La politique française est
en pleine mutation. Sous la poussée des idéologies
du déracinement, les menaces se précisent
et les enjeux politiques se clarifient. Des forces
anciennes s'étiolent, incapables de relever
les défis d'aujourd'hui. Des forces nouvelles
s'affirment, plus adaptées aux combats actuels.
L'opinion n'en a pas pleinement conscience, mais derrière
le brouillage des médias se dessine un nouveau
paysage politique.
La vague rose
En 1981, la France avait déjà
connu un séisme de grande amplitude. Pour la
première fois depuis 1958, la gauche gagnait
une bataille électorale de première
importance et investissait les institutions de la
République.
Pourtant, l'élection de François
Mitterrand n'a pas été une victoire
socialiste, mais plutôt une défaite de
la droite. Aux élections législatives
de juin 1981, la vague rose donne au PS une majorité
absolue à l'Assemblée nationale. Mais
ce succès est obtenu avec un score inférieur
de 377 000 voix à celui de 1978 qui avait pourtant
maintenu la droite d'alors dans sa position majoritaire.
Le raz de marée socialiste du printemps 1981
cache avant tout un effondrement du RPR et de l'UDF.
Le PS chez Gramsci
On a beaucoup écrit sur les raisons de cette
défaite. Mais l'essentiel tient en cette formule:
le régime giscardien faisait de la gestion
économique pendant que la gauche menait le
combat idéologique. L'erreur de la droite d'alors
est donc celle-là même qu'Antonio Gramsci
reprochait aux communistes dans les années
vingt: croire que l'on peut conquérir le pouvoir
politique sans avoir préalablement investi
la société civile.
La gauche socialiste, au contraire,
avait parfaitement compris qu'il n'y a pas de majorité
politique sans majorité idéologique
et qu'avant de gagner la bataille des urnes il faut
remporter celle des idées. N'est-ce pas Jacques
Attali qui l'affirmait: « L'enjeu de société
n'est pas un enjeu économique ni même
politique mais fondamentalement culturel' »?
Et la gauche ne se privera pas d'investir le domaine
culturel. « Dans l'école, à l'université,
dans les milieux artistiques et dans la plupart des
activités qui diffusent une manière
générale de voir et de sentir, qui orientent
les moeurs et imprègnent les cours, c'était
la gauche qui dominait religieusement », constatait
Louis Pauwels, et il concluait: « Les gouvernements
de droite n'étaient plus en réalité
que des contrepouvoirs aux défenses faibles,
tantôt résistant de biais, tantôt
cédant ouvertement au pouvoir culturel2. »
Le Canossa idéologique
A l'inverse de la gauche, la droite s'enfermait dans
des préoccupations exclusivement économistes.
Et, ce faisant, elle se plaçait en situation
d'infériorité dialectique. Quels que
fussent les succès de sa gestion, ils étaient
toujours insuffisants face à une gauche démagogique
qui pratiquait sans scrupules la surenchère
et n'hésitait pas à dénoncer
le RPR et l'UDF comme les responsables des injustices,
des inégalités, de la misère
et du chômage. Selon la formule de Raymond Aron,
« la majorité parlait gestion et l'opposition
parlait politique3». Résultat: la droite
privée d'un discours idéologique qui
lui soit propre en est venue à utiliser celui
de son adversaire. Culpabilisée et hypnotisée
par la gauche, elle s'est mithridatisée en
faisant un peu de socialisme pour éviter beaucoup
de socialisme. Hélas, la méthode n'a
pas fonctionné comme un vaccin: au lieu d'immuniser
le patient, elle l'a infecté.
C'est ainsi que le taux des prélèvements
obligatoires dépassa bientôt les 40 p.
100, seuil pourtant défini par M. Giscard d'Estaing
lui-même comme marquant le passage au socialisme.
Et sur le plan des idées, la droite, faute
de doctrine, se mit à flirter avec la gauche.
A l'Assemblée nationale, Raymond Barre faisait
l'éloge de Jaurès et de Blum. Le président
de la République invitait à sa table
Glucksmann et Bernard-Henri Lévy. La droite
était allée au Canossa idéologique.
Elle ne combattait plus le socialisme puisqu'elle
en adoptait les valeurs. Elle se comportait désormais
comme s'il lui était impossible de dégager
une vue du monde globale et cohérente; comme
si elle était incapable de produire un point
de vue, une éthique, une idéologie ordonnant,
au-delà des tactiques politiques, une perspective
à long terme susceptible de rallier les adhésions
et de faire renaître l'espoir. Et Alain Griotteray
de confirmer sans ambages: « Surtout pas de
doctrine! tel semblait être le mot d'ordre4.
»
Pourtant, dès le lendemain
de l'élection de 1981, les causes de l'échec
étaient claires: la politique réduite
à la gestion, la non-participation au combat
des idées, le ralliement aux thèses
socialistes, le refus de l'affrontement et l'absence
de doctrine.
Vivement demain !
