La
France à l'endroit
Sommaire :
Introduction
: Le courage de dire non
Chapitre
1: Le monde à l'envers
Chapitre
2: En démocratie surveillée
Chapitre
3: Le rassemblement national
Chapitre
4: L'impératif du renouveau
Chapitre
5: La remise en ordre
Chapitre
6: L'avenir est ouvert
Conclusion : Le temps du
réveil
Chapitre 2
En démocratie surveillée
Loin d'être le fruit
de la fatalité, le désordre qui règne
dans notre pays va en réalité de pair avec
le discrédit du politique et la perte d'autorité
qui affecte l'État et le gouvernement. En sapant
les cadres et les hiérarchies qui ordonnaient notre
société et notre civilisation, les socialo-communistes
ont laissé les forces illégitimes de la
société civile et de la communauté
internationale imposer à notre peuple une pensée
unique aussi destructrice que totalitaire. Et c'est parce
qu'il n'y a plus de réel pouvoir légitime
et protecteur capable de garantir notre système
de valeurs que le chaos gagne aujourd'hui la société
française.
Il est vrai que nos compatriotes ne saisissent pas encore
clairement cette réalité et que la plupart
d'entre eux subissent ce désordre comme un mal
secret qui se développerait inéluctablement
sans qu'on puisse y porter remède. Pourtant, il
n'est en rien la conséquence imprévisible
et imparable du cours des choses. Il ne résulte
pas, comme on essaie de nous le faire croire, d'une évolution
naturelle du monde. Pas plus qu'il n'est un effet de la
modernité à laquelle nous devrions nous
adapter.
Non, ce désordre a une cause principale, importante,
déterminante et parfaitement identifiée.
Certes, tous les dérèglements que connaît
la France ont des origines précises et souvent
diverses. Mais l'unique raison pour laquelle ces troubles
ne sont pas maîtrisés réside dans
le fait qu'il n'y a plus en France de véritable
autorité. Il n'y a plus de pouvoir politique réel
et légitime qui soit capable d'exprimer la volonté
populaire, d'incarner l'intérêt général,
de défendre et de protéger la nation.
Pour moi, la politique, la vraie, consiste à servir
le peuple dont on a la charge et donc à agir en
son nom et dans son intérêt pour lui façonner
un avenir conforme à sa volonté. Empêcher
les évolutions néfastes, favoriser les initiatives
bénéfiques, imposer ce qui est nécessaire
et interdire ce qui est suicidaire, voilà la mission
des dirigeants d'un pays. Or, je le constate quotidiennement,
les politiciens d'aujourd'hui ne dirigent plus rien, ils
ne pèsent plus sur les événements,
ils veulent ce qui leur est imposé et se résignent
à ce qu'ils ne peuvent empêcher. Et, histoire
de donner le change, ils gesticulent devant les caméras,
gèrent leur communication et multiplient les initiatives
symboliques. Pendant ce temps, notre pays est abandonné
aux forces centripètes qui le désagrègent.
Le vrai pouvoir bascule en effet dans d'autres mains.
Des mains dépourvues de toute légitimité
puisqu'elles ne détiennent aucun mandat du peuple
français. Tel est le cas des organisations mondialistes
comme la Commission de Bruxelles, des puissances étrangères
comme les États-Unis, des marchés mondiaux,
de l'administration, des lobbies et des médias
qui agissent certes chacun de leur côté mais
avec une vision commune qui constitue peu ou prou ce qu'on
peut appeler la pensée unique.
Construite autour de l'idée que la mondialisation
est par nature bénéfique et doit donc être
poussée dans sa logique la plus extrême,
cette pseudo-pensée véhicule en réalité
une idéologie mondialiste qui prône le mélange
planétaire et vise à la disparition des
frontières, des nations, des races et des religions.
Il s'agit par ailleurs d'une "pensée"
de nature matérialiste et libertaire. Ainsi, aux
yeux de ses sectateurs, seule compte l'économie
et tout doit être subordonné au développement
des marchés. Car, pour le reste, aucun système
de valeurs ne doit prévaloir et tout est permis
dès lors que l'on respecte les "droits de
l'homme". En France, cette idéologie politiquement
correcte est de surcroît mâtinée d'étatisme
et de socialisme et s'impose à tous avec une force
quasi totalitaire.
