La société française est devenue
marchande. L'objet y est roi et le matérialisme
triomphant. Il en résulte une érosion
des valeurs, un relâchement des disciplines
sociales et un affaiblissement des institutions. Les
citoyens se détachent de leurs références,
le déracinement s'accentue. L'homme devient
individu et le narcissisme dissout les communautés.
Prenons garde à ces évolutions
car, lorsque seuls comptent les biens matériels
et le bonheur individuel, la nation se défait
et le destin des hommes s'en trouve compromis.
Les cent marks et le Coca
Nous vivons dans une société d'abondance.
Malgré les restrictions que peuvent subir certains
de nos compatriotes, jamais notre pays n'a été
globalement aussi riche de biens matériels.
Les rues de nos villes et les allées de nos
supermarchés regorgent de produits, tout se
vend et tout s'achète. La consommation triomphe,
elle est partout. Elle ne touche plus seulement les
vivres, les vêtements et tout ce qui est indispensable
à la vie quotidienne. Elle concerne maintenant
l'ensemble des domaines de l'activité humaine.
On consomme des images, des sons, des sensations,
de l'information, des loisirs.
La société en est bouleversée,
car l'avènement de l'abondance ne s'est pas
traduite uniquement par un accroissement quantitatif
du nombre des biens disponibles. Elle a hissé
les objets au premier rang de nos préoccupations
individuelles et collectives. Notre environnement
culturel s'en est trouvé progressivement transformé
sous la pression de cette “chosification de
l'homme'”, selon l'expression du sociologue
Jean Baudrillard. La consommation détermine
dorénavant l'organisation sociale et l'imaginaire
collectif. “ Il y a aujourd'hui, tout autour
de nous, une espèce d'évidence fantastique
de la consommation et de l'abondance, constituée
par la multiplication des objets, des services, des
biens matériels, et qui constitue une sorte
de mutation fondamentale dans l'écologie de
l'espèce humaine2. ”
La conclusion est alors simple: le
matérialisme s'est abattu sur la société.
L'homme d'aujourd'hui tend à substituer à
un environnement humain un univers composé
de produits à acquérir. Le dialogue
avec nos proches cède peu à peu la place
à la manipulation des claviers électroniques
et à la contemplation des écrans cathodiques.
Les biens matériels deviennent nos références
culturelles par le truchement de la publicité
toutepuissante. Le “jingle ” de Darty,
le “ logo ” de Citroën nous marquent
désormais plus que les opéras ou les
sculptures des grands maîtres! Les modèles
humains ne sont plus ceux des romanciers, ils nous
sont présentés dans les “ clips”
publicitaires par référence aux objets
à promouvoir. Lorsque le mur de Berlin s'ouvre
et que les Allemands de l'Est s'engouffrent à
l'Ouest, que leur offret-on en signe de bienvenue?
Une somme de cent marks et une bouteille de Coca-Cola!
N'avons-nous donc plus rien d'autre à offrir
comme symbole de notre civilisation? Serions-nous
devenus ce que Renan pressentait et redoutait: “
une foule matérialiste, uniquement attentive
à ses grossiers appétits3”?
Il est vrai que la société
de consommation ne date pas d'hier. C'est contre elle
que s'étaient dressées les barricades
de Mai 68. Constatons alors que cette poussée
de fièvre n'était pas le symptôme
du rejet mais plutôt le malaise qui précède,
chez le drogué, l'accoutumance et la dépendance.
Signe révélateur: les gauchistes d'alors,
après avoir contribué à saper
les valeurs de la société traditionnelle,
dernier rempart contre la montée du matérialisme,
sont devenus quinze ans plus tard les hérauts
de cette même société de consommation.
N'est-ce pas dans l'intelligentsia cosmopolite qu'on
les retrouve aujourd'hui? Publicitaires, chefs d'entreprise
ou politiciens, ils sont les gestionnaires quotidiens
de la société marchande. Comme le leur
reprochait avec véhémence un de leurs
anciens amis, Guy Hocquenghem4, ils sont passés
du col Mao au Rotary.
Les valeurs par-dessus bord
Il est vrai que tout semble maintenant
déterminé par les seules préoccupations
marchandes et que notre pays se comporte comme un
malade atteint de boulimie: peu lui importe ce qu'il
mange, son obsession est d'ingurgiter le plus de nourriture
possible. La quantité prime désormais
la qualité. L'objectif est de produire toujours
plus de biens matériels, et tant pis si les
impératifs de production bousculent au passage
les structures sociales, les valeurs communautaires,
la qualité de la vie. Comme le souligne Philippe
Saint-Marc, “ une lutte économique sans
cesse plus impitoyable conduit à jeter par-dessus
bord tout ce qui freine la course aux richesses matérielles
et donc toutes les valeurs qui s'opposent au culte
de l'argent; elle réduit l'homme à l'état
de machine à produire et à consommer5
”.
