Le 19 juin 1998, le parlement français
adoptait, à une forte majorité, une loi, d'apparence
anodine, modifiant les dates d'ouverture de la chasse
à la palombe. Cette décision, à la portée somme
toute secondaire, qui n'aurait donc pas dû marquer
les esprits, va néanmoins entrer dans l'histoire,
car, pour la première fois sous la République, un
texte souverainement voté par l'Assemblée nationale
restera ignoré des tribunaux pourtant chargés de
faire appliquer les lois. Contraire à un règlement
européen, cette disposition législative sera en
effet considérée comme nulle et non avenue et ne
sera donc pas prise en compte par les juges qui,
en l'occurrence, se référeront au texte communautaire
et non à la loi française. On mesure ainsi, au détour
d'une polémique sur la chasse, combien forte est
maintenant l'emprise de l'Europe sur notre vie nationale.
Au coeur de tous les enjeux
Il est vrai que, depuis plusieurs années déjà,
la question européenne se trouve placée au cœur
de tous les enjeux. Il n'est pas un débat, pas un
conflit, pas un problème où Bruxelles ne soit directement
ou indirectement impliquée et, chaque mois, ou presque,
l'entreprise maastrichienne mobilise l'énergie des
pouvoirs publics et accapare l'attention des médias.
Que ce soit à l'occasion des réunions régulières
de chefs d'État et de gouvernement, lors des élections
au parlement de Strasbourg, au moment de la mise
en œuvre des politiques communes ou à propos de
la négociation des innombrables traités ou accords
européens, la Communauté est devenue un sujet récurrent
de préoccupation et de discussion. Mais l'influence
de l'Europe sur notre vie nationale ne s'arrête
pas là, car, bien au-delà de ces rendez-vous institutionnels,
elle est présente, plus discrètement, mais non moins
pesamment, dans l'activité quotidienne de chacun
d'entre nous. C'est l'agriculteur qui se préoccupe
de savoir quelles primes il va toucher de la Commission,
le chef d'entreprise qui s'inquiète des nouvelles
normes adoptées par Bruxelles, le maire qui cherche
à obtenir une subvention européenne ou encore le
simple citoyen à qui l'on vient de remettre une
brochure sur l'euro et qui s'interroge, perplexe,
sur le sens de cette nouvelle monnaie.
Un dogme officiel
L'Europe est maintenant partout et, dans le même
temps, elle ne se situe nulle part, car les institutions
de Bruxelles, de Strasbourg ou de Francfort ne représentent
aucune réalité tangible pour les peuples. Quelle
est donc cette hydre dont on sent l'omniprésence,
dont on soupçonne qu'elle joue un rôle majeur, mais
dont on ne connaît rien ou presque, s'interrogent
nos compatriotes qui ne discernent en effet clairement
ni les structures, ni le mode de fonctionnement,
ni la finalité de l'Europe maastrichienne et qui
ne voient en elle qu'une vague idée et une lointaine
réalité.
Certes, médias et politiciens en parlent souvent,
mais c'est, avec la langue de bois du politiquement
correct, pour la présenter aux Français de façon
utopique comme la solution à tous leurs maux et
la voie radieuse de leur avenir. Au cœur de la pensée
unique, l'Europe cristallise en effet la conviction
commune du grand patronat, des socialistes, des
militants antiracistes, des ténors du RPR et de
l'UDF, comme des syndicats, de l'administration
et des églises. Toutes les composantes de l'établissement
semblent approuver la démarche bruxelloise et tous
les discours s'y réfèrent de façon incantatoire,
faisant de l'Europe un dogme majeur de l'idéologie
officielle. Et honte à celui qui ose ne pas adhérer
à cette pensée unique. Il sera rejeté et dénoncé
comme rétrograde et obtus.
Les mailles du filet
Cela n'empêche cependant pas nombre de nos compatriotes
de s'en méfier un peu. Mais que dire quand tous
les faiseurs d'opinion ne cessent de leur susurrer
qu'elle est bénéfique tout simplement parce qu'il
vaut mieux voir les hommes se tendre la main plutôt
que se faire la guerre ? Et comme nul n'est opposé
à pareil truisme, personne n'ose contester cette
Europe. On se demande bien pourquoi cette idée si
généreuse implique de modifier sans cesse la constitution
de la République qui garantit pourtant nos droits
et notre souveraineté. Et, surtout, on s'agace,
en cas de conflit social, d'entendre les hommes
politiques expliquer que la France doit s'adapter
aux règles de Bruxelles et, que si celles-ci conduisent
à la dérégulation, aux délocalisations et au chômage,
on ne peut rien y faire.
Mais personne ou presque ne conçoit vraiment que
l'Europe de Bruxelles est en train de tisser les
mailles d'un immense filet qui peu à peu pourrait
bien nous retenir prisonniers. Les milliers de petites
manifestations concrètes de l'activité bruxelloise
dont nous sommes quotidiennement les témoins ne
sont pas seulement des interventions mineures et
isolées, mais bien plutôt les signes superficiels
d'un immense travail coordonné et planifié visant
à mettre sous tutelle notre peuple et notre nation.
Et personne ne voit que, malgré leur insignifiance
apparente, ces innombrables décisions bruxelloises
conduisent à une prise en main totalitaire de notre
pays qui le prive de son libre arbitre et contraint
peu à peu nos gouvernants à suivre tous le même
chemin. Jamais, sans doute, dans l'histoire de France,
notre peuple n'aura eu à affronter une opération
aussi pernicieuse de subversion étrangère. Derrière
les bons sentiments et sous couvert de mesures techniques,
les responsables bruxellois ont en effet entrepris
de confisquer sa souveraineté à notre peuple et
de détruire notre nation.
Le meilleur comme le pire
Aussi le Mouvement national républicain veut-il
alerter les Français sur ce danger majeur et s'opposer
à l'opération maastrichienne. Est-ce à dire pour
autant que l'Europe serait à combattre ? Nullement,
car ce n'est pas l'idée d'une organisation des nations
du continent qui apparaît néfaste, mais l'utilisation
qui en est faite par les signataires des traités
et les technocrates de Bruxelles. Il n'est donc
pas question, pour s'opposer à l'Europe de Maastricht,
d'envisager un quelconque repli de la France sur
elle-même.
Bien au contraire, car il existe une autre conception
de l'Europe, une Europe respectueuse des nations,
de leur liberté et de leur souveraineté, capable
d'agir au grand jour, dans la transparence et la
clarté. Bien plus, cette Europe des nations, préconisée
par le Mouvement national républicain, pourrait
rendre aux États du continent le prestige et la
puissance qu'ils ont perdus depuis longtemps et
redonner aux peuples européens un destin digne de
leur grandeur passée.
L'idée européenne se révèle donc aujourd'hui totalement
équivoque, car, avec Bruxelles, elle conduit à une
entreprise destructrice et funeste, alors que, sous
une autre forme, elle pourrait ouvrir la voie à
un formidable renouveau. Là réside le nœud du problème
européen, car, de l'Europe, peut sortir le pire
comme le meilleur, tout dépend du projet que l'on
conçoit pour elle.
Pour trancher le noeud
Choisissant l'un contre l'autre, ce livre, qui n'engage
que son auteur, entend dévoiler la réalité, éclairer
les Français et leur montrer comment on peut trancher
le nœud gordien de l'Europe actuelle pour reconquérir
la souveraineté française et construire une nouvelle
Europe.