On pouvait alors penser que la défaite conduirait
la nouvelle opposition à corriger ses erreurs
et que le cataclysme de mai 1981 provoquerait à
droite un bouillonnement de réflexions, de
remises en cause, d'initiatives et de réformes
salvatrices. Cette saine réaction semblait
d'autant plus facile que, de leur côté,
les socialistes, malgré leur victoire, se heurtaient
à de graves difficultés. Il leur fallait,
comme nous l'avons vu, adapter leur idéologie
à leurs nouvelles responsabilités.
Que se passa-t-il alors? Le gouvernement
Mauroy mit en oeuvre le programme archaïque prévu
dans les « iøi propositions » de
M. Mitterrand. Belle aubaine pour le RPR et l'UDF
qui engagèrent aussitôt un combat d'opposition
vigoureux et populaire contre les menées socialistes.
Celles-ci concernaient essentiellement l'étatisation
du secteur économique et social, et c'est donc
très légitimement sur ce terrain que
la droite engagea le fer contre le PS. Poussée
par les milieux économiques, influencée
par l'exemple de M. Reagan et de Mme Thatcher et alimentée
par certains clubs comme Printemps 86, elle dégagea
une doctrine libérale qu'elle érigea
en programme politique: privatisation, déréglementation,
réduction des charges, recul général
de l'État.
C'est dans ce contexte que des élections
partielles donnèrent l'avantage à la
droite et que les sondages annoncèrent son
retour au pouvoir. Est-ce en raison de ces heureuses
perspectives? Est-ce par incapacité congénitale?
Toujours est-il que le RPR et l'UDF ne poussèrent
pas plus loin leur remise en question et se contentèrent
d'attendre les élections de 1986. « Vivement
demain! » affichaient-ils sur les murs de France.
Leurs propositions économiques
ne furent accompagnées d'aucun véritable
programme sur les questions de société.
Le positionnement idéologique et la reconquête
culturelle ne furent pas évoqués et
aucune réflexion prospective ne fut menée,
pas plus que ne fut définie une stratégie
à long terme. L'opposition d'alors ne comprit
pas que ses modèles anglo-saxons, Reagan et
Thatcher, tenaient leur succès autant de leur
attachement aux valeurs traditionnelles que de leur
engagement libéral. Une fois de plus, le RPR
et l'UDF restèrent sur le terrain strictement
économique et social sans se rendre compte
que les socialistes organisaient, de leur côté,
leur mutation idéologique et lançaient
l'offensive sur le terrain moral des droits de l'homme.
Une fois encore, la droite classique retardait d'une
guerre. Aussi, lorsque la victoire attendue de 1986
arriva, elle ne sut pas l'exploiter et elle commit
les deux erreurs majeures qui ont fait basculer la
scène politique française.
L'arroseur arrosé
Dès le 2 avril 1986,
jour d'ouverture de la nouvelle législature,
Jacques Toubon, alors secrétaire général
du RPR, lançait à l'intention des députés
nationaux : « Messieurs, vous êtes dans
l'opposition! » En décidant de limiter
sa majorité aux seuls élus RPR et UDF,
M. Chirac tombait dans le piège tendu par les
socialistes et commettait sa première erreur
stratégique.
Car rejeter le mouvement national,
c'était engager le processus de diabolisation
contre lui. Jusque-là, les critiques venaient
essentiellement de la gauche. Elles étaient
donc normales comme sont légitimes les attaques
verbales entre adversaires politiques. Mais, du jour
où le RPR et l'UDF ont commencé à
hurler avec les loups socialistes, les critiques ont
changé de nature. Se faisant quasi unanimes,
elles ne relevaient plus des invectives politiques
ordinaires, elles devenaient des anathèmes.
« Il n'y a pas de fumée sans feu »,
dit l'adage populaire, « si tous le disent,
c'est que leurs accusations sont fondées: ils
ne sont pas fréquentables ». Ainsi la
droite institutionnelle est-elle directement responsable
du phénomène d'exclusion dont est victime
le mouvement national. Mais, de tout l'échiquier
politique, c'est elle qui en subit les conséquences
les plus néfastes. L'arroseur est arrosé.
En effet, obligée de prendre
ses distances avec le mouvement national, la droite
classique a dû renoncer à une partie
de son programme pour ne pas se trouver en convergence
avec lui. Elle a donc été repoussée
vers le centre, et même au-delà, puisque,
en lançant contre lui des critiques idéologiques
analogues à celles de la gauche, elle s'est
progressivementrapprochée de cette dernière.
Résultat: elle a commencé à perdre
ses soutiens et s'est placée dans une impasse
électorale, car l'accord avec le mouvement
est frappé d'interdit mais, sans lui, il n'y
a plus de majorité à droite! Le piège
s'est refermé; pour avoir exclu le mouvement
national du débat institutionnel, les partis
de la droite classique se sont eux-mêmes exclus
du pouvoir.
Silence, on enterre !
Pourtant, en cette période critique de la fin
de l'année 1986, rien n'était joué.
Tout était encore possible pour la droite institutionnelle
lorsque M. Chirac a commis sa deuxième erreur,
fatale celle-là: début 1987, il capitule
devant la gauche et abandonne les réformes
de société pour lesquelles il avait
obtenu une majorité à l'Assemblée.