La logique est parfois poussée
jusqu'à l'absurde. Ainsi, la politique agricole
commune concoctée par les eurocrates bruxellois
a tout planifié en fonction de l'augmentation
des rendements. Pour cela, on a spécialisé
les productions, organisé le départ
des agriculteurs jugés trop nombreux, encouragé
le regroupement des exploitations, arraché
les haies, abandonné à la friche les
terres de qualité médiocre et multiplié
les engrais et les machines coûteuses. Le résultat
n'est pas brillant: le revenu relatif des agriculteurs
n'a pas augmenté, la qualité de la production
a baissé, les surplus se sont accumulés,
l'autosuffisance alimentaire a disparu et nos campagnes
se sont désertifiées. Dans
beaucoup d'autres domaines, la loi de la production
matérielle quantitativement maximale conduit
à une inversion des valeurs. C'est ainsi qu'au
nom de la liberté du commerce le gouvernement
américain se fait le champion de la viande
aux hormones au mépris des règlements
sanitaires européens et, il faut bien le dire,
de la santé des consommateurs. Dans notre pays,
les soucis légitimes de l'écologie concernant
la propreté des rivières, la qualité
de l'air ou le respect de la beauté des sites
sont souvent ignorés par les impératifs
de l'économie marchande.
Ne jetons pas cependant la pierre
au seul libéralisme. La société
marchande est tout autant l'apanage de la social-démocratie
et même, selon d'autres schémas, des
pays marxistes. La caractéristique commune
de ces “ systèmes ” est de considérer
l'ensemble des activités humaines au travers
des lunettes de l'économisme.
La vie au Club
Si tout se réduit à
cette seule approche mercantile, alors, naturellement,
le matérialisme finit par l'emporter et avec
lui l'objectif hédoniste du bonheur individuel.
Tel est bien aujourd'hui l'aimant qui détermine
nombre de nos concitoyens dans la conduite de leur
existence personnelle.
La poursuite du bonheur est certes
inhérente à la condition humaine, mais
la vie ne peut se réduire à cette quête,
et nous pensons qu'il y a décadence à
vouloir rechercher le bonheur pour soi seul et par
la seule jouissance de biens matériels. Or,
c'est cette funeste orientation qui se dessine actuellement
sous la poussée de la société
marchande: l'homme est désormais réduit
à l'état d'un consommateur dont l'objectif
serait - pour paraphraser le jargon des économistes
- de maximiser sa jouissance. Ainsi voit-on les individus
se lancer avec frénésie dans la possession
d'objets en une quête éternellement inassouvie.
C'est le fun système que décrivait
encore Jean Baudrillard. Et il est vrai que l'évolution
des techniques et du système économique
laisse à l'homme occidental de plus en plus
de loisirs. A telle enseigne que des gouvernants peu
inspirés avaient créé il y a
quelques années un ministère du Temps
libre.
En ce sens, le moteur de la société
n'est plus la création ou le dépassement
de soi mais l'impératif du plaisir. C'est lui
qui détermine les ressorts de la publicité
et de toutes les techniques de vente.
L'archétype du bonheur matérialiste
modèle 1990 ? C'est au Club Méditerranée
qu'on le trouve. Là, toutes les contraintes,
toutes les entraves sont levées. Le Club supprime
racines, différences, appartenances, et construit
la société “ idéale ”,
ébauche de Cosmopolis exotique, égalitaire
et insipide, où tout est facile et gen-til...
bien sûr. L'individu, débarrassé
de ses attaches sociales, devenu anonyme, doit y trouver
le bonheur par la consommation à l'état
pur: manger, dormir, courir! “ Mon rêve
personnel, déclarait Gilbert Trigano, c'est
qu'un jour l'individu découvre qu'il est asservi
onze mois sur douze et qu'il ait brusquement envie
de transposer la vie qu'il a menée avec nous
pendant son douzième mois à sa vie quotidienne6,
” Faire des loisirs hors du temps et de l'espace
un modèle de vie: les vacances éternelles,
voilà, croqué par la caricature, l'idéal
du bonheur matérialiste qui semble obséder
notre société.
La France, grand magasin?
Comment, dans ces conditions, notre
nation pourraitelle encore prétendre écrire
l'histoire? Déjà, elle semble ne plus
savoir ce qu'est le politique. C'est là un
autre signe de l'emprise matérialiste: les
préoccupations économiques priment les
impératifs de la chose publique.
Comme l'écrit Jean-Claude Bardet,
“ tout se passe comme si le politique avait
été absorbé par l'économique
ou comme s'il avait été marginalisé
au point de ne plus représenter qu'un appendice
de ce dernier7”. Dominique Jamet fait le même
constat: “ L'horizon se limite à la ligne
bleue des montants compensatoires, aux graphiques
en dents de scie de l'indice des prix, au volume de
la production, aux fluctuations monétaires,
aux ondulations du serpent européen. ”
Et il conclut en posant la question: “ La France
est-elle un grand magasin8 ? ”
Faut-il s'étonner d'une telle
évolution? Si les hommes de la classe politique
ont pour seule préoccupation l'économie
et le social, c'est qu'ils sont déjà
contaminés par le modèle matérialiste
et qu'ils ne conçoivent plus la nation autrement
que comme un marché. “ Le passage de
l'État-protecteur à l'État-providence,
remarque Pierre Rosanvallon, traduit au niveau des
représentations de l'État le mouvement
dans lequel la société cesse de se penser
comme un corps pour se concevoir comme un marche9.
