La France n'est pas acculée à la faillite économique
et à l'explosion sociale. Certes, de très fortes pesanteurs
semblent bloquer totalement son économie, au point
qu'un véritable sursaut sera nécessaire si elle veut
sortir de l'impasse où l'ont fourvoyée les responsables
politiques. Mais notre pays dispose de nombreux atouts
et, contrairement à ce que laissent entendre ses dirigeants,
une voie alternative s'ouvrira à lui dès lors qu'il
adoptera la stratégie de redressement et le modèle
de développement que propose le Mouvement national
républicain.
Encore faut-il sortir des schémas marqués par le
fatalisme que véhicule l'établissement. Soumis au
diktat de la pensée unique et du politiquement correct,
ce dernier considère en effet qu'une seule politique
économique serait possible et que la France n'aurait
d'autre choix que de suivre la triste voie qu'il lui
a tracée. En d'autres termes, le champ du possible
se serait totalement rétréci sous la pression des
contraintes internationales et, ainsi privé de toute
marge de manœuvre, le gouvernement français ne pourrait
donc qu'observer et au mieux accompagner les évolutions
néfastes qui s'imposent à lui. Cette vision quasi
déterministe de la situation n'est pas conforme à
la réalité, car l'étendue des possibilités est infiniment
plus vaste que ne le prétendent les dirigeants de
la classe politicienne et les moyens existent pour
fonder une vraie politique de redressement.
Atout France
La situation de notre pays est en effet loin d'être
désespérée, car la France dispose de positions solides,
d'atouts incontestables et d'un appareil économique
dont les fondements restent sains. Malgré la dégradation
du système éducatif, la qualification de sa population
est encore remarquable, en particulier au niveau supérieur.
Les ingénieurs et les cadres français conservent un
savoir-faire de tout premier ordre qui s'exprime notamment
par leur créativité et leur faculté d'adaptation.
Est-ce un hasard si ce sont les Français qui dirigent,
avec le succès que l'on sait, le projet pourtant européen
de la fusée Ariane ? Quant à la main d'œuvre qualifiée,
elle fait honneur à notre pays où s'activent encore
des centaines de milliers de travailleurs bien formés,
consciencieux, d'un niveau et d'une capacité d'initiative
souvent supérieurs à ceux de leurs concurrents étrangers.
Sans doute est-ce la raison pour laquelle Hewlett
Packard, par exemple, exporte depuis notre pays une
production de haute technologie.
En France, la créativité est par ailleurs loin de
s'être tarie. Aux découvertes scientifiques nombreuses,
il convient d'ajouter la liste non négligeable des
succès technologiques et des réussites industrielles
que sont le TGV, Airbus, les centrales nucléaires.
Notre appareil industriel compte beaucoup de fleurons
qui illustrent la capacité de la France à réussir
dans la compétition mondiale. Airbus Industrie est
en position de concurrencer Boeing. Bouygues s'affirme
comme le numéro un mondial du bâtiment et des travaux
publics. Michelin est le champion international du
pneumatique. Dans le secteur des services, la France
est aujourd'hui le premier exportateur au monde après
les Etats-Unis, avec une valeur exportée de 101 milliards
de dollars contre 17() pour les Américains, alors
que le rapport de population entre les deux pays est
de un à cinq. De manière globale, nos entreprises
ont su relever le défi de la compétition et effectuer
des progrès de productivité qui les placent actuellement
devant les sociétés américaines et permettent, malgré
les handicaps considérables qui leur sont infligés,
de réaliser des performances à l'exportation. Ainsi,
les prouesses accomplies dans les pires conditions
par notre appareil de production et d'échange démontrent
que la France demeure un pays riche, créatif, dynamique,
plein de ressources et de savoir-faire. Comment ne
pas en conclure qu'il suffirait d'une bonne politique
pour provoquer un développement extraordinaire de
l'économie nationale ?
Sans oukases ni tabous
Tel est l'objectif du Mouvement national républicain,
dont la stratégie repose d'abord sur un changement
d'état d'esprit. Aujourd'hui, en effet, un conformisme
insupportable pèse sur les intelligences, même les
plus brillantes, et les soumet à la censure de la
pensée unique. Cette attitude, contraire au sens critique
et à la liberté d'esprit, deux traits séculaires et
emblématiques de la mentalité française, doit être
rejetée si l'on veut examiner la réalité avec détachement
et objectivité. Le libre-échangisme mondial est-il
vraiment, dans sa forme actuelle, aussi bénéfique
qu'on le dit ? La politique du franc fort répond-elle
effectivement à une nécessité ? Le poids de l'Etat
est-il réellement si difficile à réduire ? La France
ne peut-elle absolument pas se dégager des contraintes
européennes liées à Maastricht ? La présence sur notre
sol d'une immigration massive est-elle vraiment une
"chance" pour notre pays ? Autant de questions qui
doivent pouvoir être posées sans soulever de tollés
et débattues sans qu'une réponse affirmative, imposée
comme un dogme, vienne empêcher toute réflexion.
Face à la déroute économique et à la régression
sociale qui plongent des millions de Français dans
l'angoisse et la misère, l'heure n'est plus au respect
des oukases idéologiques, mais à la recherche de la
méthode originale qui permettra à notre pays de connaître
un sursaut salvateur C'est là la démarche du Mouvement
national républicain qui entend ouvrir une voie nouvelle
au milieu des décombres laissés par l'établissement.