Les manifestations de jeunes, largement
encadrées par l'extrême gauche, et l'exploitation
médiatique de la mort de Malik Oussekine auront
raison de la détermination de Jacques Chirac
et des convictions du RPR et de l'UDF. Dès
ce moment, tout bascule: la loi Devaquet, prétexte
des troubles, est abandonnée. Quant aux autres
projets, ils sont renvoyés aux calendes grecques
sous le prétexte pudique qu'une pause est nécessaire.
« Réformes: jeux interdits. Silence,
on enterre» titrera l'Express5. De fait, c'est
bien d'un enterrement qu'il s'agit, celui du programme
électoral de M. Chirac.
Sur le plan économique: fini
le libéralisme pur et dur! Les privatisations
sont gelées, la déréglementation
n'ira pas plus loin. Le discours se retourne, les
anciens mots reviennent. Dans une étude6 sur
le vocabulaire du Premier ministre, publiée
en décembre 1987, on apprend que le terme «social»
est le plus utilisé avec celui de «solidarité».
M. ChabanDelmas évoque à nouveau la
nécessité de faire « la chasse
aux inégalités7 » et M. Giscard
d'Estaing, toujours friand de formules, évoque
quant à lui «le libéralisme à
chaleur sociale». Notons d'ailleurs que tous
ces propos sont rarement suivis d'effets pour les
familles françaises les plus démunies.
Quoi qu'il en soit, le RPR et l'UDF reviennent à
leurs positions traditionnelles d'avant 1981, mais
cette fois ils rencontrent en chemin les socialistes
qui, abandonnant leurs anciens oripeaux idéologiques,
ont fait route dans leur direction. Laurent Fabius
pourra plus tard en tirer l'enseignement et parler
d'un «basculement idéologique»
en faveur des «thèses sociales-démocrates8».
On ne le lui fait pas dire...
En communion avec Harlem
Pourtant, l'essentiel est ailleurs! Il est dans le
ralliement de la droite institutionnelle à
la Nouvelle Idéologie Socialiste. Pendant les
deux années qui les voient au pouvoir, les
tenants du RPR et de l'UDF se lancent dans la surenchère
cosmopolite. Prétendant ne pas laisser à
la gauche le monopole des bons sentiments, ils recommencent
en fait les mêmes erreurs qu'avant 1981.
Dès septembre 1987, M. Chirac
se fait le chantre d'«une France ouverte, pluraliste
etmultiraciale9 ». Il est vrai qu'en 1988 il
ira plus loin en précisant: «L'heure
est plus que jamais à l'intégration
dans la communauté nationale, mais cette intégration,
chacun en est conscient, ne doit pas s'accompagner
de la perte des identités propres, qu'elles
soient culturelles ou religieuses, au risque d'un
appauvrissement de notre pays10 » Même
les soi-disant « durs » entonnent ce chant.
M. Pasqua expliquera à Colmar que « la
France est une terre d'assimilation et d'intégration"
» et M. Aurillac avouera « être
en parfaite communion d'idées avec Harlem Désir
sur la nécessité de l'intégration
des immigres12 ». Quant aux jeunes du RPR, ils
vont encore plus loin, comme Thierry Baudrier, l'un
de leurs dirigeants, qui affirme: « Harlem Désir?
Il parle notre langage. Je me reconnais dans ce qu'il
dit. Mais ce qu'il dit, nous, on le fait13. »
Sur ce point, il a raison. La réforme
du code de la nationalité sera abandonnée.
Le charter des cent un Maliens restera sans lendemain
et le lobby de l'immigration aura droit à tous
les encouragements: SOS-Racisme reçoit 350
000 francs de MM. Séguin et Maihure14.
Le MRAP et la LICRA sont subventionnés pour
l'organisation d'un colloque sur le racisme. M. Chalandon
adresse au Parquet une circulaire incitant les magistrats
à prendre l'initiative dans les poursuites
contre les actes racistes. MM. Maihuret et Monory
prévoient
d'amputer d'un tiers le programme d'histoire des classes
de seconde pour y introduire l'enseignement des droits
de l'homme. Les socialistes n'auraient pas fait mieux.
D'ailleurs, ils ne feront pas mieux que le rapport
Hannoun!
Publié en décembre 1987,
ce document sur le racisme en France et les moyens
de le combattre s'inspire directement de l'idéologie
cosmopolite. Il propose de donner aux immigrés
des avantages financiers dont les citoyens de souche
seraient exclus. D'autre part, il cherche à
familiariser les Français avec la culture islamique:
introduction de la langue arabe dans les concours
administratifs, émissions de télévision
sur les cultures africaines. Bref, ce rapport admet
et encourage la société multiculturelle
prônée par les socialistes. Or ce document
recueille l'assentiment du Gotha RPR. Il a été
rédigé par le secrétaire national
de l'époque aux questions de société.
Il a reçu l'approbation de M. Toubon, alors
secrétaire général du RPR, et
celle de M. Chirac en tant que Premier ministre.