” N'est-ce pas d'ailleurs ainsi qu'a d'emblée
été conçue l'Europe bruxelloise,
le “ grand marché ” semblant avoir
remplacé dans les esprits de la technocratie
la réalité charnelle et spirituelle
de la vieille Europe?
Si seules importent les valeurs marchandes
et les impératifs économiques, le politique,
au sens noble du terme, est naturellement rejeté.
L'idée de pouvoir, de puissance et de rapport
de forces est incongrue lorsque seuls comptent l'échange
et la jouissance. La politique est ainsi discréditée
parce que vécue comme une source de conflits
et de passions qui ne peuvent que contrarier la quête
du bonheur individuel. Ohne mich, “ sans moi
”, tel était le mot d'ordre des pacifistes
allemands dans les années soixante-dix. “
Je ne veux pas être impliqué par l'histoire,
par la politique, par le mouvement des peuples et
des idées, laissez-moi en dehors, je veux être
heureux tout seul ”, tel était le sens
de cette formule lapidaire.
Là se trouve en partie l'explication
d'un certain désintérêt de nos
concitoyens pour la chose publique: “Si la violence
politique est devenue le péché suprême,
note François-Bernard Huygue, c'est avant tout
parce qu'elle est politique. Le politique, voilà
l'ennemi10! ” Mais si le politique est le gouvernement
des nations, l'art d'assurer leur survie et leur épanouissement,
le souci de leur donner un destin, quel avenir le
matérialisme ambiant nous prépare-t-il
? Et comment ne pas se poser la question que se posait
déjà Saint-Exupéry avant la guerre:
“ Que faut-il espérer d'un peuple qui
n'aspire plus qu'à la possession d'un réfrigérateur
? ”
Le matérialisme, voilà
l'ennemi! faudrait-il affirmer. C'est lui en effet
qui est aux sources de bien des maux dont nous sommes
frappés. La société marchande
est celle où tout se vend et où tout
s'achète. Tout y a un prix, mais plus rien
n'y a de valeur. Car seuls les biens matériels
peuvent être vendus. Veut-on acheter l'amitié,
l'amour, ou l'honneur qu'aussitôt on les détruit.
Comment alors s'étonner que, dans le monde
matérialiste qui est le nôtre, les valeurs
soient érodées et les institutions affaiblies?
“Lorsque la nuit descend sur les dieux, seul
Mammon, le dieu de l'argent, brille d'un incomparable
éclat11”
La beauté est morte
“ Tout est relatif”, entend-on comme un
leitmotiv. “ Tout dépend du point de
vue auquel on se place ”, bien évidemment!
Mais que valent un système de références
instable et des principes qui changent en fonction
de l'heure, du lieu ou des circonstances? Rien, sans
doute, et c'est pourquoi, à notre époque,
les valeurs sont incertaines. Elles semblent toutes
équivalentes dans la mesure où l'on
refuse de les classer et de les hiérarchiser.
Ainsi, dans le domaine de l'art, Jack
Lang, le sémillant ministre de la Culture socialiste,
a pu s'exclamer: “La beauté est morte.”
Affirmation provocatrice de cette nouvelle conception
officielle de l'art qui tend à démontrer
qu'au fond tout est également acceptable. Pour
Jack Lang, il ne peut y avoir de faute de goût
puisque toute création est art et que tout
homme est créateur. On ne rêve pas; d'ailleurs,
François Léotard ne disait pas autre
chose lorsqu'il affirmait, de peur d'être en
reste: “Je souhaite faire des Français
non pas des consommateurs de culture, mais des créateurs,
faire de la France un pays de cinquante-cinq millions
de créateurs12 ” Par delà ce discours,
c'est la distinction entre artiste et amateur d'art
qui se trouve supprimée, de même qu'est
niée a priori la différence entre ce
qui est art et ce qui ne l'est pas.
Voilà pourquoi, désormais,
on peut admirer une toile blanche au même titre
qu'un tableau de maître ou présenter
comme sculpture une concrétion de voiture;
et la foule des “ branchés ” de
s'ébaudir! Au musée Groeninge de Bruges,
on offre à la contemplation des visiteurs trois
bâtons posés contre un mur, mais c'est
devant les toiles de Bruegel que l'on appose l'étiquette
“primitif flamand”!