La politique de l'illusion
Les deux politiques menées successivement aussi
bien par la droite que par la gauche ont en effet
lamentablement échoué. Pendant des années, les gouvernements
ont pratiqué une politique de soutien à l'activité,
dite de relance, assurant, au prix d'un taux d'inflation
élevé, le développement de l'Etat providence. La redistribution
massive des revenus, l'augmentation des prestations
sociales et l'accroissement du nombre de fonctionnaires
impliquaient une augmentation constante des dépenses
publiques qu'il était plus facile de financer par
la planche à billets que par l'impôt. Les politiciens
pouvaient ainsi accorder aisément des subventions
qui ne correspondaient à aucune création de richesse
et donner l'impression que l'économie était en mesure
de distribuer au-delà de ce que produisaient le travail
et l'épargne.
Cette politique de l'illusion se trouvait de surcroît
légitimée par les théories économiques de Keynes selon
lesquelles l'accroissement artificiel de la demande
devait stimuler la production et engendrer la croissance.
Fort de cette caution doctrinale, les politiciens
se sentaient autorisés à augmenter sans cesse les
dépenses publiques et, ce faisant, à creuser les déficits
budgétaires et à grossir démesurément la dette publique.
De nombreux acteurs économiques tiraient d'ailleurs
beaucoup d'avantages de cette dérive puisque l'inflation,
s'accompagnant de faibles taux d'intérêt réels, leur
permettait d'obtenir des financements bon marché.
Lorsque les moyens financiers ainsi dégagés étaient
consacrés à des investissements productifs, l'économie
nationale en retirait un bénéfice indéniable. Ce n'était
malheureusement pas toujours le cas, une grande partie
de cet argent facile étant vouée à des opérations
malsaines dont notre appareil de production et d'échange
récolte maintenant les fruits amers. On peut citer
à ce propos la spéculation immobilière : pratiquée
avec frénésie dans les années quatre-vingt, elle a
créé pour les banques et les compagnies d'assurance
un portefeuille d'actifs sans valeur qui obère aujourd'hui
leurs bilans et freine leur dynamisme. Et que dire
de ces personnes privées qui, grisées par la facilité
des prêts à la consommation, se sont laissé surendetter
dans des proportions telles qu'il a fallu promulguer
une loi pour dénouer des situations souvent dramatiques
?
Comment d'ailleurs ne pas voir un pitoyable parallélisme
entre le comportement de ces ménages imprudents et
celui de l'État, l'un et l'autre s'abandonnant à l'euphorie
d'une aisance factice tout en hypothéquant l'avenir
sur lequel ils se fondaient ? Il est vrai que cette
politique, qui s'appuyait sur une économie en expansion
depuis les lendemains de la Seconde Guerre mondiale,
n'a pas entraîné d'effets par trop néfastes avant
la fin des années soixante-dix Il n'en demeure pas
moins que l'inflation consiste, selon la formule d'Antoine
Pinay, à subventionner des dépenses qui ne rapportent
rien avec de l'argent qui n'existe pas et qu'à recourir
dans la durée à cette pratique de faux semblants,
les gouvernements ont accumulé des handicaps qui se
sont révélés catastrophiques lorsque, sous la pression
de l'idéologie mondialiste, la concurrence internationale
s'est brutalement intensifiée Comment dès lors s'étonner
du résultat final de cette politique qui se traduit
par des déficits généralisés, un endettement considérable,
un chômage massif et une croissance réduite, autant
de fléaux dont notre pays est aujourd'hui la victime
?
Déflation ?
Certes, la conjoncture a changé et le recours à
l'inflation n'est plus de mise. Comme le souligne
Henri Lepage, la France serait même entrée depuis
1992 dans une phase de déflation. Ainsi, en 1995,
le niveau réel des prix à la consommation a baissé
puisque le loger taux d'inflation constaté s'explique
par la hausse de deux points de la TVA et par l'augmentation
des tarifs publics. De même, la généralisation des
rabais, que l'indice officiel prend mal en compte,
conduit les prix réels des produits soumis à la concurrence
à baisser significativement. Telles sont les conséquences
d'un retour à des pratiques financières plus saines
qui, à proprement parler, n'ont pas été choisies par
les politiciens, mais leur ont été en quelque sorte
imposées par les faits.
La mondialisation des marchés financiers rend en
effet plus difficile le recours à la planche à billets.
Un gouvernement qui se laisserait aujourd'hui tenter
par cette pratique pour relancer son économie provoquerait
immédiatement une réaction des opérateurs financiers
internationaux destinée à contrecarrer son initiative
car, avec les nouveaux outils d'analyse et de prévision,
l'informatique et les moyens modernes de communication,
les marchés peuvent anticiper les effets d'une poussée
inflationniste et s'en prémunir en vendant leurs avoirs
dans la monnaie considérée, plaçant ainsi les pouvoirs
publics dans l'obligation de relever aussitôt les
taux d'intérêt et de renoncer à leurs velléités inflationnistes
sous peine de courir à la catastrophe.
Ajoutons qu'avec l'intensification et la dérégulation
de la concurrence internationale, le pays qui s'engagerait
de façon solitaire dans la voie de l'inflation à-tout-va
serait durement pénalisé dans la bataille commerciale.
Ses produits verraient leur prix augmenter à l'exportation
alors que le coût des marchandises importées baisserait
en valeur relative sur le marché intérieur. L'activité
économique nationale s'en trouverait donc gravement
affectée.