A l'Assemblée, il est ovationné par
la quasi-totalité des députés
RPR-UDF. Quant à M. Séguin, il assure
que «le gouvernement mettra en oeuvre rapidement
seize des cinquante-trois propositions du rapport15».
Dès lors, le RPR et l'UDF ont
basculé. Ayant rallié l'idéologie
cosmopolite du PS, ils se trouvent politiquement neutralisés.
Les erreurs d'avant 1981, reproduites à plus
grande échelle pour 1988, provoquent le même
résultat: la déroute de la droite aux
présidentielles.
PPF en recomposition
Ces événements
ont cependant des conséquences beaucoup plus
importantes que la seule défaite de MM. Chirac
et Barre. Ils déterminent ce qu'il est convenu
d'appeler dans le jargon médiatique la recomposition
du paysage politique français (PPF).
Les erreurs commises par les partis
de la droite classique résultent de leur incapacité
à déjouer les pièges que leur
tend la gauche et à résister à
sa pression idéologique. Si M. Chirac a entrepris
la diabolisation du mouvement national, c'est par
crainte d'être lui-même diabolisé
par les socialistes. S'il a renoncé à
poursuivre ses réformes, c'est sous la pression
de la gauche. S'il s'est rallié aux thèses
cosmopolites, c'est parce qu'il n'a pas de doctrine
à opposer au socialisme.
Au cours de ces deux années
cruciales, ce sont en réalité M. Mitterrand
et ses amis qui auront mené le jeu. Sans être
au gouvernement, ils auront conservé l'initiative
et commencé à engranger les fruits de
leur redéploiement idéologique.
En abandonnant ses thèses dures
sur la rupture avec le capitalisme et l'étatisme
triomphant,en se ralliant aux charmes insipides de
la social-démocratie tout en développant
un discours nouveau et offensif de cosmopolitisme
militant, le socialisme a réussi à modifier
à son profit la configuration du champ de bataille
politique et à prendre ses adversaires à
contre-pied!
De ces bouleversements de grande ampleur,
une situation politique nouvelle est en train de naître
qui explique les reclassements que l'on constate aujourd'hui.
La forteresse neutralisée
Premier phénomène:
le désarroi du RPR et de l'UDF. Il s'explique
par leur inaptitude à comprendre la manoeuvre
socialiste.
Sur le terrain économique et
social, champ traditionnel de leur affrontement avec
la gauche, les antagonismes se sont considérablement
atténués puisque les deux camps se retrouvent
sur des positions sociales-démocrates. Comme
le dit M. Séguin: « Il n'y a plus, entre
nous, de différences quant aux objectifs, seules
certaines méthodes nous différencient.
» Fort bien, mais sur l'autre front, sur celui
des questions de société, là
où le socialisme a lancé sa nouvelle
offensive, le RPR et l'UDF, nous venons de le constater,
loin de s'opposer au PS, se sont ralliés à
ses thèses, pratiquant même la surenchère.
La conclusion s'impose: la droite
institutionnelle est politiquement neutralisée.
Elle n'incarne plus une véritable alternative
idéologique au socialisme. Elle n'a plus d'identité
politique. Elle n'a plus de projet qui lui soit propre.
En d'autres termes, elle n'a plus de raison d'être.
Elle se comporte comme ces mauvais
défenseurs d'une forteresse assiégée
qui continuent de se battre sur la face nord, alors
que l'assaillant monte à l'assaut de la face
sud, et qui laissent l'ennemi envahir la place sans
même s'en rendre compte, préoccupés
qu'ils sont de repousser une attaque de diversion.
Les ténors du RPR et de l'UDF cumulent deux
erreurs: les uns continuent de vouloir s'en prendre
aux vieilles lunes du socialisme archaïque et
multiplient les critiques de détail contre
le programme économique du gouvernement, les
autres affichent triomphalement leur adhésion
à l'idéologie cosmopolite et approuvent
globalement la politique du pouvoir en matière
d'immigration. Dans les deux cas, ils desservent leur
cause. Les uns donnent un coup d'épée
dans l'eau, les autres un coup de pouce au socialisme.
La crise des partis de la droite classique
ne se réduit pas à celle des hommes
ou des structures. Elle est plus profonde, car elle
résulte de l'impasse idéologique et
politique dans laquelle ils se sont engagés.
L'horreur du vide
Dans le même temps, on assiste à la montée
du mouvement national. Cette émergence s'explique
facilement: la grande offensive lancée par
le socialisme cosmopolite ne trouvant plus pour la
contrer l'opposition du RPR et de l'UDF, et la politique,
comme la nature, ayant horreur du vide, ce courant
s'est développé en occupant leur place
sur ce nouveau front.
Le redéploiement idéologique
du PS et l'inertie de la pseudo-droite ont ainsi provoqué
un renversement dans l'ordonnancement des forces politiques.
Autrefois, le combat s'organisait selon l'axe PC-PS
contre UDF-RPR sur le schéma: étatisme
contre libre entreprise. Aujourd'hui, il est en passe
de se réordonner autour de l'axe socialistes
contre nationaux sur le thème: tenants du cosmopolitisme
contre défenseurs des identités.