Les missionnaires sur le parvis
Il en va de même au plan moral. Certes,
nous ne sommes plus au temps de l'immoralisme provocateur
des années d'après-guerre, époque
où l'on cherchait, par révolte, à
transgresser la “ morale bourgeoise dominante”
pour en briser les tabous. A présent, c'est
dans une période d'amoralisme que nous entrons.
Désormais, en effet, prédomine simplement
l'idée que les règles éthiques
et les interdits traditionnels sont démodés:
la notion même de bien et de mal devient une
incongruité, à moins qu'elle ne serve
les intérêts de la Nouvelle Idéologie
Socialiste.
Dans le même esprit, beaucoup
de nos concitoyens pensent que toutes les religions
se valent, chacune incarnant, nous dit-on, une forme
de la croyance dans le divin. Rien de choquant donc
pour l'Église catholique de Mgr Decourtray
à ce qu'un Français se convertisse à
la religion musulmane. Il fut pourtant une époque
où l'Église catholique envoyait en Afrique
ou ailleurs des milliers de missionnaires qui, souvent
au péril de leur vie, tentaient de convertir
les “ incroyants ”. Aujourd'hui, les immigrés
musulmans se trouvent par millions à quelques
pas du parvis de nos cathédrales, mais ils
ne font l'objet d'aucun prosélytisme ecclésial.
Pour les dignitaires de l'Église, la conversion
n'est plus de mise!
Mais nous, pauvres naïfs, nous
continuons à croire qu'il est difficile de
prétendre détenir la vérité
révélée par Dieu et de ne pas
chercher à la transmettre à ceux qui
sont dans l'erreur. Comment d'ailleurs à la
fois s'affirmer religion universelle et admettre que
les autres religions se situent sur le même
plan? Si toutes se valent, plus aucune ne peut incarner
une vérité absolue et transcendante.
Notons au passage que l'islam, quant
à lui, ne s'est pas laissé gagner par
le doute. C'est la raison pour laquelle il s'affirme
aujourd'hui avec autant de force et que des frères
prêcheurs musulmans parcourent l'Europe de part
en part.
La valse des étiquettes
Dans le débat politique officiel,
sur le terrain des idées et des opinions, l'établissement
est en proie au flottement. On assiste à la
valse des étiquettes et au chassécroisé
des hommes et des partis.
Comme le souligne François-Bernard
Huygue13, les personnalités interrogées
par Actuel" n'arrivent plus à décider
si le libéralisme est de droite ou de gauche.
Jean Daniel se déclare “ libéral-libertaire”
mais prosocialiste15. Yves Montand se dit “de
gauche tendance Reagan16”, Alain Minc17 s'en
prend au tabou égalitaire au nom de la gauche.
Quant à Louis Pauwels18 qui, dans le passé,
a flirté avec la Nouvelle Droite et Alain de
Benoist, il se sent désormais des affinités
avec l'ex-maoïste Bernard-Henri Lévy.
Les programmes politiques suivent
des évolutions parallèles et Laurent
Fabius peut ainsi définir le sien comme le
tout et le contraire de tout: “ Le risque et
la sécurité, l'individu et la collectivité,
l'économique et le social, l'économique
et le culturel: nous tenons les deux bouts de la chaîne19.
” Comprenne qui peut...
Les partis ne sont pas en reste: PS,
RPR et UDF professent peu ou prou les mêmes
ambiguïtés, distillent le même discours
et arborent la même apparence. M. Mitterrand
adopte le style gaullien pendant que le RPR introduit
dans ses instances les courants, les motions et les
synthèses propres aux congrès socialistes.
Le beau, le
bien, le vrai
La vérité, dans ces conditions, devient
une notion contingente que les médias manipulent
au gré de leurs besoins. Le vrai, c'est tout
simplement ce dont on parle. Tel événement
mineur, sans portée réelle dans la vie
de la communauté nationale, sera brusquement
sorti de l'ombre pour être étalé
à la une des journaux. En contrepoint, telle
réalité d'importance capitale restera
occultée. Une conversation, certes contestable,
de Claude AutantLara portant sur Mme Veil sera, contre
la volonté de son auteur, extraite de son contexte
privé pour devenir un événement
politique majeur, alors que dans le même temps
la publication des chiffres de la dénatalité,
autrement plus funestes pour notre pays, sera reléguée
en bas de page. Les médias marchent-ils sur
la tête?
Ainsi sommes-nous entrés dans
une ère d'incertitude: les échelles
de valeur et les valeurs elles-mêmes se désagrègent.
Tout est en effet possible dans l'univers matérialiste.
Les membres du FLNKS, preneurs d'otages et assassins
de gendarmes, sont libérés le jour même
où le Parquet laisse inculper un juge d'instruction
spécialisé dans la lutte antiterroriste!
Les gardiens de prison en grève sont chargés
par les CRS à coups de matraque et de grenades
lacrymogènes et leurs revendications sont rejetées.