Enfin, le poids de l'État dans l'économie française
a atteint une limite qu'il paraît difficile de dépasser
et l'on voit mal comment les gouvernements qui voudraient
de nouveau recourir à l'inflation pourraient continuer
à la financer par un accroissement du déficit budgétaire
et un alourdissement de la dette publique, a]ors que
ces derniers s'élevaient déjà respectivement en 1995
aux montants records de 350 et 3 166 milliards de
francs.
L'inflation est par ailleurs mécaniquement neutralisée
par les effets du libre-échangisme mondial. Ce dernier,
conformément au principe des vases communicants, provoque
en effet une pression à la baisse des salaires comme
à la diminution des prix. Il exerce donc une poussée
déflationniste. Un phénomène qui fait partie de la
nouvelle donne économique dans notre pays et qui n'est
pas en soi négatif lorsqu'il s'agit de la baisse des
prix, car déflation ne signifie pas dépression et
n'empêche pas la croissance. C'est du reste dans une
configuration de ce type que le capitalisme du XIXe
siècle a permis le décollage industriel de la France
et des grands pays développés. Il en va cependant
différemment de la baisse des salaires qui résulte
du mécanisme diabolique de licenciement, de chômage
et de retour à un emploi moins rémunéré ou à une préretraite.
Cette déflation des salaires, outre qu'elle est socialement
insupportable' bride le ressort de l'économie en poussant
au pessimisme des salariés de plus en plus nombreux
à se voir en futurs licenciés. Elle doit donc être
combattue en s'attaquant aux causes réelles du chômage.
Quant à la déflation des prix, elle durera, selon
Henri Lepage, le temps nécessaire au dégonflement
de la "bulle spéculative" créée par trois décennies
de tricherie. Déjà, les particuliers et les entreprises
ont commencé à se désendetter. Les grands groupes
passent par pertes et profits leurs avoirs sans valeur,
se débarrassent de leurs encours douteux ou de leurs
canards boiteux. Il en va de même des ménages qui
ont diminué leur consommation courante pour reconstituer
leur épargne dont le taux atteignait en 1996 le chiffre
record de l4 p. cent du revenu disponible. Quant à
l'État et aux collectivités publiques, ils devront
tôt ou tard adopter ce comportement réaliste. Tel
n'est cependant pas le cas dans l'immédiat, car les
gouvernements actuels, après avoir dû abandonner les
politiques inflationnistes, semblent incapables de
définir une nouvelle stratégie cohérente et bénéfique.
La soumission aux contraintes
Sur le plan des objectifs, la politique de l'établissement
s'apparente à celle d'un bon élève puisqu'elle a longtemps
visé tout à la fois à baisser les impôts, à réduire
les déficits, à désendetter la France, à déréguler,
à désétatiser et à jouer le jeu de la concurrence
internationale tout en diminuant le chômage, en conservant
le franc fort, en préservant la sécurité sociale et
le niveau des salaires. En réalité, ce catalogue de
bonnes intentions présenté par les gouvernements qui
se sont succédé depuis 1973 à la tête de notre pays
ne constitue pas une politique et ne se trouve d'ailleurs
pratiquement pas suivi d'effets. Les impôts, les déficits
et la dette publique augmentent, la sécurité sociale
s'effrite, les salaires sont tirés à la baisse et
le chômage se développe.
La politique effectivement menée est en réalité
fort éloignée de celle qu'affiche le gouvernement.
Elle comporte cependant une logique secrète, que l'on
peut décrire comme la gestion hiérarchisée des contraintes,
et qui pour ne pas être positive, n'en est pas moins
rigoureuse. Les dirigeants de l'établissement acceptent
en effet toutes les contraintes imposées à notre pays
et les gèrent au mieux de leurs possibilités. Les
premières auxquelles le pouvoir se soumet avec empressement
nous viennent de l'étranger, elles résultent de l'ouverture
aux marchés mondiaux et de la construction de l'Europe.
A cet égard, la France s'affirme comme un bon élève
du GATT et de Maastricht: les frontières sont grandes
ouvertes et le franc reste fort. Les contraintes d'ordre
intérieur passent quant à elles au second plan et
sont donc mal respectées : effritement de la protection
sociale, dégradation du niveau de vie, détérioration
de la paix sociale. Pour ce qui concerne les autres
objectifs, baisse des impôts, diminution des déficits
et surtout réduction du chômage, nos dirigeants se
sont révélés incapables de les atteindre, car tous
ces impératifs sont incompatibles les uns avec les
autres. On ne peut en effet à la fois supprimer les
frontières et maintenir le pouvoir d'achat des travailleurs
les moins rémunérés, réduire le chômage et ne pas
toucher à l'étatisme tout en jouant le jeu de la concurrence
sauvage. La contradiction majeure qui en résulte ne
peut donc se dénouer qu'à travers de graves dérèglements
tels que la dégradation des finances publiques sur
le plan économique et l'explosion du chômage dans
le domaine social.
En acceptant de se soumettre aux contraintes externes
avant de satisfaire aux impératifs d'ordre interne,
les dirigeants de l'établissement apportent la preuve
qu'ils ont choisi délibérément de sacrifier l'intérêt
national aux objectifs mondialistes d'intégration
européenne et internationale. Et, malgré leurs dénégations
permanentes, ils montrent que le chômage n'est pour
eux qu'une variable d'ajustement dont il s'agit seulement
de gérer au mieux les effets négatifs. Une logique
qui révèle également l'absurdité et la nocivité de
la politique menée par le gouvernement puisque, soumise
à des contraintes contradictoires, elle ne peut que
conduire à la faillite financière et à l'explosion
sociale.
