivement,
avec la ratification du traité de Rome, la mise
en place du tarif douanier commun, la signature
des accords du Gatt négociés dans le cadre du Kennedy
Round, du Tokyo Round et récemment de l'Uruguay
Round, notre économie s'est presque totalement ouverte
aux échanges mondiaux avec un tarif douanier extérieur
commun aux pays de l'Europe communautaire inférieur
à 5 p. cent. Résultat : la croissance a diminué
chaque année, passant de 5 p. cent à moins de 2
p. cent en moyenne, alors que le taux de chômage
ne cessait d'augmenter, partant de 1 p. cent dans
l'immédiat après-guerre pour atteindre aujourd'hui
le chiffre officiel de près de 13 p. cent. La libération
totale et incontrôlée du commerce international
n'a donc pas conduit au plein emploi dans notre
pays. On peut même considérer qu'elle constitue
l'une des causes du chômage. Comment pourrait-il
en être autrement ?
Les coûts de main-d'œuvre et de production sont
beaucoup plus élevés en France que dans nombre de
pays nouvellement industrialisés où il n'existe
pas de lois sociales comparables aux nôtres, où
le niveau de vie est beaucoup plus faible que chez
nous et les préoccupations d'environnement inexistantes.
En conséquence, lorsqu'une chemise coûte 30 F dans
notre pays, son prix de fabrication ne dépasse pas
2 F à Macao. Mettre en concurrence directe l'entreprise
installée en France avec celle de Macao, c'est donc
condamner à mort la firme française qui ne pourra
plus rien vendre et sera acculée à la faillite ou
à la délocalisation. Dans les deux cas, les emplois
sur notre sol seront supprimés. Répété des milliers
de fois, ce mécanisme pervers a déjà conduit à l'effondrement
de pans entiers de notre industrie : la construction
navale, la sidérurgie, la machine-outil, le textile.
Demain, si rien ne change, ce sera peut-être le
tour de l'informatique, de l'électronique grand
public ou de l'automobile.
Conséquence du formidable transfert de richesse
et de puissance économique qui s'effectue de la
France et de l'Europe vers d'autres régions du monde,
la crise dont on nous rebat les oreilles n'a donc
rien de conjoncturel ni de transitoire. Elle résulte
en réalité directement de la mise en application
du libre-échangisme, lequel agit en l'occurrence
comme un système de vases communicants. Ouvrir les
frontières entre deux pays inégalement développés,
c'est comme mettre en communication deux récipients
inégalement remplis de liquide : celui qui est plein
se déverse dans celui qui est vide.
La généralisation de cette concurrence sauvage à
l'échelle de la planète détruit les structures traditionnelles
de notre économie et entraîne d'innombrables effets
particulièrement néfastes. Selon la logique égalisatrice
des vases communicants, non seulement elle crée
le chômage, mais elle exerce une pression à la baisse
sur les salaires et les prestations sociales. Ainsi
le "SMIC jeune", que le gouvernement de
M. Balladur tenta d'instaurer en 1994, ne répondait-il
pas déjà au besoin de réduire le salaire d'embauche
des plus jeunes, afin de limiter les coûts de production
de nos entreprises livrées à une concurrence sans
limite depuis l'ouverture des frontières ? Quant
aux patrons, pour tenter de sauver leurs entreprises
et leur personnel, ils sont de plus en plus souvent
amenés à tenir à leurs employés un discours très
brutal : si vous voulez éviter la faillite, il n'y
a que deux solutions ; ou je mets certains d'entre
vous au chômage, ou tout le monde accepte une réduction
de salaire.
Telle est la logique implacable du libre-échangisme,
logique qui conduit de surcroît à mettre en péril
notre indépendance nationale. Comment, en effet,
la France pourrait-elle demeurer une grande nation
si elle ne produit plus qu'une faible fraction de
ce qu'elle consomme ? Comment pourrait-elle conserver
son autonomie si elle doit dépendre de l'étranger
pour satisfaire ses besoins les plus essentiels,
à commencer par son alimentation ?