Mais, dans le même temps, le rapport du député
socialiste Bonnemaison annonce de coûteuses
mesures pour améliorer les conditions de vie
des détenus! Ceux qui, comme les gendarmes,
défendent la loi et la société
ne sont plus mis à l'honneur. Et ceux qui bafouent
l'ordre et la justice ne subissent pas l'opprobre
médiatique.
Le désordre est général:
on désignera les couples homosexuels comme
des couples ordinaires et on envisagera de les marier
comme au Danemark. On ouvrira un grand débat
sur la vente libre de la drogue, qui pourrait ainsi
devenir, comme en Espagne ou aux Pays-Bas, un simple
produit de consommation. Dans le même esprit,
on finira par trouver normal que les étrangers
revendiquent les droits civiques attachés à
la nationalité française, tandis que
la “ civilisation” kanak sera hissé
au même rang que la civilisation européenne.
Les différences s'estompent; les contraires
se confondent! On ne sait plus distinguer le beau
du laid, le vrai du faux, le bien du mal.
Comment s'étonner de cette
situation alors que, sous la pression du matérialisme,
notre société se trouve progressivement
coupée de ses attaches les plus essentielles?
L'éclipse du sacré
Jamais notre pays n'aura accordé
aussi peu de place au sacré. La religion est
en effet aujourd'hui pratiquement exclue de la vie
sociale. Les grands moments de l'existence que personne
ne concevait sans la présence de l'Église
ont été banalisés. La naissance,
le mariage, la mort ont perdu de leur dimension sacrée.
Le blasphème s'étale sur les affiches
de cinéma pendant que les prêtres déambulent
au milieu de la foule sans signe distinctif. Certes,
les évêques sont présents dans
notre vie publique, ils apparaissent dans les émissions
de télévision, mais le rôle qui
leur est assigné n'est plus réellement
celui du sacerdoce, émanation d'un pouvoir
divin en marge de la vie temporelle. Ils sont désormais
considérés comme des autorités
morales au même titre que les ligues de vertu
et le lobby de l'immigration.
D'ailleurs, n'ont-ils pas dans cette
dérive une part de responsabilité? Lorsque
les représentants de l'Église catholique
furent conviés à s'exprimer sur le code
de la nationalité devant la Commission des
lois de l'Assemblée nationale, ils se contentèrent
de faire un exposé juridique auquel ils ne
donnèrent pas le moindre éclairage religieux.
N'ont-ils pas, par concession à l'esprit du
temps, contribué eux aussi au recul du sacré?
Lorsqu'on écoute Mgr Gaillot, n'a-t-on pas
le sentiment que l'Église s'aligne sur l'idéologie
des droits de l'homme et réduit la foi à
sa seule dimension morale? Dans ces conditions, ce
n'est sans doute pas un hasard si les anciennes terres
d'enracinement catholique, comme celles de l'Ouest,
sont devenues les zones privilégiées
de la gauche. L'Église et le parti socialiste
sont allés à la rencontre l'un de l'autre:
le PS en transformant le discours politique en incantation
moralisante, et certains prêtres en sécularisant
la religion.
Pour notre peuple, cette éclipse
du sacré équivaut à une mutilation,
car les hommes ont besoin de références
qui les transcendent et les dépassent.
Le corps brûlé de la chevalerie
Les liens avec le ciel se distendent,
ceux qui nous rattachent au passé également.
La mémoire de notre peuple se vide des images,
des mythes et des légendes qui le reliait à
ses origines. Les figures emblématiques de
notre histoire sont tournées en dérision.
La fête de Jeanne d'Arc? Ringard, ricanent les
gogos déculturés! Pourtant, si l'on
y réfléchit bien, il est peu de personnages
médiévaux aussi modernes qu'elle. Jeanne,
jeune femme parmi les hommes de guerre, avec ses cheveux
courts et son insolence, bravant les coutumes et les
conformismes. Jeanne qui a inspiré à
Mairaux ces lignes sublimés: “De ce qui
avait été la forêt de Brocéliande
jusqu'aux cimetières de Terre sainte, la vieille
chevalerie morte se leva dans ses tombes. Dans le
silence de la nuit funèbre, écartant
les mains jointes de leurs gisants de pierre, les
preux chevaliers de la Table ronde et les compagnons
de Saint Louis, les premiers combattants tombés
à la prise de Jérusalem et les derniers
fidèles du petit roi lépreux, toute
l'assemblée des rois de la chrétienté
regardait, de ses yeux d'ombre, monter les flammes
qui allaient traverser les siècles vers cette
forme immobile qui devenait le corps brûlé
de la chevalerie.”
Qui, de nos jours, contemple encore
ces flammes? Coupé de ses références,
notre peuple a perdu le sentiment exaltant d'être
issu d'une lignée perdurant au travers des
âges: il vit dans le seul présent. Les
repères disparaissent, ceux d'hier comme ceux
que l'on place aujourd'hui pour disposer dans l'avenir
d'un passé dont on se souvient. La notion de
durée s'estompe, nous vivons dans une société
de l'instant et de l'éphémère.
