L'harmonie est l'une des qualités propres à notre
civilisation. De tout temps notre nation a trouvé
ses formes d'expression les plus achevées dans l'équilibre
et la mesure, dans cette aptitude toute particulière
à marier en un même élan des éléments apparemment
opposés : la force et la douceur, la nature et la
cité, le beau et l'utile, le communautaire et le
personnel. Douce France, disait-on dès la Renaissance,
et pourtant grande et forte France fermement affirmée
au fil des siècles. N'est-ce pas d'ailleurs ce qui
émane de l'héritage que nous ont légué nos ancêtres
? Les châteaux si harmonieux du bord de Loire, les
villages baignés de soleil des coteaux de Provence,
les monuments majestueux de Paris, les lignes élancées
des cathédrales de Champagne, les bocages tant travaillés
de Normandie, les côtes déchiquetées de Bretagne,
les forêts profondes de Picardie, toutes ces richesses
naturelles et architecturales sont là pour témoigner
que l'harmonie est une qualité permanente de notre
patrimoine et de notre territoire. Aussi celle-ci
doit-elle être cultivée comme un don divin non seulement
dans le domaine des valeurs, de la morale et du
spirituel, mais également dans les réalités tangibles
de la nature, des campagnes et des villes.
Or, aujourd'hui, l'harmonie est brisée. Maîtrisant
mal le pouvoir que leur donnent la science et la
technique, les gouvernements de notre pays, gagnés
par la démesure et les effets destructeurs de la
société matérialiste, ont rompu l'équilibre de notre
territoire et de notre environnement. Les villes
se sont enlaidies en sécrétant, comme un tissu cancéreux
multiplie les cellules monstrueuses, des quartiers
informes et déracinés où le mal vivre est endémique.
Quant aux campagnes, elles se vident de leurs habitants
et les terres retournent à la jachère comme après
une dramatique épidémie. Fleuves et rivages ont
perdu leur pureté, l'air que nous respirons s'est
chargé de souillures, la nature a été mutilée par
le béton ou les produits chimiques. Les hommes en
ont été atteints dans leur santé et même dans leur
équilibre psychique. Voilà pourquoi le retour de
l'harmonie dans la nature, les campagnes et les
villes, est devenu un objectif politique de première
importance à nos yeux.
D'autres parleraient d'écologie. Pourquoi pas ?
L'écologie s'intéresse à la sauvegarde du milieu
naturel propre à l'épanouissement de la flore, de
la faune et de l'espèce humaine. Il s'agit là d'un
impératif de conservation de notre patrimoine naturel
essentiel au retour de l'harmonie et donc parfaitement
conforme à la philosophie politique qui nous anime.
Cet impératif écologique s'inscrit d'ailleurs pleinement
dans le combat du Mouvement national républicain
pour la défense de notre identité car cette dernière
ne fait qu'un tout. Elle constitue un patrimoine
ethnique, culturel, mais aussi naturel. Il nous
faut donc être attachés à la préservation de la
nature et de notre territoire comme à la défense
des valeurs de notre civilisation ou de notre peuple.
Cette disposition se révèle d'autant plus nécessaire
que l'homme n'est pas un être abstrait. Doué d'une
réalité charnelle et temporelle, il est enraciné
dans un sol et n'existe qu'au sein de la nature
dont on ne peut le séparer. A toutes les époques,
il a cherché à dominer cette dernière, à l'exploiter
et à la façonner. Depuis la chasse et la cueillette
de la préhistoire, en passant par les grands déboisements
du Moyen Age, jusqu'aux percées autoroutières d'aujourd'hui,
l'homme a toujours voulu soumettre la nature. Et,
en agissant ainsi, il est dans son rôle s'il assume
les devoirs que lui confèrent ses droits : l'homme
peut soumettre la nature à condition de la protéger.
Le retour à l'harmonie implique donc que, dans ce
domaine également, le nécessaire et légitime impératif
de protection soit remis à l'honneur. Pour ce faire,
l'homme doit renouer avec les lois fondamentales
de la nature, comprendre que celle-ci comporte également
une part de sacré et qu'à ce titre il doit la respecter.
Aussi a-t-il le devoir de veiller à la sauvegarde
de la nature et d'entreprendre de réparer tous les
dommages qu'il lui a causés au cours des dernières
décennies. Les techniques pour y parvenir sont connues
et doivent donc être mises en œuvre à grande échelle.