Les deux impasses
Face à une telle situation et malgré la dictature
de la pensée unique, deux voies alternatives sont
timidement proposées par certains membres de l'établissement.
La première consiste à rejouer la partition de la
relance inflationniste. Acceptons l'inflation, nous
dit-on, empruntons pour stimuler l'activité, abandonnons
le franc fort, renonçons aux critères de Maastricht
et retrouvons la croissance. Une telle politique,
surtout si elle ne remet pas en cause l'ouverture
des frontières, est aujourd'hui condamnée à l'échec.
Elle se heurterait en effet à la contrainte de la
concurrence internationale et à l'état désastreux
des finances publiques. L'augmentation des prix annihilerait
les effets d'une dévaluation du franc et pénaliserait
notre appareil productif face à l'étranger. Quant
au relâchement budgétaire, il provoquerait des déficits
immédiats tellement insupportables qu'il conduirait
à la catastrophe. D'ailleurs, de telles aventures
ont déjà été tentées par M. Mauroy puis par M. Rocard.
Malgré des circonstances plus favorables que celles
d'aujourd'hui, elles se sont fracassées sur la question
des déficits publics et de la concurrence extérieure
et se sont terminées par un retour aux pratiques antérieures.
Gageons que, si pareille politique était de nouveau
lancée, elle se solderait comme les précédentes par
un échec. Echec d'autant plus retentissant que la
situation actuelle est particulièrement préoccupante.
L'autre solution avancée, cette fois dans les rangs
des économistes ou des chefs d'entreprise de l'établissement,
relève de l'optique ultralibérale et vise à imiter
la politique menée en leur temps par Mme Thatcher
et M. Reagan. Ses partisans font valoir que le taux
de chômage intolérable qui frappe actuellement la
France n'est pas dû à un excès de libéralisme mais
à une insuffisance de ce dernier. Ils soulignent que
notre pays a maintenu des réglementations incompatibles
avec le libre-échangisme, comme par exemple le salaire
minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) ou
le système étatique d'assurances sociales obligatoires.
Supprimons ces contraintes, disent-ils, et le chômage
reculera ! Cette conception, parfaitement cohérente
sur le plan théorique, a permis, aux États-Unis et
en Grande-Bretagne, d'obtenir des résultats concrets
qui peuvent la légitimer. En Amérique, grâce à une
politique de ce type, huit millions d'emplois ont
été créés en quatre ans et le taux de chômage a été
limité en 1996 à 5,2 p. cent. Quant à la Grande-Bretagne,
qui subissait, il y a encore dix ans, une crise pire
que celle qui sévit en France, elle connaît en 1996
un taux de chômage de 7,4 p. cent seulement.
Ce genre de politique conduit donc à d'indéniables
succès pour ce qui concerne la création d'emplois,
mais entraîne en contrepartie une régression sociale
dont le prix à payer est particulièrement lourd. Ainsi,
aux États-Unis, 13 p. cent de la population vit en
dessous du seuil de pauvreté et, chez nos voisins
anglais, les rémunérations sont actuellement celles
de la misère pour un grand nombre de salariés modestes.
A titre d'exemple, Mac Donald propose des salaires
horaires de 26,50 francs en Grande-Bretagne et de
près de 40 francs dans notre pays. L'état sanitaire
de la population anglaise est en général moins bon
que le nôtre et la société s'y montrait jusqu'à présent
plus dure encore, car la compétitivité, l'efficacité
et la rentabilité primaient toute autre considération.
Adoptée dans notre pays, cette démarche ne contribuerait
donc qu'à aggraver la situation déjà dramatique dans
laquelle se trouvent nombre de nos compatriotes. Elle
est dès lors à rejeter, car elle aboutirait à des
résultats opposés aux buts recherchés. Le Mouvement
national républicain veut en effet sortir notre pays
du marasme social et non l'y plonger davantage.
Certains, il est vrai, peuvent répliquer que la
poursuite de la politique actuelle créera les mêmes
problèmes sociaux qu'aux États-Unis. Le système français,
qui conduit en effet à la multiplication des pauvres
sans travail, est-il réellement préférable au modèle
américain où la pauvreté est massive avec un taux
de chômage réduit ? Les pauvres oisifs (idle poor)
de notre pays n'ont-ils pas moins de perspective que
les pauvres actifs (working poor) américains ? Et
si l'on prend le pourcentage de chômeurs en France,
ne se rapproche-t-il pas de celui des pauvres aux
États-Unis ? De ce fait, la politique de l'établissement
ne serait-elle pas totalement absurde puisqu'elle
débouche sur une régression sociale aussi grave que
celle des pays anglo-saxons sans que l'économie en
retire le moindre bénéfice ? Sans doute cette analyse
est-elle particulièrement pertinente pour condamner
la voie suivie par la classe politique, mais elle
ne saurait servir de justification au choix d'une
politique ultralibérale à l'américaine. Le Mouvement
national républicain n'entend pas se résigner à l'abaissement
social de notre peuple, quelles que soient par ailleurs
les contreparties positives qui pourraient en résulter.
La troisième voie
Quelle peut être, dans ces conditions, la voie à
suivre ? S'il n'est pas d'exemple antérieur ou extérieur
à imiter, il convient donc d'imaginer une démarche
nouvelle adaptée à la réalité française et aux objectifs
politiques du modèle national. Telle est l'ambition
de notre mouvement dont la stratégie repose sur une
idée simple.