Certes, le libre-échangisme présente pour le consommateur
des avantages apparents que les sectateurs de l'ouverture
des frontières ne manquent pas de souligner. N'est-il
pas profitable, nous disent-ils, de pouvoir acheter
son magnétoscope 500 F ou 1000 F moins cher qu'il
ne coûterait s'il était fabriqué en France ? Bien
sûr ! Mais à quoi bon si, dans le même temps, il
faut verser 5 000 F ou 10 000 F de charges sociales
et d'impôts supplémentaires pour indemniser les
chômeurs qui ne réalisent plus les produits désormais
importés ? Et si demain tout est fabriqué à l'extérieur,
avec quels salaires achètera-t-on les biens, même
bon marché, venus de l'étranger ? Sans doute ces
raisonnements sont-ils poussés à l'extrême mais
ils démontrent néanmoins de façon évidente que,
pour le libre-échangisme, les individus ne sont
que des consommateurs, alors que dans la réalité
ils sont aussi des producteurs et des contribuables.
Et s'il est bon qu'ils fassent des économies en
tant que consommateurs, encore faut-il qu'ils ne
voient pas leurs salaires réduits en tant que producteurs
et leurs impôts augmentés au titre de contribuables.
Aussi le libre-échangisme mondial est-il un dangereux
mirage, car les avantages qu'il offre sont fallacieux,
alors que les inconvénients qu'il présente sont
bien réels et particulièrement nocifs.
Pour enrayer ce mécanisme absurde, il faut rétablir
la protection de notre économie. C'est à nos yeux
la première condition à remplir si l'on veut revenir
au plein emploi. Si, en effet, on refuse cette nécessaire
protection, tout ce qui pourra être entrepris pour
lutter contre le chômage s'apparentera au travail
de Sisyphe. Au fur et à mesure que des emplois nouveaux
se créeront, des postes de travail existants disparaîtront.
Un rapport très officiel du sénateur Arthuis prévoyait
en effet qu'au rythme actuel, ce sont près de deux
millions d'emplois qui étaient susceptibles d'être
délocalisés dans les années à venir. Il est donc
urgent de mettre un terme à ce processus désastreux
et, pour ce faire, d'instaurer un nouveau protectionnisme.
Qu'on ne se méprenne cependant pas sur le sens des
mots. La politique qui vise à rétablir les frontières
économiques ne consiste pas à dresser des murailles
destinées à isoler la France du monde extérieur,
car l'objectif n'est pas d'interrompre le commerce
mondial mais de le réguler. Aujourd'hui, en effet,
les échanges internationaux sont soumis à la loi
de la jungle et les entreprises contraintes de se
battre à armes inégales dans le cadre d'une concurrence
sauvage. Le Mouvement national républicain propose
donc, pour assainir la situation, que soient créées
des écluses douanières susceptibles de rétablir
la loyauté dans la compétition économique. Si le
coût de la main-d'œuvre incorporé dans un article
d'importation est nettement inférieur à ce qu'il
représenterait dans un produit fabriqué en France,
pourquoi ne pas prélever une taxe qui compense cette
différence ? Ainsi les productions nationales et
étrangères pourront-elles rivaliser sur notre sol
à armes égales et les deux économies de structures
différentes continuer d'échanger sans se détruire
mutuellement. Tel est le principe de la régulation
commerciale qu'il paraît souhaitable d'instaurer
à nos frontières.
Dans la pratique, ces protections peuvent prendre
des formes juridiques diverses, à définir de façon
pragmatique en fonction des produits et des pays
d'origine : prélèvements, droits de douane, taxes,
contingentements. De même, la frontière où doit
s'appliquer la protection peut être celle de la
France ou celle de l'Union européenne. Pour notre
part, nous pensons que les pays européens dotés
de niveaux de développement très proches les uns
des autres peuvent parfaitement constituer un marché
unique, à condition qu'il soit protégé des autres
grands ensembles économiques internationaux, comme
le propose d'ailleurs M. Maurice Allais.