Certaines d'entre elles, qui font appel aux connaissances
scientifiques les plus avancées, devront être encouragées
car le respect de la nature n'implique pas, comme
le voudraient certains, le retour au passé, la réintroduction
du char à bœufs ou la remise en service des moulins
à vent. Nous croyons au contraire que la science
et la technique, loin d'être des ennemis de la nature,
peuvent la servir. C'est seulement leur utilisation
perverse qui a porté atteinte à l'harmonie de notre
environnement, mais, employées à bon escient, elles
permettent à l'homme de maîtriser les pollutions
de toutes sortes et contribuent au rétablissement
des nécessaires équilibres écologiques.
C'est à cette tâche qu'il conviendra de se consacrer
avec beaucoup plus d'ardeur qu'aujourd'hui pour
réduire massivement les pollutions de l'air et de
l'eau, faire disparaître les déchets, limiter le
bruit et les atteintes aux sites naturels. Notons
cependant qu'un tel effort représente un coût important
qui doit être financé notamment par les industriels.
Or cette contribution n'est possible pour eux que
dans le cadre du nouveau protectionnisme, faute
de quoi la cimenterie installée sur la rive sud
de la Méditerranée, qui pollue de ses poussières
corrosives tout son environnement, sera toujours
plus compétitive que telle autre parfaitement propre
implantée près de Marseille. L'impératif écologique
exige la protection économique. Ainsi domestiquées,
les sciences, les techniques et l'économie pourront-elles
œuvrer à reconstituer les équilibres naturels.
Mais l'écologie au sens strict ne peut suffire à
rétablir l'harmonie dans notre pays. Déjà, au sein
des campagnes, pourtant par définition proches de
la nature, d'autres moyens sont à mobiliser pour
conjurer les effets funestes des programmes agricoles
conduits depuis plusieurs années par l'Europe bruxelloise.
Au nom d'une agriculture intensive jugée plus rentable,
les technocrates ont poussé au remembrement, à l'utilisation
massive d'engrais minéraux et de pesticides, provoquant
ainsi la ruine des sols. Sous couvert de productivité,
ils ont, dans le même temps, organisé un nouvel
et massif exode rural qui est en train de vider
nos campagnes et de retirer la vie de nos villages.
Le phénomène est spectaculaire : au cours des dix
dernières années, la population agricole française
est passée de quatre à trois millions de personnes,
ce qui représente cinq cent mille emplois perdus.
Dans les villages, les commerces disparaissent,
les services publics sont déplacés et, lorsque les
vieux meurent, les maisons sont fermées définitivement.
Dans les champs, les jachères sont encouragées et
les exploitations cessent leur activité les unes
après les autres : soixante mille de moins en deux
ans.
Cette politique de mort menée dans les campagnes
est intolérable. Car le monde rural assure trois
fonctions essentielles.
La première consiste évidemment à produire ce dont
nous avons besoin pour notre subsistance. Or, aujourd'hui,
en raison du Gatt et de la Politique agricole commune,
l'agriculture française doit réduire ses productions
alors même que les importations agricoles, notamment
en provenance des États-Unis, augmentent. Situation
à la fois absurde et insupportable : comment, en
effet, une grande nation comme la France peut-elle
accepter de se mettre en état de dépendance pour
des denrées aussi essentielles que l'alimentation
de sa population ? Il apparaît vital que l'agriculture
française soit à nouveau en mesure d'assurer l'autosuffisance
alimentaire de notre pays.
La seconde fonction du monde rural est liée au maintien
des terroirs car, ne nous leurrons pas, la nature
sauvage n'existe plus en France depuis des siècles.
Tous nos paysages ont été façonnés au fil des générations
par la sueur et parfois le sang de nos paysans.
Qui, se promenant dans nos campagnes, n'a pas été
frappé de constater que la moindre parcelle de terroir
est le fruit du travail des hommes, au point que
chaque coteau, chaque vallon, porte un nom qui remonte
à la nuit des temps ? Et l'on voudrait que nos paysans
rompent avec cette tradition et mettent un terme
à cette occupation multimillénaire de notre sol
! Ce serait là une régression inconcevable. Les
paysans sont les gardiens de nos terroirs, les jardiniers
de nos paysages et ils doivent le rester.
Quant à la troisième fonction, elle révèle encore
plus importante car elle touche, à travers l'harmonie
du territoire, à l'équilibre psychologique de notre
peuple. Il serait en effet absurde que chez nous
toute la vie se concentre dans les villes, surtout
lorsqu'on connaît les problèmes qui s'y développent.
Notre nation a besoin de l'équilibre que lui procure
le monde paysan, porteur de valeurs indipensables
à l'harmonie mentale et spirituelle de nos concitoyens.
Chaque peuple aspire à être enraciné dans un territoire
et, en France, nous le sommes collectivement par
le truchement du monde rural implanté dans nos terroirs.
Et si ce lien entre le peuple et son sol venait
à se rompre, notre patrie risquerait de s'étioler
comme un arbre dont on a coupé les racines. Aussi
est-il nécessaire de maintenir la vie dans les campagnes
et même de l'y développer.