Voilà pourquoi le mouvement
national existe et se développe. Il occupe
dorénavant une position stratégique
essentielle. Il ne peut donc pas être ce feu
de paille que certains prétendent; sa position
sur l'échiquier politique le destine au contraire
à devenir une grande force populaire vouée
à jouer un rôle déterminant dans
les années à venir.
Les fondations sous
les décombres
Le troisième phénomène
marquant est celui de l'abstention massive aux élections.
Certes, le désintérêt des Français
à l'égard du vote et de la politique
trouve ses racines dans la dégénérescence
de la démocratie. Les électeurs, on
l'a dit, ont les meilleures raisons de prendre leur
distance à l'égard d'un établissement
de plus en plus gangrené.
Pourtant, le flottement de l'opinion
est sans doute d'abord la conséquence des mutations
politiques en cours. Beaucoup d'électeurs ont
remarqué que les anciennes oppositions entre
le PS, d'une part, l'UDF et le RPR, de l'autre, se
sont estompées. Mais ils n'ont pas encore perçu
de quelle façon la vie politique va se restructurer
et quels seront les nouveaux antagonismes. Ils ont
donc devant les yeux un paysage confus et ne discernent
pas encore, sous les décombres de l'ancien
édifice, les fondations du bâtiment en
construction. Indécis et perplexes, ils se
réfugient dans l'abstention ou dans ce qui
leur apparaît comme délibérément
neutre: le parti des Verts.
Notons que le caractère trouble
de cette période de transition est encore accentué
par les reclassements d'électeurs. Si le mouvement
national recueille des voix venant de tous les horizons
politiques, y compris de la gauche, c'est justement
parce que certains Français qui se sentaient
proches du PS ou du PC sur les questions économiques
et sociales se trouvent maintenant en accord avec
lui sur la question nationale. Cet enjeu devenant
progressivement l'axe structurant du débat
politique, c'est en fonction de celui-ci qu'ils se
déterminent de plus en plus souvent. D'où
les transferts de voix.
Ainsi se dessinent les montagnes naissantes,
les déserts arides et les marécages
brumeux du nouveau paysage politique français.
Encore en gestation, celui-ci
se précise peu à peu et, pour l'imaginer,
il suffit d'évaluer les atouts et les handicaps
des forces en présence.
Le colosse aux pieds d'argile Les
socialistes sont apparemment en position de force.
Tous les pouvoirs constitutionnels sont entre leurs
mains. Ils sont à l'Élysée, à
Matignon. Ils disposent d'une majorité à
l'Assemblée nationale. Des hommes de gauche
occupent les postes clefs dans la plupart des institutions:
au Conseil constitutionnel, dans les médias,
dans les grandes entreprises. Ils bénéficient
de relais et de connivences idéologiques dans
les grandes féodalités bureaucratiques,
enseignantes, syndicales et médiatiques. Sans
compter les fameuses autorités morales et le
lobby de l'immigration qui ouvrent en osmose avec
eux. Pourconsolider encore cet édifice impressionnant,
le parti socialiste distille une idéologie
aussi conquérante que séduisante puisque
maintenant dissimulée derrière le masque
des bons sentiments et agitée comme un étendard
de ralliement et de consensus.
La forteresse est imposante. Elle paraît imprenable.
Pourtant, elle n'est pas sans points faibles.
Touchez pas !
Derrière cette apparence,
la gauche n'a plus rien à proposer. Son discours
relève davantage de l'incantation et de la
pensée magique que d'une construction doctrinale
cohérente: en dehors des mesures en faveur
des immigrés, il ne débouche sur aucun
programme d'action. Plus question de mettre en forme
une vision globale de la société susceptible
de mobiliser et de faire rêver.
Le socialisme est devenu une force
de conservation du système en place. Il n'appelle
plus àla « lutte » pour conquérir
de nouvelles « avancées sociales »,
il ne songe qu'à « défendre des
acquis ». Lors de l'élection présidentielle
de 1 988, M. Mitterrand insistera sur la nécessité
de « défendre les acquis de la République,
ceux de la démocratie, du socialisme16».
Déjà, le manifeste du 17 mars paru dans
le mensuel Globe à l'occasion des élections
législatives de 1986 s'intitulait d'une manière
significative: « Sur quoi nous ne céderons
pas ». Les socialistes sont sur la défensive,
la mobilisation du « peuple de gauche»
devient de plus en plus difficile et se fait en général
sur le front du refus avec comme mot d'ordre: «
Touchez pas ». La déclinaison est variée:
« Touchez pas à la Sécu »,
« Touche pas à mon pote », «
Touchez pas au code ». Cette liste n'est bien
sûr pas exhaustive.
M. Mitterrand est d'ailleurs d'autant
plus populaire qu'il ne fait rien. Quant aux concerts
rock, aux célébrations officielles et
aux éclats médiatiques, ils peuvent
encore abuser, mais, derrière les anathèmes
contre la xénophobie et les chants sur les
droits de l'homme, il n'y a plus qu'un régime
de privilégiés qui défend le
statu quo.
La génération
qui marche à côté de ses pompes
La position des socialistes
est d'autant plus difficile que leur nouveau discours
idéologique contredit leur comportement et
l'attente des forces qui les soutiennent.