C'est elle qui irrigue et fédère l'ensemble
des contre-pouvoirs et leur permet, malgré leur
diversité, de se constituer en une sorte d'oligarchie
plus ou moins cohérente qui finit par se substituer
au pouvoir légitime. Résultat : nos institutions
se trouvent court-circuitées et la politique au
sens noble du terme perd tous ses droits et déserte
la société française.
Certes, la politique politicienne occupe encore un peu
de place dans l'actualité et dans les médias,
mais il ne s'agit plus que d'un théâtre d'ombres
déconnectées des réalités.
Le peuple, notre peuple, perd ainsi le pouvoir - que lui
garantit pourtant la constitution - de décider
lui-même de son sort. Il n'est plus en mesure d'exiger
que les difficultés auxquelles il est confronté
soient effectivement résolues. Il ne peut plus
que subir un système qui n'est pas conçu
pour le servir ni pour maintenir l'harmonie de notre nation.
Et le désordre qui en résulte progressivement
me rend très inquiet pour l'avenir de la France.
Ce mécanisme délétère se développe
en effet dans tous les rouages de la société
française et plus particulièrement au sein
de nos institutions. Ainsi, la république qui,
de tout temps, soumettait le pouvoir au peuple se trouve
aujourd'hui implicitement contestée et souterrainement
sapée par les tenants du politiquement correct
qui la considèrent désormais comme un obstacle
à leurs projets.
Le principe de la souveraineté populaire est lui-même
largement battu en brèche. Depuis de nombreuses
années, les règlements européens
viennent se substituer à nos lois au point que
la majorité des textes juridiques qui régissent
notre vie nationale sont décidés désormais
par les structures bureaucratiques et supranationales
de Bruxelles, le peuple français se trouvant ainsi
privé de son droit souverain de les adopter à
travers son parlement.
Ce principe est maintenant également mis en cause
par les accords de Matignon sur la Corse, puisque, pour
la première fois dans l'histoire de la république,
le gouvernement a entrepris de confier une parcelle du
pouvoir législatif à une assemblée
territoriale. Même si elle n'a pour l'instant qu'une
portée limitée, cette initiative ne peut
que déstabiliser l'édifice républicain
fondé sur l'unité de la nation et la souveraineté
du peuple.
Ce dépérissement dramatique de la souveraineté
populaire provoque d'ailleurs un véritable démantèlement
du pouvoir, qui s'opère principalement par le haut
avec l'Europe mais aussi maintenant par le bas, avec les
régions. Comprenons-nous bien. En dénonçant
ce double processus qui tend à priver le peuple
de son pouvoir, je n'entends nullement faire le procès
de l'Europe des nations ni celui de la décentralisation.
Je suis au contraire très attaché à
l'épanouissement de nos identités provinciales
ainsi qu'à la coopération entre les nations
européennes. Mais je refuse que l'on sacrifie pour
cela les droits souverains de notre peuple. C'est-à-dire,
très concrètement, que l'on prive les Français
de leur capacité à décider eux-mêmes
de ce qui les concerne.
Au-delà des empiétements de Bruxelles et
de la question corse, d'autres moyens sont mis en uvre
pour déposséder le peuple français
de ses droits. Ainsi, les lois adaptées par le
parlement sont-elles soumises au contrôle du Conseil
constitutionnel qui les censure sans vergogne. En l'occurrence,
des personnalités ne disposant d'aucune légitimité,
puisqu'elles ne sont pas élues mais simplement
nommées, s'arrogent le pouvoir de réviser
les textes votés par les représentants du
peuple. Et ce contrôle n'est pas que formel, car
il conduit la Haute Cour à entrer dans le détail
des dispositions des textes législatifs qui lui
sont soumis, interdisant telle mesure, allongeant tel
délai, contestant tel dispositif en fonction de
l'idée qu'elle se fait de l'esprit de la constitution.
Autant dire que le Conseil constitutionnel exerce une
véritable censure politique sur les députés
et les sénateurs. Tout se passe alors comme s'il
existait au-dessus des parlementaires une idéologie
à laquelle ils devraient se soumettre, exactement
comme naguère dans les régimes communistes.
Seules les lois conformes à la pensée unique
officielle peuvent être validées, les textes
jugés déviants doivent être écartés
même s'ils sont voulus par le peuple à travers
ses élus.