Une politique d'envergure est donc à mener pour
lutter contre la désertification rurale. A cet égard,
on peut certes favoriser systématiquement la création
d'activités dans les villages. En outre, il est
probable que l'essor des techniques de communication
les plus modernes rendra possible le déplacement
à la campagne de nombreux emplois. Mais l'essentiel
n'est pas là, car le dépérissement des zones rurales
résulte de la mort de l'agriculture et, en l'état
actuel des choses, la vie ne renaîtra pas dans les
campagnes si l'on ne sauve pas l'activité agricole
coûte que coûte.
Pour y parvenir, il faut commencer par mettre en
cause la Politique agricole commune de Bruxelles.
Aujourd'hui, en effet, la Commission européenne
cherche à aligner les prix des denrées agricoles
sur les cours des marchés mondiaux et, quand on
sait que ceux-ci sont fluctuants car manipulés par
les spéculateurs et qu'ils s'établissent toujours
en dessous des prix de revient de notre agriculture,
on comprend pourquoi les choses vont si mal. Si
nos paysans doivent vendre leurs produits moins
cher qu'ils ne leur coûtent, comment leurs exploitations
ne péricliteraient-elles pas ? La première mesure
à prendre consiste donc à rétablir les frontières
pour les produits agricoles, de façon à protéger
notre marché et à y garantir un niveau de prix permettant
à nos agriculteurs de vivre décemment du fruit de
leur travail comme c'est déjà le cas en Suisse et
en Norvège. De plus, grâce à la préférence nationale
et communautaire qui mettra un terme aux importations
sauvages, nos agriculteurs retrouveront de larges
débouchés intérieurs susceptibles d'assurer l'écoulement
de la surproduction et le maintien de notre autosuffisance
alimentaire.
Enfin, c'est le principe même du système agricole
français qu'il faut modifier si l'on veut privilégier
partout la qualité par rapport à la quantité. Cet
impératif s'impose d'abord pour des raisons écologiques
et de santé publique. Lorsque l'on maltraite la
nature, elle se venge. Lorsque l'on transforme les
vaches herbivores en animaux carnivores, elles deviennent
folles et contaminent les hommes. L'augmentation
artificielle des rendements porte atteinte à la
qualité sanitaire des produits qui, pour certains,
finissent par devenir dangereux pour la consommation.
N'est-ce pas le cas par exemple de la fabrication
du lait ou de la viande massivement stimulée aux
hormones ? Mais l'avantage de la qualité sur la
quantité est aussi d'ordre économique. A quoi sert-il
en effet de produire à grands coups d'engrais cent
quintaux à l'hectare, si le blé ainsi récolté n'est
pas panifiable et ne peut être vendu qu'à vil prix
? A l'inverse, une production de qualité, même en
quantité limitée, est d'un meilleur rapport financier
pour l'exploitant car elle permet de réduire, par
exemple, la consommation intermédiaire d'engrais
et de pesticides, à la fois coûteuse et polluante,
et, dans le même temps, de vendre la récolte à un
meilleur prix, les denrées de qualité se vendant
plus cher. Il convient donc, à l'abri de nos frontières,
d'encourager le développement d'une agriculture
douce qui privilégie la qualité et qui, ce faisant,
limite la production et améliore les revenus des
agriculteurs. Tels sont, selon nous, les moyens
à mettre en œuvre pour sauver l'activité agricole
en France tout en sauvegardant le monde paysan et
en rétablissant l'harmonie dans nos campagnes.
Il convient par ailleurs de rechercher dans les
villes aussi une meilleure harmonie pour nos compatriotes
car les agglomérations, et surtout les grandes métropoles,
n'offrent plus la qualité de vie que leurs habitants
sont en droit d'en attendre. Aux difficultés liées
aux transports, au bruit, à la pollution, s'ajoutent
les effets du déracinement propre à l'immigration,
de la peur engendrée par l'insécurité et de la déprime
que favorise un urbanisme laid et déshumanisé. Autant
de mécanismes funestes qui ne relèvent cependant
pas de la fatalité et peuvent être inversés par
une action volontaire des pouvoirs publics. A cet
égard, il convient d'abord, dans le cadre d'une
politique efficace d'aménagement du territoire,
de stopper le développement des mégapoles pour favoriser
celui des villes moyennes, petites collectivités
qui, étant davantage à l'échelle de l'homme, peuvent
lui offrir les conditions d'une vie plus équilibrée
et plus harmonieuse.