Pour sortir notre pays de l'impasse, nous pensons
qu'il faut faire sauter une partie des contraintes
dont l'accumulation bloque totalement la situation
et qu'il sera alors possible de redonner à la France
une marge de manœuvre suffisante pour relancer la
machine économique.
En schématisant, l'économie française se trouve
aujourd'hui prisonnière d'un système d'équations sans
solution. Il est en effet impossible, contrairement
à ce que prétend la classe politique, d'assurer à
la fois l'ouverture des frontières, la réduction du
chômage, le maintien du niveau de vie et celui de
la protection sociale. On peut certes laisser grandes
ouvertes les frontières et diminuer le nombre des
sans emplois, mais alors le niveau des salaires et
la qualité de la sécurité sociale baisseront. C'est
la solution ultralibérale. On peut aussi tenter d'empêcher
cette dégradation des rémunérations et jouer le jeu
de la concurrence internationale, mais alors le chômage
augmentera. C'est la politique choisie par l'établissement.
L'idée du Mouvement national républicain consiste
à rejeter ces deux options pour retenir la troisième
voie possible, celle qui se propose de réduire le
chômage, de maintenir le niveau de vie et de protection
sociale et donc de ne pas accepter l'ouverture à-tout-va
des frontières. En d'autres termes, il s'agit de prendre
en compte les contraintes économiques telles qu'elles
se présentent. Quand on ne peut pas tout avoir, il
faut trancher et le Mouvement national républicain
entend procéder par référence à l'intérêt national
en choisissant de défendre d'abord la prospérité des
Français.
Dans la réalité, le problème apparaît bien sûr plus
complexe qu'à travers le modèle simplifié qui vient
d'être évoqué, mais la logique de notre mouvement
demeure, qui consiste à trancher le nœud gordien des
contraintes incompatibles. Le navire de l'économie
française étant échoué, il faut briser certaines des
forces qui le maintiennent immobilisé afin de le remettre
à flot, de lui donner de l'erre et de lui permettre
ensuite de reprendre le bon cap. La stratégie de redressement
du Mouvement national républicain consiste donc à
faire disparaître le maximum des contraintes qui bloquent
actuellement notre économie.
Celles-ci sont au nombre de six.
Briser le carcan extérieur
La première est celle de la concurrence sauvage
venue de l'extérieur, qui amplifie le chômage et tire
les salaires vers le bas. Pour lever cette hypothèque,
il conviendra de dénoncer la logique du libre-échangisme
mondial et de proposer une régulation du commerce
international. Certes, il n'est pas question de faire
obstacle aux échanges et encore moins d'amener notre
pays à se replier sur lui-même dans une démarche autarcique.
Mais il faut rétablir un minimum d'ordre et de réglementation
pour permettre aux échanges commerciaux de se poursuivre
sans que, pour autant, les économies et les systèmes
sociaux des nations développées s'en trouvent déstabilisés.
A cette fin, la France devra proposer un modèle d'organisation
du commerce mondial qui ne soit plus fondé sur la
concurrence sauvage et la loi de la jungle, mais sur
des écluses douanières à établir entre les ensembles
économiques et sociaux homogènes, afin d'en préserver
la stabilité. Dans l'immédiat, et de façon plus pragmatique,
notre pays jettera unilatéralement les bases de ce
nouveau système par l'instauration d'un prélèvement
douanier exceptionnel et provisoire de 10 p. cent
en moyenne sur toutes les importations. Cette mesure
allégera la pression de la concurrence internationale,
limitera les délocalisations et la baisse des salaires.
De plus, elle donnera aux finances publiques une marge
de manœuvre supplémentaire de l'ordre de 120 milliards
de francs de recettes nouvelles.
La deuxième contrainte à lever est également d'ordre
externe. Il s'agit en effet d'abandonner la politique
du franc fort qui crée une astreinte inutile et coûteuse
pour l'économie nationale. L'objectif n'est pas de
recourir à une sous-évaluation délibérée de la monnaie,
mais de la laisser flotter pour qu'elle s'établisse
à sa juste valeur. Ni franc fort, ni franc faible,
un franc juste. De la sorte, notre devise cessera
d'être surévaluée et les produits français y gagneront
en compétitivité sur les marchés internationaux pendant
que les importations étrangères s'en trouveront renchéries
d'autant. Une telle initiative pourra de plus être
réalisée sans craindre l'effet pervers d'un retour
à l'inflation, dans la mesure où la conjoncture déflationniste
écarte tout risque en ce domaine. Gageons par ailleurs
que le franc ne deviendra pas pour autant une monnaie
faible, mais retrouvera simplement un niveau conforme
à l'état de l'économie française, cessant dès lors
de constituer un handicap pour notre appareil de production
et d'échange. Dans ce contexte, le projet de monnaie
unique devra donc être purement et simplement abandonné,
voire remis en cause s'il est déjà engagé. Et, pour
achever de reprendre la maîtrise de l'outil monétaire
indispensable au redressement économique, l'indépendance
de la Banque de France sera supprimée, conformément
à la formule de Napoléon pour qui la Banque centrale
devait être " dans la main de l'Etat, mais pas trop
".