La caution du Prix Nobel d'économie ne semble cependant
pas suffire aux penseurs officiels de l'établissement
qui voient rouge dès que l'on prononce le mot de
protectionnisme. Faut-il qu'ils aient perdu toute
conscience morale pour considérer comme néfaste
le terme de protection ! N'est-ce pas en effet une
obligation pour un gouvernement d'assurer la protection
du peuple et de la nation qu'il dirige, comme pour
une mère de protéger son enfant ? Quant à la frontière,
sa notion même doit être réhabilitée. Loin d'être
un facteur de guerre ou une cause d'affrontement,
elle constitue au contraire un puissant instrument
de paix et de sécurité. Il n'est de bon voisinage
que de bonnes clôtures, dit l'adage populaire, et
l'histoire nous enseigne que les frontières sûres
et reconnues ont de tout temps favorisé la paix
alors que les territoires aux contours incertains,
contestés ou mouvants connaissaient des guerres
incessantes. La frontière ne correspond d'ailleurs
nullement à l'image de la muraille derrière laquelle
on s'enferme dans la haine de l'étranger. Elle s'apparente
plutôt à une porte, destinée à être ouverte aux
amis et fermée aux importuns. En matière économique,
elle doit fonctionner comme la membrane d'une cellule
vivante : laisser passer ce qui est bénéfique pour
l'organisme, empêcher de pénétrer ce qui lui est
néfaste.
Le nouveau protectionnisme peut donc être instauré
sans aucune réserve ni inquiétude. Pour s'en convaincre,
il n'est que d'observer l'exemple du Japon et des
États-Unis qui n'hésitent pas, pour leur plus grand
profit, à protéger leur marché. Pratiquant chez
eux le protectionnisme, ils prônent sans vergogne
le libre-échangisme chez les autres. Chacun sait
en effet qu'il est pratiquement impossible de pénétrer
le marché intérieur nippon et personne n'a oublié
les mesures de rétorsion douanières appliquées par
les USA aux aciers plats européens, ou encore la
brutalité du discours que le président Clinton tint
devant les ouvriers de Boeing à propos des succès
commerciaux d'Airbus ! N'hésitons pas à emprunter
la voie que suivent déjà les deux grandes puissances
commerciales du monde : elle est la première condition
de la victoire sur le chômage en France.
La seconde mesure à prendre consiste à réduire substantiellement
le nombre des demandeurs d'emploi qui pèsent indûment
sur le marché du travail. Ce surcroît de chômeurs
résulte surtout, à l'évidence, de l'immigration
massive que notre pays subit depuis de nombreuses
années.
Les immigrés chômeurs, dont les effectifs s'élèvent
à près de cinq cent mille, devraient ainsi être
amenés à rentrer chez eux. Il en va de même pour
les immigrés qui occupent actuellement un emploi
et dont le départ pourrait libérer des postes de
travail susceptibles d'être offerts à des chômeurs
français. Ceux des étrangers qui n'ont pas pénétré
clandestinement dans notre pays y sont venus pour
travailler à une époque où régnait le plein emploi.
Aujourd'hui, alors que le chômage s'est massivement
développé, il paraît normal qu'ils rentrent chez
eux tant il est vrai que leur présence en France
ne leur donne pas un droit imprescriptible à y rester
définitivement. La politique de retour des immigrés
dans leur pays d'origine préconisée de façon parfaitement
légitime par le Mouvement national républicain constitue
une condition impérieuse du retour vers le plein
emploi. Croire que tous les immigrés occupent des
postes que les Français refuseraient d'assurer est
une grave erreur : parmi les immigrés travaillant
légalement, un nombre de plus en plus grand exerce
déjà des fonctions de cadre, de médecin ou de technicien
supérieur, de plus, s'agissant des emplois de qualification
inférieure, la situation est si grave que beaucoup
de nos compatriotes les accepteraient volontiers.
Le rapport Milloz, que personne n'a contesté, estime
en effet qu'au vu des chiffres officiels, c'est
environ un million d'emplois actuellement occupés
par des étrangers qui pourraient être aussitôt pourvus
par des chômeurs français.
Une action de cette envergure provoquerait non seulement
une baisse considérable du chômage en France, mais
servirait de surcroît les intérêts des pays d'émigration.