Aussi ne reste-t-il pas grand-chose du principe républicain
de la souveraineté populaire. D'autant que la dérive
propre au Conseil constitutionnel, même si elle
est la plus grave, n'est pas unique. Aujourd'hui, le pouvoir
se décharge de plus en plus sur des instances prétendument
compétentes. Et je déplore de voir le gouvernement
abdiquer trop souvent ses responsabilités pour
les confier à des comités, conseils, collèges
créés à cet effet et dépourvus
de toute légitimité populaire. Le pouvoir
passe ainsi du peuple et de ses représentants aux
experts et autres technocrates.
Ce mécanisme se trouve encore amplifié par
la montée en puissance du pouvoir judiciaire. Délaissant
sa mission traditionnelle qui consiste à sanctionner
les crimes et les délits, ce dernier tend en effet
à s'ériger en un pouvoir omnipotent plaçant
les politiques sous sa tutelle. Suivant en cela une dérive
anglo-saxonne tout à fait contraire à nos
traditions républicaines, les magistrats ont entrepris
de judiciariser tous les problèmes et tous les
conflits de la société française.
Une logique qui conduit les juges à trancher de
tout et de n'importe quoi en lieu et place des autorités
légitimes et notamment du pouvoir politique.
Ainsi voit-on les tribunaux contester les décisions
des exécutifs locaux et persécuter les maires
en les rendant responsables de tout. Ainsi les juges sapent-ils
l'autorité hiérarchique dans l'administration
en mettant en cause la responsabilité individuelle
des fonctionnaires. Ainsi voit-on les magistrats organiser
la vie économique et sociale en faisant jouer à
tout propos la responsabilité civile des professionnels
ou des entreprises dans l'exercice de leurs activités.
Sous couvert de réprimer la corruption, les juges
vont même jusqu'à tenter de placer le président
de la République sous leur contrôle. Et,
par le biais des peines d'inéligibilité,
ils s'arrogent le droit de sélectionner les élus
et d'écarter ceux qui leur déplaisent. Les
magistrats bafouent ainsi le principe, pourtant essentiel
en démocratie, de la séparation des pouvoirs.
Ce faisant, ils affaiblissent eux aussi la souveraineté
du peuple et, au-delà, l'ensemble de la république.
Mais je considère qu'il y a plus grave encore.
Car, si la souveraineté populaire est mise en cause
par l'eurofédéralisme et l'éclatement
de la nation, par la montée en puissance des pouvoirs
non légitimes et les empiétements du pouvoir
judiciaire, elle l'est aussi par la véritable dictature
qu'instaurent aujourd'hui les médias au bénéfice
de ce qu'il convient d'appeler la pensée unique.
Comment en effet ne pas être frappé par l'unanimisme
bêlant qui se manifeste à tout propos sur
les ondes et dans les colonnes de la plupart des journaux
? Qu'il s'agisse du conflit du Kosovo ou de la guerre
du Golfe, que cela concerne l'immigration ou l'euro, les
traités européens ou la mondialisation,
il n'y a qu'une opinion possible, celle de la pensée
unique matraquée quotidiennement par la télévision,
la radio et la presse écrite et servilement relayée
par la plupart des politiciens. Aucune voix dissonante
ne vient jamais troubler ce concert bien réglé.
Car la contestation et même la discussion sont impossibles.
Ainsi, lorsque des hommes politiques du système
sont invités à s'exprimer contradictoirement,
ils sont toujours d'accord sur l'essentiel et ne s'opposent
que sur des détails.
Et je constate qu'il n'y a donc pratiquement plus de débat
et, sans débat, la démocratie disparaît.
Les vrais enjeux ne sont plus soumis aux Français
ou, plutôt, ils leur sont présentés,
mais la question est déjà tranchée.
Ne subsiste donc plus qu'une démocratie d'apparence
purement résiduelle qui existe formellement mais
ne fonctionne plus qu'à l'intérieur du champ
clos de ce qui est autorisé. Nous sommes en démocratie
surveillée.