Le décalage entre le contenu
moralisateur des déclarations publiques et
l'attitude concussionnaire d'une partie croissante
de l'établissement de gauche passe de moins
en moins inaperçu. Thierry Pfister, pourtant
lui-même socialiste et ancien collaborateur
de Pierre Mauroy, a rédigé un ouvrage
qu'il a intitulé de façon évocatrice:
Lettre ouverte à la génération
Mitterrand qui marche à côté de
ses pompes17. Le livre est entièrement consacré
à la dénonciation de cette gangrène
qui ronge le régime.
Certes, tout est fait pour cacher
au grand public les pratiques de l'oligarchie. Pourtant,
malgré la complaisance de nombreux médias,
les Français commencent à savoir. Et
l'opinion publique est toujours plus sévère
pour Tartuffe que pour les pécheurs ordinaires.
Par ailleurs, l'idéologie de
gauche a toujours été un instrument
de contestation sociale; comment ne pas la renier
tout en assurant la sauvegarde du système en
place? Toute la difficulté des gouvernements
socialistes réside dans cette interrogation.
Déjà, le pouvoir a connu des conflits
avec les catégories sociales qui constituaient
jusqu'à présent son socleélectoral.
Les membres du corps enseignant, bien que largement
embrigadés dans les organisations de la FEN
proches du pouvoir, n'ont pas hésité
à cesser le travail et à mener la fronde
contre M. Jospin, ministre de l'Éducation.
Dans l'administration, les employés des impôts,
fleuron du militantisme de gauche, ont organisé
une grève dure et longue contre le pouvoir
socialiste incarné par MM. Charasse et Bérégovoy.
Quant au port du tchador à l'école,
il a été l'occasion de graves dissensions
au sein du PS et a montré que la nouvelle idéologie
cosmopolite du gouvernement pouvait entrer en contradiction
avec les principes du socialisme traditionnel.
La force immobile
Plus grave encore, le pouvoir ne peut plus compter
sur un réel soutien populaire. D'ores et déjà,
les scores électoraux du PS se sont affaiblis.
Les élections européennes de 1989 n'ont
apporté à la liste de M. Fabius que
24 p. 100 des voix. Dès 1988, aux élections
législatives qui faisaient pourtant suite à
la victoire de M. Mitterrand, les candidats socialistes
ne totalisèrent au premier tour que 34 p. 100
des suffrages.
Sans doute est-on abusé par
la position personnelle de M. Mitterrand qui jouit
d'une cote de popularité élevée.
Mais le socialisme en tant que tel ne semble plus
en mesure de susciter de grands élans populaires.
Son ambition se tourne dès lors vers la mobilisation
et le développement des groupes de pression
qui le soutiennent. La Nouvelle Idéologie Socialiste
est d'ailleurs conçue avant tout pour séduire
les féodalités comme la syndicratie,
la médiacratie, le lobby de l'immigration.
Celles-ci, en raison de leur puissance dans la société,
des réseaux dont elles disposent et de leur
pouvoir d'influence sur l'opinion, peuvent encore
offrir au parti socialiste des succès de circonstance,
mais le courant de fond qui assure l'avenir semble
s'être tari. D'ailleurs comment pourrait-il
en être autrement alors que le personnage fétiche
de la gauche est maintenant incarné par M.
Tapie? Que ce soit un homme sans convictions, patron
affairiste, spécialiste du licenciement économique
et bateleur des médias qui soit aujourd'hui
l'étoile montante du PS en dit long sur la
dégradation des forces de gauche.
« Le socialisme ne peut se maintenir
qu'au prix de ses reniements, qu'au prix de remarquables
manoeuvres politiciennes et grâce à l'appui
de forces supplétives comme les lobbies et
demain, peut-être, le vote étranger [...].
Il n'obtient plus que des victoires par démission,
des victoires faciles sur des adversaires complexés
et manquant de discernement », observe Didier
Maupas, qui conclut: « M. Mitterrand peut bien
proclamer sur ses affiches "La France unie est
en marche ". Le socialisme, lui, reste pour longtemps
encore une force immobile que le mouvement des sociétés
dépasse. Ce décalage créera les
plus grosses tensions mais ouvrira aussi les meilleures
opportunités18.»
On n'est sûr de
rien
Gageons que ces occasions ne seront pas saisies par
le RPR et l'UDF auxquels il manque maintenant les
trois facteurs de la réussite politique: une
doctrine, une stratégie, des hommes.
Depuis longtemps, les idées
ont déserté les partis de la pseudo-droite.
On peut même se demander si les convictions
n'y ont pas cédé la place à un
simple pragmatisme aussi utilitaire qu'inconsistant.
C'est en tout cas le sentiment que donne M. Sarkozy,
pourtant député-maire de Neuilly et
bras droit de M. Juppé, lorsqu'il s'adresse
à l'auteur de cet ouvrage: « Je suis
fasciné par M. Mégret, je n'arrive pas
à comprendre la certitude qu'il a de détenir
le monopole de la vérité. En 1989, autant
de systématisme paraît extraordinairement
archaïque19.» Faut-il en conclure que M.