Car, enfin, est-il normal que les immigrés ayant
acquis des connaissances techniques chez nous n'en
fassent pas profiter leur patrie ? Et ne vaut-il
pas mieux qu'ils rentrent chez eux pour aider au
développement de leur nation plutôt que de laisser
la France envoyer là-bas des coopérants accomplir
un travail qu'ils pourraient effectuer eux-mêmes?
Les effets, bénéfiques pour l'emploi, du départ
des immigrés viendraient s'ajouter aux conséquences
heureuses de l'instauration du revenu parental qui
conduirait un nombre important de mères et de pères
de famille à quitter leur activité professionnelle
pour se consacrer à plein temps à leur mission éducatrice.
Une disposition qui pourrait libérer beaucoup d'emplois,
cinq cent mille dans un premier temps, selon nos
estimations. La mise en œuvre de ces deux mesures
permettrait, à elle seule, de réduire considérablement
le taux de chômage. On prend conscience ici de la
supériorité de la politique préconisée par le Mouvement
national républicain sur celle des partis de l'établissement.
Aujourd'hui, en effet, la France se trouve aspirée,
au plan économique, dans une sorte de spirale régressive
: plus le chômage augmente, plus il faut taxer les
entreprises pour l'indemniser. Plus les charges
pèsent sur l'économie, moins celle-ci est compétitive
et plus les licenciements se multiplient. Notre
pays s'enfonce dès lors dans un cercle vicieux que
les gouvernements de l'établissement se montrent
incapables de briser. Avec la politique de réduction
du nombre des demandeurs d'emploi, le Mouvement
national républicain dispose en revanche de l'instrument
qui permettra de trancher le nœud gordien. Plus
les immigrés seront nombreux à rentrer chez eux
et moins il y aura de chômeurs français. Plus le
coût de l'indemnisation du chômage baissera et moins
lourdes seront les charges des entreprises. Plus
celles-ci seront compétitives et plus elles pourront
produire, vendre et donc embaucher. Un cercle vertueux,
créateur de travail, viendra ainsi se substituer
aux mécanismes funestes qui détruisent notre économie.
Encore conviendra-t-il de renforcer ces effets bénéfiques
par une réforme profonde du système de formation.
L'Éducation nationale est en effet si peu efficace
qu'en pleine période de chômage, beaucoup de chefs
d'entreprise éprouvent des difficultés à embaucher
par manque de personnes qualifiées. Facteur d'aggravation
du chômage, cette inadéquation entre les offres
et les demandes d'emploi doit donc être corrigée
par une grande réforme de la formation. Ayant déjà
évoqué les axes qui devraient déterminer une politique
de renouveau de l'Éducation nationale, nous nous
contenterons ici de souligner la nécessité de revaloriser
de façon spectaculaire les métiers manuels.
Depuis déjà quelques décennies, le ministère de
la rue de Grenelle et, dans son sillage, la société
française n'ont que mépris pour les métiers manuels
dont ils semblent méconnaître l'éthique et la culture
qui s'y rattachent. Aussi voulons-nous rendre aux
métiers manuels leur juste place dans la hiérarchie
des valeurs collectives et leur offrir la possibilité
de sécréter et de faire connaître aussi bien leurs
élites que le caractère aristocratique de leur vocation.
Pourquoi, dans cette perspective, ne pas créer une
académie des métiers comme il existe une Académie
des Sciences morales et politiques ? Le prestige
qui en résulterait rejaillirait sur l'ensemble des
professions concernées. Par ailleurs, il conviendrait
de donner un rôle plus important aux organismes
professionnels chargés de la protection, de l'organisation
et de la déontologie des métiers. L'enseignement
professionnel devrait, quant à lui, être piloté
davantage par les organismes représentatifs des
métiers et s'inscrire lui aussi dans une perspective
élitiste visant, notamment par la mise en concurrence
des établissements, à l'excellence et à la promotion
des meilleurs. Quant à l'apprentissage, il ne peut
plus rester, avec ses deux cent mille jeunes gens
en formation, le parent pauvre de l'Éducation nationale.
Il doit devenir un enseignement à part entière,
comme en Allemagne où l'on compte deux millions
d'apprentis, et constituer une priorité pour le
monde économique. Cet effort considérable en faveur
des métiers manuels, de l'apprentissage et de la
formation professionnelle, permettrait d'améliorer
assez rapidement l'adéquation entre l'offre et la
demande d'emploi et contribuerait donc à la réduction
du chômage, surtout parmi les plus jeunes de nos
compatriotes.