Dans les grandes villes, ce sont essentiellement
les banlieues et les cités dites sensibles qui créent
les plus graves difficultés, aussi est-ce à ce niveau,
c'est-à-dire à la racine, que les problèmes doivent
être abordés. La réalité est simple : les banlieues
connaissent une crise majeure parce qu'elles sont
peuplées en majorité d'immigrés et que s'y développent
donc tous les maux liés à l'immigration, le déracinement
culturel, le chômage, la délinquance, la drogue
et la violence ethnique. Or, que fait l'établissement
politicien face à cette situation particulièrement
inquiétante ? Adepte de la technique de l'autruche
qui consiste à se mettre la tête dans le sable pour
ne pas voir la réalité, il prône la politique dite
"de la ville", politique purement matérialiste
qui consiste à réhabiliter à grands frais des immeubles
qui sont à nouveau dégradés avant même la fin des
travaux, à multiplier les stages, les activités
sportives, éducatives et ludiques pour les jeunes
désœuvrés qui retournent à la délinquance passé
le seuil de la maison de quartier. Il encourage
la création de commerces ou de lignes d'autobus
qui sont pillés ou rackettés dès leur ouverture.
Et, pour couronner le tout, il demande aux policiers
de cesser d'être répressifs et de rechercher l'amitié
et l'estime des jeunes loubards. Ignorant délibérément
les données objectives du drame des banlieues, traitant
les effets et non les causes, l'établissement ne
parvient évidemment pas à résoudre le problème.
Tout au plus évite-t-on, avec la complicité tacite
des dealers et des imams, une explosion de violence
généralisée. Car, pour le reste, les choses s'aggravent
sans cesse et ces quartiers basculent dans la barbarie.
La politique que nous préconisons est d'une toute
autre nature. Elle vise d'abord au retour des immigrés
dans leur pays d'origine et donc à la diminution
progressive du nombre des étrangers, et en particulier
des clandestins, dans les cités. Un tel processus
permettant de traiter le problème à sa racine, ces
banlieues pourront dès lors être progressivement
reconquises par la civilisation. Moins les immigrés
seront nombreux, plus la politique de dévolution
des logements HLM à leurs occupants français pourra
prendre de l'ampleur. Ainsi ces quartiers changeront
d'allure car les Français qui y seront devenus propriétaires
veilleront au respect des immeubles et des espaces
verts. La population se stabilisera, s'enracinera
et une véritable vie de quartier s'instaurera peu
à peu ; dans le même temps, les cités pourront être
réinsérées dans la ville. En effet, une fois la
sérénité et la sécurité revenues, activités et commerces
réapparaîtront et des opérations architecturales
d'embellissement y seront menées pendant que les
immeubles les plus laids seront démolis.
Nous sommes à cet égard partisans de promouvoir
une architecture douce et enracinée en rupture avec
la pratique des années écoulées. Conçues selon les
préceptes fous de la charte d'Athènes, les constructions
réalisées dans les décennies qui ont suivi la guerre
ont gravement attenté à la beauté de nos villes.
Ce n'est pas pour rien que Salvador Dali dénommait
cette architecture brutaliste l'"architecture
d'autopunition". Par la ségrégation des activités,
la suppression des rues, des places et des façades,
par le choix de formes géométriques infantiles et
par l'échelle des bâtiments en rupture avec les
quartiers traditionnels, M. le Corbusier et ses
collègues apprentis sorciers ont brisé l'harmonie
de nos cités que des siècles avaient pourtant réussi
à créer et à conserver. Il faut donc bannir cet
urbanisme fou fondé sur la conception de la "dictature
de l'angle droit" et lui substituer, comme
le font déjà certains hommes de l'art, une architecture
douce qui, par le choix des formes, des couleurs
et des volumes, respecte la dimension de l'homme
et les contraintes de l'environnement. Une architecture
qui soit résolument contemporaine car notre époque
doit elle aussi développer son propre style, un
style qu'à l'instar de nos ancêtres, elle doit pouvoir
imbriquer dans des constructions anciennes.
De façon plus générale, la beauté ne nous paraît
pas relever du superflu mais correspondre au contraire
à une nécessité d'ordre vital, indispensable à l'œuvre
civilisatrice à laquelle nous devons nous consacrer.
Renouant avec la tradition, notre civilisation doit
redevenir bâtisseuse et multiplier les constructions
nouvelles ayant un effet d'embellissement. Il ne
faut pas craindre d'édifier des monuments : même
s'ils ne sont pas utiles au sens économique du terme,
leur existence se révèle indispensable à la beauté
et à l'équilibre de nos cités.
Telle est, nous semble-t-il, la politique à mener
pour rétablir l'harmonie dans nos villes et nos
campagnes. Comme toutes les autres actions à entreprendre,
elle vise à faire reculer la barbarie et progresser
la civilisation.