Ce changement de politique monétaire permettra de
surcroît d'abandonner définitivement la pratique des
taux d'intérêt élevés. Maintenus pendant plusieurs
années à un haut niveau pour soutenir artificiellement
le cours du franc, ces taux ont pénalisé les acteurs
économiques français, constituant ainsi une contrainte
néfaste. Il est en effet absurde d'avoir établi une
étroite connexion entre les taux d'intérêt français
et ceux de l'Allemagne. Ces derniers sont longtemps
restés fixés à un niveau élevé pour combattre l'inflation
résultant du coût de la réunification, alors que la
France, qui ne connaît pratiquement plus de hausse
des prix, aurait dû baisser ses taux significativement
dès le début des années quatre-vingt-dix. Pour ne
pas l'avoir fait, elle a vu son chômage s'accroître
encore davantage, alors que les Britanniques, qui
à la même époque ont déconnecté la livre du mark,
ont réussi un redressement spectaculaire. La France
devra suivre cette voie et, avec une devise qui trouvera
naturellement son niveau d'équilibre, les taux d'intérêt
à court terme pourront être ramenés au niveau de l'inflation
réelle, augmenté du taux de croissance, c'est-à-dire
à la valeur d'équilibre des taux selon la théorie
économique. Quant aux taux à long terme, ils s'établiront
à un niveau correspondant à la confiance des épargnants
dans le dynamisme retrouvé de l'économie française.
Cette politique d'argent bon marché facilitera le
financement des investissements productifs et allégera
d'autant la charge de la dette publique et privée.
Là encore, de nouvelles marges de manœuvre seront
conquises au bénéfice du redressement économique.
La logique vertueuse
Au plan interne, il conviendra de faire disparaître
une troisième contrainte, celle qu'exerce sur l'économie
nationale la population immigrée installée sur notre
sol. A cet égard, la politique préconisée par le Mouvement
national républicain visant à organiser le retour
dans leur pays d'origine des étrangers non européens
lèvera le handicap très lourd que constitue leur présence
pour un rétablissement des équilibres fondamentaux.
Leur départ allégera la charge qu'ils font peser sur
les comptes de la nation, provoquera une détente sur
le marché de l'emploi et entraînera, en quelque sorte
mécaniquement, une baisse du chômage et une limitation
des déficits budgétaires et sociaux. Cette mise en
cause de la contrainte migratoire agira donc comme
un levier permettant, par une action de nature non
économique, de casser la spirale régressive dans laquelle
est engagé notre système de production et d'échange.
En schématisant, on peut en effet considérer que
les mécanismes actuels de la société française s'apparentent
à un cercle vicieux : plus le chômage se développe,
plus il coûte cher en prestations et plus il nécessite
de ponctions fiscales et sociales pour financer celles-ci.
Or, plus le poids des charges s'accroît, moins l'économie
est performante et plus le nombre de chômeurs augmente.
Le retour des immigrés dans leur pays constitue donc
un moyen de rompre cette chaîne infernale puisqu'il
permet de réduire le chômage indépendamment même de
ses causes économiques. Dès lors, le nombre des sans
emplois diminuant, le coût des indemnisations baissera
lui aussi et les charges qui en découlent s'en trouveront
réduites. L'économie en sera revivifiée et le chômage
ira en diminuant. On aura ainsi substitué au cercle
vicieux de la régression une logique vertueuse de
redressement.
Bloquer les dépenses
La quatrième contrainte, celle de l'étatisme, est
sans doute paradoxalement moins facile à relâcher,
car, pour obtenir des résultats en ce domaine, il
faut pouvoir exercer un effort soutenu pendant une
période suffisamment longue. Aussi convient-il d'imposer
aux bureaucraties étatiques, sociales et locales,
une "contre-contrainte" qui les place dans l'obligation
absolue de réduire leur budget. En l'occurrence, il
s'agit de les obliger à respecter une règle simple
mais impérative consistant à bloquer les dépenses
globales en francs courants, ce qui conduirait celles-ci
à rester constantes en valeur nominale alors que les
rentrées fiscales augmenteraient de leur côté au rythme
de la croissance et de l'inflation. Il serait ainsi
dégagé entre les recettes et les dépenses une plus-value
représentative d'une économie budgétaire en valeur
réelle. La masse des dépenses publiques était en 1995
de 2 100 milliards de francs pour la protection sociale,
de 1500 milliards pour l'État et de 600 milliards
pour les collectivités locales, soit au total 4 200
milliards. En tablant sur une inflation moyenne d'environ
2,5 p. cent et une croissance du même ordre, cette
politique abaisserait en sept ans le poids des charges
publiques de 450 à 500 milliards de francs en valeur
relative. Une telle diminution des engagements financiers
de la puissance publique ferait passer le taux des
dépenses publiques par rapport au PIB en dessous de
40 p. cent et donnerait ainsi à l'État une marge de
manœuvre supplémentaire pour assainir les finances
publiques et baisser les impôts.
Un nouveau souffle
Quant à la cinquième contrainte à lever, elle est
d'ordre psychologique et social. Les gouvernements
sont en effet paralysés par la crainte des troubles
sociaux et, pour limiter la montée des mécontentements,
renoncent trop souvent aux réformes qu'ils avaient
pourtant prévues. La situation s'en trouve dès lors
bloquée et le redressement empêché. Aussi devrons-nous
susciter un grand élan national en rupture avec la
logique délétère qui prévaut actuellement. Si les
acteurs sociaux n'acceptent pas les sacrifices qu'on
leur demande, c'est bien parce que les responsables
de l'établissement les manipulent ouvertement de façon
éhontée. En effet, pendant les campagnes électorales,
ces derniers multiplient les déclarations lénifiantes
et démagogiques et promettent d'entreprendre des réformes
d'envergure. Une fois parvenus au pouvoir, ils se
contentent de réformettes pour lesquelles ils demandent
à nos compatriotes des sacrifices importants sans
que pour autant la situation connaisse la moindre
amélioration. Pour imposer aux acteurs sociaux la
perte de certains de leurs avantages acquis, il faut
pouvoir leur prouver qu'un tel renoncement est bénéfique
pour la communauté, car, si le sacrifice qu'on leur
demande leur paraît stérile et inutile, comment leur
en vouloir de le refuser ?