Ce préalable étant acquis, la protection de notre
économie assurée et la réduction du nombre de demandeurs
d'emploi engagée, la bataille contre le chômage
passe par la relance de l'activité et donc par la
création d'emplois nouveaux. Pour atteindre cet
objectif, il convient de faire reculer l'étatisme
et le fiscalisme qui entravent les entreprises.
La situation actuelle n'est-elle pas en effet totalement
absurde ? Alors qu'on place les acteurs économiques
face à une concurrence sauvage, on les accable de
charges, de taxes et de règlements. Autant demander
à un mulet écrasé sous le bât de faire la course
comme un pur-sang.
Le poids des charges publiques sur l'économie est
chez nous nettement plus élevé que chez nos voisins.
Ainsi, en se limitant aux seuls prélèvements obligatoires,
on constate que les ponctions publiques représentaient
en moyenne sur les quatre premières années de la
décennie 44 p. cent du PIB alors que ce chiffre
ne dépassait pas 38 p. cent en Allemagne. La France
est donc pénalisée d'au moins six points par rapport
à son concurrent direct. Pire, la structure même
de ces charges constitue un handicap supplémentaire
puisque, dans notre pays, c'est aux entreprises
que l'État impose le plus gros effort. Elles subissent
en effet, en moyenne, une ponction de 24 p. cent
du PIB contre 17 p. cent pour les firmes allemandes.
Soit un écart de sept points. En francs, ce handicap
se traduit pour nos entreprises par une charge de
plus de cinq cents milliards, presque l'équivalent
de l'épargne brute des sociétés. Avec de telles
contraintes, il est miraculeux que l'économie et
l'industrie françaises n'aient pas complètement
disparu.
Pour alléger la charge qui pèse sur les entreprises,
il est donc essentiel de diminuer les dépenses collectives,
non pas en rognant à la marge comme tous les gouvernements
prétendent le faire depuis des décennies, mais en
réalisant de véritables coupes claires. A cet égard,
il paraît nécessaire de viser comme objectif une
réduction d'au moins trois cents et si possible
de cinq cents milliards de francs dans les dix années
à venir. Est-ce irréalisable ? Nous ne le pensons
pas, car, en réalité, une telle diminution ramènerait
les dépenses publiques au niveau qui était le leur
dans un passé proche. Est-ce à dire que ce qui a
été fait dans un sens ne pourrait être accompli
dans l'autre ?
Au demeurant, de quoi s'agit-il ? Chaque année,
le budget de l'État consacre des sommes considérables
au financement, ou plutôt au renflouement, d'entreprises
publiques telles que la SNCF ou Air France, ainsi
qu'au versement de subventions de plus en plus nombreuses
à une foule d'organismes et d'associations généralement
dépourvus d'utilité réelle. Autant de crédits qui
peuvent donc être considérablement réduits. De même,
le fonctionnement général de l'administration doit
pouvoir faire l'objet d'importantes économies. Ainsi,
en 1989, celui du ministère de l'Économie et des
Finances a coûté à lui seul plus cher au contribuable
que les forces nucléaires stratégiques. Au ministère
de l'Éducation nationale, le nombre des fonctionnaires
administratifs n'a cessé d'augmenter par rapport
à celui des enseignants. Cette inflation bureaucratique
s'est-elle traduite par une amélioration de la qualité
de l'enseignement? Certainement pas et, là encore,
des réductions de crédit sont à opérer. D'autant
qu'avec la décentralisation, de nouveaux services
ont été créés par les collectivités territoriales,
sans que les administrations centrales qui ont été
dessaisies aient réduit à due proportion leurs dépenses.
Par ailleurs, les engagements financiers contractés
par notre pays auprès des organisations internationales
comme l'Union européenne ne cessent de croître pour
atteindre aujourd'hui des montants considérables
: ils devraient être réduits à l'occasion de la
renégociation des traités européens qu'il faudrait
provoquer pour substituer l'Europe des nations à
l'Europe de Maastricht.