Sarkozy n'est sûr de rien ? Et, si tel est le
cas, au nom de quoi revendique-t-il les suffrages
des Français?
Le RPR avait pourtant à l'origine
une doctrine ou, à tout le moins, un ensemble
deprincipes qui lui venaient du gaullisme. Que sont-ils
devenus?
On y trouvait la notion de destin,
le refus de la fatalité, l'esprit de résistance
et de volonté qui poussait de Gaulle à
définir son entreprise comme « une forme
contemporaine de l'élan de notre pays ».
Que reste-t-il de cette grande idée après
la cohabitation, forme de compromission institutionnelle
contraire aux principes gaulliens et à l'esprit
de la Constitution telle que le fondateur de la ye
République l'avait voulue et pratiquée?
Le discours du général
de Gaulle faisait aussi référence à
la souveraineté populaire, au lien direct entre
le peuple et le pouvoir, toutes préoccupations
qui impliquent le refus du système des lobbies
et le rejet du régime des partis. Le RPR et
l'UDF ont abandonné ces beaux principes. M.
Chirac lui-même a soustrait la réforme
du code de la nationalité à l'appréciation
du peuple et de ses représentants en la confiant
à une commission irresponsable de prétendus
sages. Quant au régime des partis, il s'épanouit
comme jamais dans la nébuleuse RPR-UDF. Les
querelles d'hommes se multiplient, les tendances s'accentuent,
le clientélisme prospère et les apparatchiks
font la loi.
Notons enfin pour mémoire la
« certaine idée » que se faisait
de Gaulle de la nation française. Elle n'était
pas pour lui désincarnée mais enracinée
dans son identité. Elle était liée
à la grandeur, donc à la puissance et
à cette perspective historique qui donne du
souffle aux entreprises politiques. Qu'en reste-t-il
aujourd'hui? Peu de chose puisque ses descendants
politiques se sont ralliés aux thèses
de l'idéologie cosmopolite!
« Le drame de la mort, je me
demande si c'est la mort ou si ce sont les héritiers
», s'interrogeait le cardinal d'Espagne de Montherlant20.
Peut-être Charles de Gaulle aurait-il pu se
poser la même question?
Preuve de la profonde vacuité
idéologique du RPR et de l'UDF, ces principes
dont Raymond Barre affirme qu'« ils ne sont
pas gaullistes [mais] ceux que tout gouvernement doit
respecter pour le service du pays» ont été
délaissés par ceux dont ils constituaient
la seule armature doctrinale. Aujourd'hui, ils n'ont
donc plus rien à proposer.
Le triangle des Bermudes
Leur reste-t-il quelque chose à faire? Telle
est la question qui vient à l'esprit en méditant
sur l'impasse stratégique dans laquelle ils
sont engagés. Chacun sait qu'il ne faut jamais
se battre contre deux ennemis à la fois, ainsi
que l'avait théorisé Clausewitz. Or
la droite institutionnelle a ouvert deux fronts et
entend mener le combat à la fois contre le
parti socialiste et contre le mouvement national.
Cette voie est sans espoir, car elle repose sur le
postulat que ce mouvement restera sans lendemain.
Or il s'est solidement enraciné dans la vie
publique française, il a résisté
sans moyens à toutes les entreprises de déstabilisation
lancées contre lui et, surtout, l'analyse des
mutations politiques montre, comme nous l'avons vu,
que son émergence n'a rien de circonstanciel
ni de transitoire. En d'autres termes, le courant
national n'est pas une anomalie politique, mais le
fruit naturel d'évolutions irrésistibles.
Suivre une stratégie de troisième voie
entre le PS et le mouvement national revient donc
à se couper définitivement la route
vers le pouvoir. C'est s'engager dans une longue traversée
du désert qui pourrait bien décimer
les troupes et les électeurs, car elle ne débouchera
jamais sur la moindre oasis.
L’UDF et avec lui le RPR pourraient
alors choisir un autre chemin, celui que leur désignent
les «jeunes turcs »: la stratégie
centriste. « Jouons la convergence avec les
forces fréquentables du PS, écartons
chez nous et chez eux les extrémistes, et créons
ce grand groupe central que commande la raison. »
Comment ne voient-ils pas que cette voie est suicidaire
pour les partis de la fausse droite et ne ferait qu'accélérer
leur déclin? Elle placerait le conglomérat
RPR-UDF, qui pèse encore près de 35
p. 100 du corps électoral, sur un espace politique
qui n'a que très rarement représenté
plus de 10 p. 100 des Français. Le centre,
c'est le triangle des Bermudes. Lorsqu'on l'atteint,
on disparaît.
Tel est bien le terrible dilemme stratégique
auquel est confrontée la droite institutionnelle:
la traversée du désert ou le triangle
des Bermudes.
La moitié réduite
au quart
Les conséquences de cette
situation se sont déjà fait lourdement
sentir. Avant 1981, les partis de la pseudodroite
représentaient la majorité du pays.
Au lendemain des législatives de juin 1981,
ils incarnaient encore presque 50 p. 100 des Français.