On consultera donc les Français à propos
de questions qu'ils considèrent pour la plupart
comme secondaires et sur lesquelles on sait d'ailleurs
qu'ils sont majoritairement d'accord. Ce fut le cas pour
la Nouvelle-Calédonie ou pour la durée du
mandat présidentiel. Mais jamais on ne les interrogera
sur les grands enjeux qui susciteraient de vrais débats
contradictoires et passionnés comme l'immigration,
l'euro ou l'insécurité. Quant aux élections
générales, qu'on ne peut pas éviter,
le système cherche à les dépolitiser
et à leur enlever toute signification. On verra
ainsi pendant la campagne municipale M. Gaudin refuser
de répondre à mes questions sur le projet
de construction d'une mosquée monumentale à
Marseille et annoncer dès le lendemain du scrutin,
en une sorte de bras d'honneur aux électeurs, qu'il
allait la faire construire dans les plus brefs délais.
Mais, s'il n'y a plus de débat, si nous subissons
une pensée unique qui ne peut plus être contestée,
c'est qu'il existe aussi une politique unique à
laquelle il n'y aurait pas d'alternative. Et c'est bien
ce que chacun ressent. C'est même ce que la classe
politicienne explique sans vergogne aux Français
: il n'y a qu'une politique possible, il n'y a pas d'autre
voie que celle actuellement suivie. Il faut se soumettre
à la mondialisation, s'intégrer dans une
Europe fédérale, accepter l'immigration,
respecter l'idéologie des droits de l'homme et,
pour cela, adapter notre pays aux prétendues exigences
du monde moderne.
Mais, s'il n'y a plus qu'une seule politique possible,
comment s'étonner que les politiciens changent
au gré des élections et que rien ne change
pour les Français ? Et surtout, si tous les partis
institutionnels se soumettent peu ou prou à la
pensée unique et proposent pratiquement le même
projet, c'est qu'il n'y a plus de choix pour le peuple
à l'intérieur du système. Or, je
le rappelle, une nation qui ne peut plus choisir sa voie
n'est plus en démocratie, mais sous un régime
de nature totalitaire.
Certes, il s'agit d'un totalitarisme très apaisé,
un totalitarisme tranquille et rassurant, qui n'a apparemment
rien à voir avec le national-socialisme ou le communisme
qui ont marqué le vingtième siècle.
Pour autant, il n'en est pas moins efficace. Ainsi, lorsqu'un
opposant tient des propos déviants non conformes
à la pensée unique, il n'est pas nécessaire
de l'interner ou de le déporter. Il suffit de lui
refuser tout droit à la parole. Il n'aura aucun
accès aux médias, toutes les maisons d'édition
refuseront de le publier et, de surcroît, on le
diabolisera ou on le ridiculisera en caricaturant sa pensée
pour le discréditer aux yeux des Français.
Il pourra même être traîné devant
les tribunaux puisque le délit d'opinion a été
insidieusement rétabli en France. Il aura suffi
en effet d'établir une législation spéciale
pour réprimer le racisme et d'assimiler au racisme
toutes les opinions qui déplaisent au régime
pour voir ressurgir des pratiques totalitaires d'un autre
âge. Comme on criait autrefois, sous la Terreur,
"pas de liberté pour les ennemis de la liberté",
on clame aujourd'hui, dans la France des droits de l'homme,
"exclusion pour les tenants de l'exclusion".
Car tel est bien le processus mis en place par le système
: toute pensée nationale, tout sentiment identitaire
ou anti-mondialiste sont désormais considérés
comme des formes d'exclusion et, celle-ci étant
assimilée au racisme, ils doivent à ce titre
être sévèrement punis. Dès
lors, tous ceux qui s'opposent à la pensée
unique pourront être traduits devant les tribunaux
et condamnés à des peines de prison ou,
plus efficace encore, à des peines d'inéligibilité.
Certes, ce totalitarisme mou n'est pas perçu par
tous les Français. Et, pour cause, dans tous les
régimes totalitaires, ceux qui ne s'opposent pas
ouvertement au pouvoir en place disposent toujours d'une
large liberté. On ne juge donc pas du totalitarisme
d'un pays à la marge de manuvre dont disposent
les citoyens ordinaires, mais à celle laissée
aux opposants engagés. Or, en France, cette marge
est limitée et je suis avec mes amis bien placé
pour le savoir puisqu'opposant au régime en place,
je n'ai pas le droit à un accès normal aux
médias, les maisons d'édition refusent de
publier mes ouvrages et mon épouse, maire de Vitrolles-en-Provence,
est condamnée comme un délinquant de droit
commun pour avoir voulu aider les familles françaises
de sa ville.