Les objets qu'on nous propose ne sont pas conçus
pour être transmis aux générations
futures, on les jette après usage, du rasoir
Bic, bien sûr, jusqu'aux bâtiments d'habitation
dont beaucoup n'ont qu'une “ durée de
vie ” limitée. N'a-t-on pas déjà
commencé à détruire les HLM des
années cinquante?
De la même façon, tout
engagement qui s'étend sur une longue période
est devenu insupportable à nos contemporains.
Il n'est plus possible de concevoir le mariage sans
le divorce, d'infliger des peines pénales sans
remise de peine. Tout ce qui est irrévocable
paraît insupportable: la peine de mort, la mort
elle-même, les serments et la fidélité.
Tout ce qui est source de continuité, de pérennité
à travers les générations est
suspect aux yeux de nos maîtres penseurs: l'héritage
n'est plus qu'un frein à l'égalité
et les traditions des obstacles au progrès!
Ce déracinement, cette occultation
du passé sont également à l'origine
du relâchement des institutions et des disciplines
sociales.
“ Je veux être
commandé ”
Ainsi, l'on constate que les hiérarchies
sont insidieusement remises en cause, non seulement
les plus naturelles comme celles des parents et des
professeurs, mais aussi celles qui prévalent
dans l'entreprise, dans l'administration, dans la
société en général. Certains
s'en réjouissent, persuadés d'y voir
une forme de libération individuelle. Laissons
alors ce jeune délinquant de dixhuit ans envoyé
“ se réinsérer” dans un
village de vacances leur répliquer par cette
phrase terrible: “ Depuis cinq ans, je veux
être commandé20. ”
Ce mal a atteint aussi les pouvoirs
publics. Ayant perdu son autorité, l'État
n'est plus l'instrument de la puissance souveraine
de la nation capable d'imposer la volonté nationale.
Tantôt il se fait l'arbitre des lobbies et des
féodalités et se contente de consacrer
le fruit de leurs négociations. Ainsi procéda
M. Séguin, ministre des Affaires sociales de
1986 à 1988: transformés en projets
de loi, les accords patronat-syndicats étaient
votés par le Parlement, ravalé par ce
biais à un simple rôle notarial. Tantôt
il se réfugie derrière des commissions
de sages ou des juridictions administratives pour
ne pas avoir à décider lui-même:
c'est ce que fit M. Jospin à l'automne 1989,
lorsqu'il saisit le Conseil d'État sur la question
du tchador à l'école.
Dans tous les cas, il s'agit
d'une dégénérescence du pouvoir.
Georges Pompidou disait: “ Gouverner, c'est
contraindre21. ” Quant au politologue Julien
Freund, il précise: “ C'est agir contre
la loi même de la politique que d'exclure d'emblée
l'exercice de la puissance en faisant par exemple
d'un gouvernement un simple lieu de concertation ou
une simple instance d'arbitrag22. ”
Dans ce contexte, la loi n'apparaît
plus comme l'expression souveraine de la volonté
du peuple mais comme un ensemble de règles
juridiques traduisant l'état actuel des relations
sociales. La transgresser n'est donc plus une atteinte
à l'intérêt général.
Est-ce encore moralement condamnable? Pour beaucoup,
il s'agit d'une simple tricherie du genre de celle
que l'on commet dans les jeux de société.
Mais la conclusion s'impose alors d'elle-même:
la loi perd de sa force et de sa rigueur.
Les héros oubliés
Dès lors faut-il s'étonner
si les grandes institutions voient pâlir leur
prestige et leur autorité? Chacune d'elles
incarne pourtant une valeur fondatrice de notre société,
le savoir, la justice, le courage ou le sacrifice.
Si celles-ci s'effacent, ce sont l'école, l'institution
judiciaire et l'armée qui s'en trouveront affaiblies.
En réalité, l'école
n'est plus le lieu incontesté et respecté
de la transmission du savoir. Les maîtres et
les professeurs, il est vrai sous-payés et
prolétarisés, ont laissé l'empire
syndical de la FEN développer dans le monde
de l'enseignement des entreprises politiques partisanes
et des projets pédagogiques délétères.
Résultat: ils ont perdu de leur ascendant et
l'école n'assure plus la mission qui devrait
être la sienne dans la société
française.
La justice impose de moins en moins
le respect, la crainte et la confiance. En diminuant
la sévérité des condamnations,
en atténuant les effets de la responsabilité
des criminels et des délinquants, en déniant
toute signification sacrée de réparation
aux peines, la justice a perdu de son autorité.
S'agit-il encore de dire le droit, d'énoncer
des principes fondateurs, de défendre la société
et ses valeurs ou de se borner à gérer
les conflits et les antagonismes de la société?
Quant à l'armée et à
la gendarmerie, également sousrémunérées,
dépourvues des moyens nécessaires à
l'accomplissement de leurs missions, elles ne sont
plus reconnues pour le rôle qu'elles sont censées
jouer ni pour les qualités qu'elles se doivent
d'incarner.