Du côté de la protection sociale, il est possible
de réaliser des économies sans toucher aux prestations.
Les coûts de gestion de la Sécurité sociale, qui
représentent une proportion excessive du budget
total, doivent pouvoir être abaissés. Mais, surtout,
la création de caisses séparées pour les immigrés,
couplée avec la préférence nationale, peut entraîner
une réduction importante des dépenses. Le retour
des immigrés dans leur pays d'origine permettra
d'ailleurs de faire de notables économies car le
poids financier du chômage et des prestations sociales
qui sont actuellement versées aux étrangers s'en
trouvera sensiblement allégé.
Cette réduction massive des dépenses publiques permettra
donc de diminuer d'autant le poids des prélèvements.
Encore faut-il que la production, le travail et
l'investissement puissent bénéficier des économies
ainsi réalisées. Tel est en effet le deuxième impératif
de notre politique économique, lequel implique une
refonte complète de la doctrine en matière de prélèvements
publics. Alors que ceux-ci portent aujourd'hui principalement
sur le travail, ils devront demain taxer plutôt
la consommation.
Les charges fiscales et sociales constituent pour
le travail un lourd handicap. Dans l'entreprise,
en effet, les cotisations sociales et la taxe professionnelle
sont assises principalement sur la masse salariale
et, à l'échelle des personnes, c'est encore la rémunération
du travail qui est frappée par l'intermédiaire de
l'impôt sur le revenu. Il s'agit là d'une situation
malsaine car, à l'heure où le travail est devenu
rare et fragile, il paraît peu judicieux de le pénaliser,
d'autant que son coût désavantage nos entreprises
dans le jeu de la concurrence internationale et
qu'il est donc contreproductif de l'alourdir encore.
Sur le plan fiscal, il se révèle tout aussi absurde
d'asseoir les impôts et les charges sur les seuls
actifs puisque ceux-ci, de moins en moins nombreux,
constituent une base qui va en se rétrécissant.
Notre système de prélèvement fiscal et social doit
donc être réformé de telle sorte qu'il épargne le
travail pour frapper plutôt la consommation et la
spéculation. Une telle orientation est bénéfique
à plus d'un titre. Les impôts sur la consommation
rétablissent en effet une certaine justice puisqu'ils
concernent tous les citoyens, y compris ceux qui
fraudent ou qui spéculent. En revanche, ils ne touchent
pas l'épargne, qui doit être encouragée et ne pénalisent
pas non plus les fabrications françaises, les produits
d'importation étant également taxés.
Dans le cadre de cette politique de redéploiement
fiscal, il conviendra de transférer la charge des
cotisations familiales actuellement payées par les
entreprises sur le budget de l'État. Dans le même
esprit, la taxe professionnelle devra être abrogée
et l'impôt sur le revenu progressivement supprimé.
Ces réductions de ressources fiscales seront gagées
par les économies réalisées sur les dépenses publiques
mais elles pourront aussi être compensées par le
rétablissement des droits de douane et surtout par
un alourdissement de la fiscalité sur la consommation.
La TVA pourra encore être augmentée de quelques
points sans bouleverser les grands équilibres, à
condition bien sûr de procéder par étapes.
Ces mesures d'allégement fiscal sur le travail seront
d'autant plus efficaces dans la lutte contre le
chômage qu'elles seront appliquées prioritairement
en faveur des artisans, des commerçants, des petites
et moyennes entreprises. Or, si les grandes sociétés
emploient encore souvent un personnel en surnombre,
les PME, quant à elles, sont généralement en sous-effectif.
Elles sont de plus très nombreuses et il suffirait
que leurs charges soient réellement allégées pour
qu'elles embauchent, ce qui entraînerait aussitôt
la création d'emplois par centaines de milliers.
Protection de notre économie, réduction du nombre
des demandeurs d'emploi, réformes de la formation,
allégement massif des charges pesant sur les entreprises,
les solutions pour résoudre le problème du chômage
existent. Il suffit, pour les mettre en œuvre, de
sortir de l'enclos des conformismes et de rompre
avec les dogmes et le fatalisme.