Cependant, nos compatriotes, même s'ils ne sont
pas eux-mêmes persécutés, sont de
plus en plus nombreux à ressentir le poids de cette
chape de plomb. J'ai eu très souvent l'occasion
d'en prendre conscience, lorsque, se sentant en confiance
avec moi, ils osent me parler de sujets tabous. Ils le
font après s'être assurés que personne
ne les écoute, ils parlent à mots couverts
et se comportent alors, c'est triste à dire, exactement
comme dans les pays occupés ou sous les régimes
dictatoriaux.
Bien sûr, la comparaison doit être menée
avec précaution car, si la liberté d'expression
s'est réduite et si la démocratie est bel
et bien domestiquée, le totalitarisme larvé
que nous subissons ne se révèle pas moins
d'un genre très particulier. Non seulement il se
révèle très doux dans ses techniques
de contrainte, mais il présente de surcroît
cette singularité de ne pas s'exercer au profit
du pouvoir politique en place. En effet, la dictature
de la pensée unique n'agit pas en faveur du gouvernement
mais au bénéfice des pouvoirs illégitimes
qui, de plus en plus, dirigent notre société.
La souveraineté que les Français n'exercent
plus se trouve captée par des institutions ou des
lobbies de la société civile et de la communauté
internationale. Et ce sont eux qui confisquent le pouvoir
aux Français mais aussi à leurs représentants
élus.
Il est vrai que les politiciens du système ont
été curieusement les premiers à militer
pour la réduction de leurs propres compétences
et la limitation des pouvoirs qui étaient les leurs.
Ils se sont laissé ainsi déposséder
de l'essentiel de leurs prérogatives par l'Europe.
Aujourd'hui, un président de la République,
même s'il dispose d'une majorité à
l'Assemblée nationale, ne peut plus décider
d'une baisse sélective de la TVA sans demander
l'autorisation à Bruxelles. De même, la classe
politique a laissé se détériorer
l'équilibre des pouvoirs au détriment de
l'exécutif. En donnant par exemple l'indépendance
au parquet, les socialistes n'ont pas rendu la justice
plus autonome par rapport aux lobbies idéologiques
qui la travaillent : ils ont simplement privé le
gouvernement de son droit à diriger la politique
pénale de répression des crimes et des délits.
Comment ne pas déplorer également la soumission
du pouvoir politique au pouvoir médiatique qui
réussit maintenant à terroriser les ministres
et les députés et à leur dicter leur
conduite à coups de sondages, de campagnes d'opinion
et de manipulations des événements ? Tout
comme les différents lobbies, syndicaux, professionnels,
moraux, éthiques ou confessionnels, parviennent
eux aussi de plus en plus à leur imposer leur volonté.
Je pense notamment à la pression et même
à la terreur que certains groupes musulmans installés
en France exercent sur le gouvernement au point qu'aucune
mesure d'envergure n'a été prise sur notre
sol contre les milieux intégristes islamiques alors
que le pouvoir avait soutenu par ailleurs, comme cela
me paraît normal, le principe des représailles
américaines à la suite des attentats du
11 septembre. Et que dire, à l'inverse, de la peur
des politiciens de ne pas être en phase avec la
ligne définie par les Américains au nom
de la prétendue communauté internationale,
peur qui les conduit à faire de la France un mouton
docile sur la scène mondiale comme elle l'a été,
je le regrette, dans la guerre du Golfe, en Bosnie et
au Kosovo ?
Aussi le gouvernement n'est-il plus que l'ombre de ce
qu'il devrait être. Ayant perdu ses légitimes
prérogatives, il n'est plus qu'une vitrine où
s'agitent des pantins qui abusent l'opinion publique pendant
qu'à l'arrière-plan, ce sont les autres
pouvoirs qui prennent les décisions importantes
à l'abri du regard des Français et au mépris
de leurs aspirations.
On me répondra sans doute qu'il est important qu'un
gouvernement trouve en face de lui des contre-pouvoirs
de façon à créer un juste équilibre
des forces qui garantisse les libertés. Mais c'est
oublier que, dans notre système républicain,
le pouvoir politique doit être l'expression de la
volonté populaire. Si donc le pouvoir légitime
est bloqué par toutes sortes de contre-pouvoirs
non démocratiques, ce sont la démocratie
et donc la liberté qui disparaissent. Il n'y a
rien à craindre d'un gouvernement fort dès
lors qu'il est l'instrument du peuple. En république,
un pouvoir fort est le gage d'une démocratie forte,
alors qu'un pouvoir faible signifie une faible liberté
pour le peuple et un grand désordre pour le pays.