Aussi, lorsque les valeurs se diluent
et que les institutions se relâchent, le monde
devient trouble. Les individus le parcourent, délivrés,
nous dit-on, en réalité désorientés
comme des naufragés sur l'océan qui
ne distinguent plus le ciel de la mer et ne savent
plus où se diriger.
A quoi bon l'honnêteté
si celle-ci n'est pas honorée et si le voleur
n'est pas sévèrement puni? Pourquoi
le courage, quand la société est organisée
pour s'en passer? A quoi bon le dévouement
à la communauté si cette dernière
n'existe plus ? A quoi bon aussi le sens de l'honneur
quand celui-ci est désormais volontiers tourné
en dérision? D'autres exemples pourraient illustrer
ce propos: pourquoi respecter les institutions si
celles-ci se dégradent d'elles-mêmes?
Comme reconnaître ses supérieurs et se
faire obéir de ses subordonnés lorsque
le discrédit est partout jeté sur les
relations hiérarchiques? Pourquoi, enfin, les
jeunes gens rêveraient-ils de devenir des héros
si les hommes glorieux qui les ont précédés
sont à présent oubliés de la
plupart de nos contemporains?
Le complexe de Narcisse
Que reste-t-il de la nation, de ses
valeurs, de ses normes et de ses institutions lorsque
le matérialisme triomphant est passé,
tel un rouleau compresseur? Une société
déstructurée et affaiblie d'où
émerge l'individu roi. Non pas la personne,
expression achevée de l'homme européen,
personnalité unique et enracinée dans
sa communauté, mais un élément
issu de la masse, un être indifférencié
noyé dans un ensemble sans lien ni fraternité.
Se développe alors une “ foule solitaire
”, selon l'expression du sociologue américain
David Riesman23, c'est-à-dire l'agrégation
d'individus qui, bien que regroupés sur un
même sol, demeurent étrangers les uns
aux autres.
C'est le triomphe du narcissisme,
du “ moi je” sans scrupules et sans retenue
qui se détourne de l'intérêt du
groupe et de ses membres. Bernard Kouchner notait
avec justesse que notre quart monde est plus malheureux
que les pauvres du tiers monde, car “ là-bas,
il n'y a pas de protection sociale, mais les connivences
claniques, les solidarités familiales, les
initiatives individuelles protègent les hommes.
On se soutient plus, on se reconnaît. Ici, malgré
les manques, la protection sociale reste efficace,
mais on se méfie les uns des autres, on reste
à distance24 ”.
Chez nous, la montée du matérialisme
a en quelque sorte suscité un hédonisme
radical qui pousse les individus à ne se reconnaître
que des droits et à se détourner des
devoirs. Il en résulte une dislocation sociale:
l'idéologie narcissique ne reconnaît
une communauté que réduite à
des atomes sociaux et des individus que s'ils sont
préoccupés de leur bonheur individuel.
C'est ainsi qu'une enquête publiée dans
l'Express sous le titre révélateur de
“ Génération cocon ” montre
que la “réussite professionnelle et familiale
constitue désormais l'idéal majoritaire
de la jeuness25 ”.
L'individualisme narcissique ouvre
ainsi la voie à la société d'indifférence,
et il n'est donc pas étonnant, dans ce contexte,
que nos pauvres du quart monde soient psychologiquement
plus malheureux que ceux du tiers monde. Si les hommes
perdent le sentiment d'appartenir à une communauté,
ils abandonnent dans le même temps l'ordre de
valeurs qui lui est rattaché. Et plus rien
ne s'oppose à la montée d'un égoïsme
total. Faut-il dès lors
s'étonner de la chute de la natalité?
Le repli sur soi, le désintérêt
pour la patrie conduisent au refus de donner la vie.
Et que dire de l'avortement qui amène beaucoup
de femmes à interrompre une grossesse sans
s'interroger sur la nature de l'acte qu'elles commettent?
Paris à Singapour
Derrière cet individualisme
excessif réapparaît en filigrane l'idéologie
socialiste officielle. “ Après avoir
défendu le citoyen, puis le travailleur, quel
droit voulons-nous faire reconnaître?”
s'interroge le sociologue de gauche Alain Touraine
avant de fournir la réponse: “ la defense
de l'individu26 ”.
Certains alors objecteront: comment
peut-on faire à la gauche à la fois
le grief du collectivisme et celui de l'individualisme?
Ne faut-il pas au contraire se réjouir qu'elle
prenne en compte l'échelon individuel? En réalité,
le narcissisme que nous décrivons va de pair
avec la massification de la société.
Qui dit collectivisation dit destruction des communautés
naturelles et de leur système de valeurs. Dès
lors, l'homme n'a plus d'attache et se trouve réduit
à l'état d'atome social. Le decrescendo
de M. Touraine est à cet égard très
révélateur. Le citoyen renvoie à
la nation, le travailleur à l'entreprise, mais
l'individu, à quelle communauté renvoie-t-il?
