Voilà donc mes convictions.
Certains, naturellement, pourront les contester et
souligner qu'elles sont loin d'être partagées
par une majorité d'observateurs politiques.
En sont-elles pour autant dépourvues de tout
fondement? Je ne le crois pas, car cette différence
d'appréciation s'explique très facilement:
nous entrons, en cette fin du XXe siècle, dans
une période de mutations considérables
dont beaucoup de Français ne mesurent peut-être
pas encore toute l'ampleur.
Une ère nouvelle
Songez-y pourtant ! Nous vivons
la fin d'une époque et le début d'une
ère nouvelle: les équilibres bâtis
au lendemain de 1945 s'effondrent, les forces politiques
issues de la Résistance se disloquent, les
schémas doctrinaux, les croyances et les tabous
hérités de la guerre se délitent.
Les enjeux économiques ou sociaux pour lesquels
la droite et la gauche se sont affrontées pendant
près d'un siècle sont aujourd'hui relégués
au second plan. Le communisme est à l'agonie
et, avec lui, le système socialiste inspiré
de la lutte des classes.
Un basculement idéologique
de grande ampleur a fait voler en éclats les
anciens schémas et a placé la question
de l'identité en tête des préoccupations
collectives. Aujourd'hui, c'est le même souffle,
celui du sentiment national, qui ébranle en
France l'établissement politicien et déstabilise
en Europe les régimes communistes.
De même que le débat
gauche-droite, entre une vision socialiste et une
conception libérale de la société,
est aujourd'hui dépassé, de même
le clivage Est-Ouest entre le monde soviétique
et les pays occidentaux va s'atténuer. Demain,
la politique sera le champ clos des affrontements
entre idées cosmopolites et valeurs identitaires,
et la scène internationale sera dominée
par la confrontation entre les grandes civilisations
du Nord et du Sud.
La Grande Alternance
Dans cette perspective, le mouvement national prend
sa véritable dimension, car il se situe d'emblée
dans la logique de ces formidables mutations. N'est-il
pas dans notre pays le champion des valeurs identitaires
et le défenseur du sentiment national? Et ne
seraient-ce pas précisément ces idées
de renouveau que nous apporte le vent de l'histoire?
On comprend mieux dès lors d'où le courant
national tire sa force, mais aussi pourquoi il suscite
une telle hostilité: il était en avance
sur la fin du siècle. Aujourd'hui, cependant,
les événements viennent à sa
rencontre et, avec eux, commence son irrésistible
progression.
Les analystes politiques sont nombreux
à n'avoir pas encore pris la mesure du rôle
historique du mouvement national. Aussi est-ce, comme
par le passé, au sein de la classe politicienne
qu'ils s'efforcent de déceler les perspectives
d'alternance. Sans voir que celles-ci ne représentent
plus qu'une petite alternance, somme toute dérisoire
et subalterne au regard des bouleversements qui agitent
notre monde.
La véritable alternance est
d'une tout autre ampleur: c'est celle qui oppose l'établissement
au mouvement national. D'un côté, une
classe politicienne décadente, imbue de théories
cosmopolites, qui se bat pour sa survie. De l'autre,
une force populaire, expression du sentiment national
renaissant, qui lutte pour le pouvoir. Tels sont les
termes de la Grande Alternance dont dépend
aujourd'hui le sort de notre pays.
Gageons que la Ve République
connaîtra demain le sort qui fut, il y a trente
ans, celui de la IV' République, car on distingue
déjà les signes avant-coureurs de son
crépuscule. Alors, le mouvement national assurera
la relève dans des conditions d'ailleurs plus
normales que celles de 1958. Pourtant, rappelons-nous
qu'à l'époque de Gaulle déjà
eut à subir les accusations les plus malveillantes
et dut essuyer les reproches les plus injustes.
Mais, soyons-en sûrs, jamais
l'aigreur des médiocres n'arrêtera le
cours de l'histoire.
La flamme
La victoire du mouvement national ouvrira à
notre patrie les voies d'une authentique renaissance.
Grâce à elle, la France renouera avec
son identité et avec les sources de la puissance.
Les Français réinventeront le sens de
la fraternité et des libertés. Alors
viendra le temps de la grandeur: notre peuple retrouvera
le goût de vivre et la volonté d'agir.
De nouveau il pourra écrire son histoire et
se forger un destin.
Tels sont mon espoir et ma volonté.
Telle est la flamme qui m'anime.
Anet, le 22 décembre 1989.