Il convient donc, pour inverser cette logique absurde
de la démagogie et de l'impuissance, de tenir aux
Français le discours du courage et de la vérité. Il
faut leur fixer des objectifs ambitieux, les appeler
à l'effort, au dépassement de soi, les placer devant
les défis à relever, leur demander de participer à
une œuvre historique de renaissance et invoquer leur
fierté d'être français. Bref, un puissant enthousiasme
collectif doit porter la nation toute entière à se
mobiliser et donc à retrouver confiance en elle-même,
à reprendre foi dans son destin et à nourrir l'espoir
de son redressement. Mis en confiance par un pouvoir
politique qui aura retrouvé l'autorité, inspirera
le respect et tracera une voie claire et audacieuse
de retour à la prospérité, les acteurs sociaux pourront
être rassurés quant à l'utilité des réformes entreprises
et accepter en conséquence certains sacrifices ou
la remise en cause de certains acquis. La situation
sera dès lors débloquée par un vaste mouvement d'assentiment
populaire qui pourra d'ailleurs se concrétiser à travers
un référendum faisant du projet de redressement national
l'affaire et le choix de tous.
Sortir de Maastricht
Ce courant populaire à lui seul ne suffira cependant
pas pour sortir totalement notre pays de l'immobilisme
politique qui paralyse actuellement ses réactions
de survie. Il faudra lever une sixième contrainte,
d'ordre institutionnel celle-là : l'Europe de Maastricht.
Si en effet notre pays reste soumis aux mécanismes
de fonctionnement propres à l'Union européenne, il
ne retrouvera pas la marge de manœuvre nécessaire
pour se dégager des cinq contraintes précédentes.
Il conviendra en conséquence de provoquer une renégociation
des traités européens. Au préalable, la France devra
prendre plusieurs initiatives unilatérales de rupture.
Pour remettre en cause le système juridique bruxellois,
une réforme constitutionnelle rétablira explicitement
la supériorité du droit français sur le droit européen.
Dès lors, plus aucune décision européenne ne pourra
être imposée dans notre ordre juridique interne sans
avoir d'abord été transformée en une loi française.
Les accords de Schengen seront par ailleurs dénoncés
et les frontières rétablies afin de marquer la volonté
de la France de reprendre le contrôle de sa souveraineté
territoriale. Enfin, sur le plan économique, deux
actes d'une portée majeure seront décidés : la sortie
du processus de la monnaie unique et l'instauration
du prélèvement douanier exceptionnel de 10 p. cent.
Ces mesures étant prises unilatéralement par la
France, le fonctionnement de l'Union européenne s'en
trouvera affecté et il s'ensuivra à n'en pas douter
une crise politique d'une certaine ampleur. Il appartiendra
dès lors à notre pays de prendre l'initiative et de
proposer des solutions permettant à l'Europe de retrouver
des principes de fonctionnement qui satisfassent l'ensemble
des États membres et plus particulièrement la France
et ceux de nos partenaires qui l'auront rejointe dans
ses positions. Ces principes ne pourront que donner
une plus grande souplesse de fonctionnement aux institutions
européennes et contribuer à mieux assurer le respect
dû aux nations. Ces principes devront prévoir notamment
la mise en œuvre de l'Europe "à la carte", les décisions
à l'unanimité, le rétrécissement du champ de compétence
de l'Union, la hiérarchie des préférences et la clarification
du fonctionnement des institutions en ramenant la
Commission au rang d'une simple administration.
Dans ce nouveau cadre, l'appartenance à l'Union
ne serait plus une contrainte pour la France. Fondée
sur le principe de la coopération et non plus sur
celui de l'intégration, l'Europe cesserait de paralyser
les énergies pour devenir un instrument de puissance
et un atout pour la politique de redressement économique
de la France.
Les moteurs du développement
Lever la contrainte de la concurrence sauvage et
du franc fort, faire sauter celles de l'immigration,
de l'étatisme et de la paralysie gouvernementale et
se dégager de la tutelle de Maastricht, la première
étape de la stratégie du Mouvement national républicain
apparaît bien en rupture totale avec la pseudo-politique
menée par l'établissement. Alors que les gouvernements
politiciens se laissent acculer à l'impuissance, le
mouvement national fait le choix lucide de relâcher
six des contraintes majeures qui bloquent actuellement
l'activité économique de notre pays. Ce faisant, il
rend à cette dernière les marges de manœuvre nouvelles
dont elle a besoin pour que s'engage son redressement.
Encore faut-il que celui-ci puisse se nourrir d'une
dynamique de croissance. C'est ce que propose le Mouvement
national républicain à travers la deuxième étape de
sa stratégie, laquelle vise à rallumer les principaux
moteurs du développement économique.