C'est pourquoi, je l'affirme, la disparition quasi totale
du principe d'autorité aujourd'hui en France constitue
un affaiblissement de la démocratie et des libertés.
Car, si l'État n'impose pas au nom du peuple sa
légitime prééminence, c'est le peuple
qui devra subir dans le désordre la contrainte
des forces illégitimes. Pour moi, il n'est pas
de politique au sens noble du terme sans retour à
la hiérarchie et à l'autorité. Une
société saine a besoin d'être structurée
par un ordre et le pouvoir doit aussi s'exercer par des
actes d'autorité qui se révèlent
essentiels pour créer les repères, les références
et les bornes nécessaires à l'harmonie sociale.
Il en est du gouvernement des sociétés humaines
comme de l'éducation des enfants. Sans normes,
sans limites, sans sanctions, bref, sans système
de valeurs et sans autorité pour le faire respecter,
rien d'humain ne peut se construire, aucune communauté
ne peut se développer et s'élever dans l'échelle
de la civilisation.
C'est donc parce que la classe politicienne a trahi sa
mission, parce qu'elle a détruit le politique et
s'est laissé déposséder de ses prérogatives
souveraines qu'elle apparaît aujourd'hui impuissante
et discréditée et que notre pays sombre
dans le désordre.
Et, dans cette lamentable évolution, j'observe
que c'est la gauche socialo-communiste qui porte la responsabilité
essentielle. Car ce sont les idées de Mai-68 issues
de la gauche radicale qui ont fini par la submerger, par
s'imposer à elle et, à travers elle, au
pays tout entier.
Il est interdit d'interdire, clamait-on à l'époque.
En France aujourd'hui, mis à part le patriotisme
et la grève de l'impôt, tout est à
peu près permis ou, à tout le moins, toléré
ou excusé. En ce sens, la classe politique de gauche
a complètement dérivé vers l'extrême
gauche. La montée en puissance actuelle des organisations
extrémistes comme la LCR ou Lutte ouvrière
le prouve de façon éclatante. Les écologistes,
à vrai dire beaucoup plus rouges que verts, exercent
eux aussi une influence croissante à gauche et
se comportent à bien des égards comme de
véritables "gardes verts" dont le sectarisme
me fait penser à celui des fameux gardes rouges
de la révolution culturelle chinoise.
Au sein du PS, il en va de même. Les socialistes
traditionnels, républicains, patriotes et modérés
ont disparu pour laisser la place aux enfants de Mai-68
qui détiennent aujourd'hui la plupart des leviers
de commande. Et je trouve très symbolique que le
candidat des socialistes à l'élection présidentielle
soit aujourd'hui M. Jospin. Un M. Jospin qui porte certes
les couleurs du PS mais qui, chacun le sait désormais,
a été formé au trotskysme dont la
spécialité est d'infiltrer les organisations
modérées pour les radicaliser. D'ailleurs,
M. Jospin est sans conteste le premier ministre le plus
extrémiste d'Europe. En Grande-Bretagne, M. Blair
n'a pas imposé les 35 heures. En Allemagne, M.
Schröder n'a pas régularisé les clandestins
ni augmenté les droits judiciaires des voyous.
C'est pourquoi j'entends m'opposer avec vigueur au candidat
socialiste et dire clairement non à Jospin l'extrémiste.
Car c'est bien par une dérive extrémiste
que la gauche a entrepris de contourner la souveraineté
du peuple et de saper nos institutions républicaines,
affaiblissant ainsi dramatiquement le pouvoir politique
et plongeant progressivement notre pays dans le chaos.
Elle l'a fait, il est vrai, avec d'autant plus d'ardeur
que la marge de manuvre qu'elle perd sur le terrain
institutionnel, elle la retrouve plus grande encore au
sein des nouveaux pouvoirs oligarchiques de la société
civile qu'elle anime et qu'elle contrôle.
Il n'en va évidemment pas de même pour le
RPR, l'UDF et DL qui ont collaboré à ce
processus mortifère sans y trouver le moindre bénéfice,
tant pour leur influence dans la société
que pour la promotion des valeurs qu'ils étaient
censés incarner. La prétendue droite, il
faut le dire, s'est à mes yeux totalement reniée.