Paradoxalement, comme l'explique Alexandre
Zinoviev, c'est précisément dans les
sociétés communistes que l'homme, totalement
déraciné, adopte un comportement individualiste
outrancier au point de devenir un rat pour ses congénères,
hargneux et indifférent. Le marxisme, en voulant
systématiquement casser toutes les structures
sociales afin de faire naître l'homme nouveau,
pousse en effet à l'abrasion des valeurs et
au dénigrement des institutions traditionnelles.
Il dénie aux individus leur passé, leur
identité, il les pousse en un réflexe
d'autodéfense au repli égoïste
sur eux-mêmes.
Notons, pour une parfaite objectivité,
que certaines déviations du libéralisme
conduisent également au même résultat.
Certes, celui-ci ne porte pas atteinte aux libertés
ni n'engendre le totalitarisme, mais, mal compris,
conçu non seulement comme une doctrine économique,
mais plus globalement comme une vision de la société,
il suscite la dissolution des cadres traditionnels
de vie. Prônant la prééminence
de l'économique, dévalorisant ce qui
n'est pas quantifiable et tendant par là même
à réduire les relations sociales à
des transactions commerciales, il assure l'avènement
de la société marchande et le règne
du narcissisme.
Aujourd'hui, le cosmopolitisme crée
des situations similaires. Rien d'étonnant
à cela, car, en supprimant toute référence
à ce qui constitue l'identité nationale,
le mondialisme laisse les individus seuls en face
d'euxmêmes. Sans quitter son domicile, en continuant
d'habiter la maison de ses ancêtres, on peut
aujourd'hui devenir progressivement étranger
là où l'on vit : c'est le cas de ces
Français du quartier Barbès qui se retrouvent
à Alger sans même avoir déménagé
ou de ceux du XIIIe arrondissement de Paris propulsés
à Singapour sans être sortis de chez
eux. Que peuvent faire ces personnes, sinon se replier
sur elles-mêmes, c'est-à-dire opérer
une sorte de rapatriement des valeurs à l'intérieur
du cercle limité de la bulle familiale? On
comprend alors mieux pourquoi Jacob Burckhardt définit
le cosmopolitisme comme “l'un des degrés
les plus élevés de l'individualisme27
”.
Le défi du XXe siècle
Le matérialisme
triomphant et ses oeuvres, la société
marchande, l'érosion des valeurs, le relâchement
des institutions et la montée d'un individualisme
outrancier menacent notre société. Ils
brisent les nobles élans du peuple et de la
nation, qui perdent ainsi le sens de la survie et
la volonté de se donner un destin dans l'histoire.
Sans doute sont-ils au cour de ce
déclin dont certains se demandent s'il n'a
pas déjà saisi de son étreinte
mortelle la France et sa civilisation.
Le XXIe siècle sera spirituel
ou ne sera pas, d'autres l'ont déjà
dit.
Avec notre peuple, relevons ce défi!
1. Jean Baudrillard, le Système des objets,
Gallimard, 1968.
2. Jean Baudrillard, la Société
de consommation, Gallimard, rééd. 1986.
3. Ernest Renan, Dialogues philosophiques,
II, p. 66.
4. Guy Hocquenghem, Lettre ouverte
à ceux qui sont passés du col Mao au
Rotary, Albin Michel, 1987.
5. Le Figaro, 18 octobre 1989.
6. Le Nouvel Observateur, juillet
1969.
7. Identité, n° 3, sept.-oct.
1989.
8. Dominique Jamet, Lettre ouverte
à la droite la plus mal à droite
du monde, Albin Miche!, 1983.
9. Pierre Rosanvallon, la Crise de
l'État-providence, éd. du Seuil, 1981.
10. François-Bernard Huygue,
la Soft-Idéologie, Laffont, 1987.
11. François Perroux, le Capitalisme,
PUF, coll. “ Que sais-je ? ”.
12. François Léotard,
intervention à l'Assemblée nationale,
23 octobre 1986.
13. François-Bernard Huygue,
op. cit.
14. Actuel, n° 74.
15. L'Événement du Jeudi,
12-18 décembre 1985.
16. Paris-Match, n° 2533.
17. Alain Mmc, la Machine égalitaire,
Grasset, 1987.
18. Le Figaro-Magazine, 19 octobre
1985.
19. Le Monde, 7 janvier 1986.
20. Le Monde, 13juillet 1982.
21. Georges Pompidou, le Noeud gordien,
Pion, 1973.
22. Julien Freund, préface
à la Notion de politique, Caimann-Lévy,
1972.
23. David Riesman, la Foule solitaire,
Arthaud, 1971.
24. Le Monde, 11 janvier 1989.
25. L'Express, 30 décembre
1988.
26. Le Monde, 17 janvier 1989.
27. Cité par Alain Laurent,
De l'individualisme, PUF, 1985.