L'appareil productif, le premier d'entre eux, doit
donc être encouragé et favorisé. Aussi convient-il
de mettre en œuvre un plan de grande envergure au
bénéfice des entreprises françaises, et tout particulièrement
des PME, afin qu'elles retrouvent, elles aussi, les
capacités d'action nécessaires à leur croissance.
Suppression des réglementations tatillonnes dont elles
sont victimes, réalisation d'une réforme fiscale destinée
à réduire le poids de leurs charges, élaboration d'un
programme de mesures propres à faciliter leur accès
au crédit et aux capitaux, telles sont les principales
mesures qu'il faut prendre très rapidement si l'on
veut que le tissu des PME, qui constitue aujourd'hui
le principal pôle de création d'emplois, retrouve
son dynamisme.
Le système éducatif devra parallèlement recouvrer
son efficacité pour redevenir un agent du développement.
La priorité sera donnée à l'apprentissage qui devrait
constituer un enseignement à part entière comme en
Allemagne. Ce dernier pourra ainsi former les jeunes
gens qui sombrent actuellement dans le chômage et
fournir aux entreprises la main d'œuvre qualifiée
et adaptée dont elles ont besoin.
Enfin, il est essentiel, pour le retour à la croissance,
que les Français soient à nouveau motivés par le travail,
la créativité et l'entreprise. Cette aspiration renaîtra
dès que le redressement, produisant ses premiers effets,
ramènera la confiance et l'espoir. Elle sera encouragée
de surcroît par une amnistie fiscale qui favorisera
le retour des capitaux français actuellement exilés
à l'étranger et, plus encore, par l'annonce de la
réforme des impôts qui sera entreprise conjointement
avec l'assainissement des finances publiques. Cette
refonte devra aller dans le sens de la simplification
et inverser le poids relatif des différentes impositions.
Pour favoriser le travail et la production, aujourd'hui
lourdement pénalisés, les prélèvements publics devront
demain taxer plutôt la consommation et la spéculation.
Ils devront surtout être considérablement allégés
de telle façon que l'argent reste dans les mains des
Français et des entreprises, ce qui motivera puissamment
les acteurs économiques.
Le social sans le socialisme
Cette stratégie de redressement devra cependant
se déployer sans attenter à la protection sociale
de nos compatriotes Car le mouvement national entend
non seulement maintenir cette dernière, mais améliorer
le niveau de vie des Français, des plus modestes en
particulier. l~e façon emblématique, le SMIC sera
donc conservé et même revalorisé. C'est là un point,
en effet, sur lequel les ultralibéraux ont raison
: une telle disposition est incompatible avec le libre-échangisme
international. Mais le Mouvement national républicain
tire de ce constat la conclusion inverse : il maintient
le SMIC et rétablit les frontières.
Dans le même esprit, la politique sociale sera par
ailleurs amplifiée, mais totalement revue dans ses
fondements. Il s'agira en effet de la reconstruire
sur des bases radicalement différentes de celles que
l'idéologie marxiste lui a données. La gauche se fixe
pour objectif d'intensifier la redistribution des
revenus et de multiplier les allocations d'assistance
de toute sorte. Le Mouvement national républicain,
quant à lui, veut permettre à un nombre croissant
de Français de vivre dignement du fruit de leur travail
sans avoir à quémander des aides auprès de l'État.
Car le vrai progrès social ne réside pas dans le développement
des prestations, il consiste à les rendre inutiles
en élevant les bas revenus.
Par ailleurs, le Mouvement national républicain
entend appuyer sa politique sociale sur la notion
de préférence, notion elle aussi totalement étrangère
aux socialistes, et pourtant essentielle à l'épanouissement
des communautés qui fondent les solidarités naturelles.
Aussi, la préférence nationale doit représenter pour
les gouvernants une exigence morale à l'égard de nos
compatriotes aussi forte que celle qui pousse un père
à aider d'abord ses propres enfants. Elle confère
donc à la nation une dimension de communauté solidaire
qui n'existerait pas sans elle. Et c'est une notion
comparable qui doit permettre à la famille de redevenir
le premier cercle de solidarité naturelle. Aussi faut-il
la réhabiliter en instaurant une préférence familiale
qui devra se traduire concrètement dans les lois,
mais aussi dans les flux financiers de la nation.
Toujours à contre-pied de la gauche qui assimilait
la propriété au vol, le Mouvement national républicain
utilisera le développement des patrimoines comme un
puissant levier de promotion sociale. Chaque Français
devra pouvoir acquérir un bien, même modeste, et le
transmettre intact à ses enfants. Enfin, la protection
sociale, débarrassée de ses archaïsmes hérités de
la gauche, bénéficiera de réformes d'envergure propres
à assurer sa pérennité.
Audace et réalisme
Ainsi, malgré les terribles pesanteurs qui condamnent
à l'impuissance les dirigeants de la classe politique,
il demeure possible d'imaginer une voie assurant le
redressement économique et social de notre pays. Cette
stratégie vise à dégager la France des contraintes
qui la bloquent, à rallumer les moteurs du développement
économique et à relancer le social sans le socialisme.
Une stratégie audacieuse puisqu'elle a pour ambition
de maintenir la France en pointe dans le jeu économique
mondial tout en rétablissant l'emploi, en maintenant
la protection sociale et en élevant le niveau de vie.
Mais la méthode ne manque pas pour autant de réalisme,
car le redressement ne pourra être obtenu qu'au prix
de décisions originales et courageuses.
Elle ouvre la voie à un mode de développement nouveau
fondé sur l'organisation équilibrée de l'ordre social,
de l'échange régulé et du marché libre.