Aujourd'hui, ils se félicitent lorsqu'ils atteignent
29 p. 100 des voix comme aux élections européennes
de 1989! Telle est l'ampleur du recul. Le RPR et l'UDF
ont changé de catégorie. Auparavant,
ils représentaient chacun la moitié
de l'électorat hostile à la gauche.
Aujourd'hui, c'est seulement en se regroupant qu'ils
réussissent à incarner la plus importante
des deux moitiés de la droite électorale.
L'autre fraction a dû être abandonnée
au mouvement national promu irrémédiablement
troisième force politique française.
Pour enrayer ce déclin, la
droite institutionnelle pourrait encore, il est vrai,
imaginer une troisième stratégie: l'entente
avec le mouvement national. Pour la réaliser,
il lui faudrait au préalable engager un processus
de dédiabolisation. Une telle démarche
n'est pas impossible. Notons qu'elle se ferait aujourd'hui
au bénéfice principal du courant lepéniste.
«Si maintenant le RPR et l'UDF parlent comme
le mouvement national, c'est qu'il avait raison. »
Ses thèses et ses hommes gagneraient un nouveau
crédit et sans doute une audience accrue dans
l'opinion. Quant aux partis de la droite classique,
ils y trouveraient une possibilité sérieuse
de retour au pouvoir et la France y puiserait peut-être
un espoir d'échapper au déclin.
Les rides sous le maquillage
Mais cette entente est-elle aujourd'hui possible avec
Mmes Barzach et Veil ou MM. Noir, Carignon, Baudis,
Maihuret, Séguin?
Le regain de la droite institutionnelle
ne peut pas venir des personnalités de la génération
montante. Elles ont beau s'affirmer à la fois
comme héritières et rénovatrices,
elles révèlent seulement que la relève
en hommes d'envergure n'est plus assurée.
Les « jeunes turcs » du
RPR et de l'UDF n'ont qu'un leitmotiv: « Faites
au plan nationalcomme nous avons fait dans notre ville.
» Mais on ne gouverne pas une nation comme on
gère une cité. On ne devient pas président
de la République comme on se fait élire
maire d'une grande commune. Aucun des chefs d'État
de la Ve République n'a d'ailleurs jamais été
l'élu d'une métropole. Souvenons-nous
de ce moment d'anthologie du mois de juin 1989: Michel
Noir en présidentiable à « L'Heure
de vérité » expliquant quelles
idées-forces les rénovateurs apportaient
à la vie politique: « Eh bien, nous proposons
par exemple des cours d'histoire de l'art dans les
lycées » ou, last but not least, «
l'entrée de la Pologne dans la CEE.»
Sans commentaire.
En réalité, ces pseudo-rénovateurs
n'ont apporté aucune contribution au redressement
de leur formation politique: rien sur la doctrine,
rien sur la stratégie. Ils n'ont fait qu'accentuer
les erreurs de leurs prédécesseurs.
Comme eux, ils refusent de désigner et de combattre
leur adversaire, comme eux ils affichent un comportement
moralisateur et consensuel sans songer à définir
leur identité politique propre. Ces hommes
ne sont que des fausses valeurs que l'on fait briller
artificiellement sous le feu des projecteurs de télévision
dont ils sont à la fois les jouets et les victimes.
Ils ravalent la façade de la droite institutionnelle,
mais l'immeuble qu'elle masque est sur le point de
s'effondrer. Eux que l'on présente comme des
jeunes alors qu'ils ont déjà atteint
l'âge mûr ne sont que les symboles de
l'établissement finissant: derrière
le fard de leur maquillage de scène, il n'y
a que les rides du système dont ils sont le
produit.
Une force nouvelle
1981 avait sonné le glas d'une époque.
Une ère nouvelle se prépare. Sans doute
ne sera-telle pas dominée par les anciennes
formations de la Ve République.
Aujourd'hui affaiblies, compromises,
prisonnières de leurs appareils et de leurs
clientèles, elles sont dépassées
par la marche du temps.
L'heure est venue pour une force politique
nouvelle.
1. Le Monde, 21 mai 1981.
2. Le Figaro-Magazine, 4 juillet 1981.
3. L'Express, 14 août 1985.
4. « Pourquoi la gauche ? »
la Revue des Deux Mondes, septembre 1981.
5. L'Express, 20 février 1987.
6. L Express, 6 décembre 1987.
7. Le Figaro, décembre 1986.
8. Le Monde, 27 novembre 1987.
9. Le Monde, 15 septembre 1987.
10. Le Monde, 13 janvier 1988.
11. Le Monde, 15 septembre 1987.
12. Le Monde, 25 août 1987.
13. Le Monde, 29 août 1987.
14. Le Figaro, 16juin 1986
15. L'Express, 11 décembre
1987.
16. Le Monde, 21 avril 1988.
17. Albin Miche!, 1988.
18. Didier Maupas, l'Idéologie
néo-socialiste, CdH, 28 mai 1989.
19. Valeurs actuelles, 26 juin 1989.
20. Henry de Montherlant, le Cardinal
d'Espagne, Gallimard, 1960.