Car ce n'est pas vers sa droite mais vers sa gauche qu'elle
a dérivé. Et la dérive à laquelle
nous assistons depuis plus d'un quart de siècle
est spectaculaire. Tout s'est passé comme si la
droite avait honte d'elle-même, honte des valeurs
dont elle est normalement porteuse. Comme subjuguée
par l'idéologie de gauche, elle s'est, défaite
après défaite, soumise à son adversaire,
adoptant, les unes après les autres, les thèses,
les idées et les options qu'elle combattait jadis.
Même au pouvoir, lorsqu'elle avait la possibilité
d'agir, elle n'a jamais rien entrepris pour combattre
la gauche et faire prévaloir ses valeurs. Elle
s'est révélée incapable d'endiguer
la montée du socialisme en France, allant même
jusqu'à en rajouter en matière de charges,
d'impôts et de bureaucratie. Elle n'a pas cherché
à contrer l'influence grandissante de la gauche
dans les milieux pourtant stratégiques de la culture
et des médias. Elle ne s'est jamais préoccupée
de faire progresser ses idées de liberté,
de souveraineté ou de patriotisme. Résultat
: la droite s'est ralliée à la gauche et
la suit pas à pas avec quelques années de
retard. Pour moi, il n'y a plus guère de différence
entre la droite actuelle et la gauche d'il y a cinq ans.
Cela est vrai sur le plan économique et social
ainsi que dans le domaine de la politique étrangère
et européenne, mais cela est vrai aussi, plus curieusement
encore, pour les questions de société. Ainsi,
par exemple, le projet de réforme du code de la
nationalité présenté par le RPR en
1986 était-il très proche de celui que je
défends au nom du MNR puisqu'il prévoyait
l'abrogation du droit du sol. Non seulement ce projet
a été abandonné à l'époque,
mais aujourd'hui les ténors du mouvement prétendument
gaulliste réclament de nouvelles vagues d'immigration.
De même, lorsqu'ils étaient au pouvoir, les
responsables de la droite RPR-UDF-DL n'ont rien accompli
pour aider les familles françaises. Et, aujourd'hui,
ils n'hésitent plus à se déclarer
favorables au PACS après l'avoir combattu ! N'a-t-on
pas entendu certains d'entre eux trouver légitime
l'adoption des enfants par les couples homosexuels ?
La droite institutionnelle a donc totalement capitulé
face à la gauche. Le RPR notamment qui, au nom
des valeurs gaulliennes, aurait dû être en
pointe dans la défense de l'indépendance
nationale, de la souveraineté populaire et dans
la lutte contre le régime des partis, s'est complètement
détourné de la nation et se vautre dans
la cohabitation. En trahissant leurs électeurs,
les partis de la prétendue droite sont donc les
principaux responsables de l'occultation du politique
et de l'affaiblissement de la démocratie. En se
soumettant à la gauche, ils ont permis la dictature
de la pensée unique. En refusant d'incarner une
alternative face aux socialo-communistes, ils ont refermé
le champ du possible. En abandonnant leurs valeurs, ils
ont contribué à créer le désordre
qui gagne progressivement notre pays.
Ayant renoncé à accomplir la mission historique
qui aurait dû être la leur, les voici donc
condamnés à laisser d'autres forces s'épanouir
à leur place pour assumer cette fonction de renouveau
essentielle à notre pays. Car la situation est
simple : la gauche a évolué vers l'extrême
gauche et la droite a dérivé vers la gauche
: c'est tout le paysage politique qui s'est déplacé.
Il n'y a donc pas à s'étonner que certains
aujourd'hui croient que nous nous situons, mes amis et
moi, à l'extrême droite, alors que nous sommes
restés tranquillement à droite. Il s'agit
là d'un simple effet d'optique et non de la réalité.
Et, face à ce glissement général
de la classe politicienne vers la gauche, c'est à
nous qu'il revient d'incarner l'alternative et de rétablir
un vrai choix démocratique face à la pensée
unique. C'est à nous de redonner toutes ses lettres
de noblesse à la politique et de remettre de l'ordre
en France. Tel est le projet que j'entends conduire à
bien dans les années qui viennent et commencer
à réaliser dès la prochaine élection
présidentielle.
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