Harmonie au sein de la communauté et croissance équilibrée
de la production et des échanges, autant d'impératifs
que la nation française ne peut espérer atteindre
sans se fonder sur une conception des structures et
des valeurs de la société autre que celle qui prévaut
actuellement. Aussi est-il essentiel d'instaurer aujourd'hui
dans notre pays un nouvel ordre social renouant avec
les vertus et les principes traditionnels et capable
de rendre à notre peuple la force et la cohésion dont
il a besoin pour affronter l'avenir.
La mise en harmonie
L'économie, parce qu'elle doit être mise au service
de l'intérêt national, ne peut donc prétendre être
la première à imposer ses lois à la société. Elle
doit plutôt servir de modèle d'organisation sociale,
lequel constitue par ailleurs l'un des objectifs majeurs
à poursuivre.
Un tel agencement des hiérarchies et des perspectives
peut surprendre car, pour beaucoup, le social n'est
destiné qu'à corriger les dysfonctionnements de l'économie
et doit donc lui être subordonné. Pourtant, cette
conception, particulièrement justifiée pour combattre
une politique sociale de type socialiste, perd toute
pertinence dès lors qu'il s'agit de l'ordre social
prôné par le Mouvement national républicain. Cette
dernière notion, en effet, ne relève ni de la social-démocratie
ni de l'État providence, mais vise à définir de nouvelles
lignes de force dans l'organisation de la société
et à proposer pour elle un nouvel ordre, c'est-à-dire,
pour reprendre la définition du dictionnaire : "une
disposition des choses selon la place qui leur convient".
Cet ordre social, que le mouvement national appelle
de ses vœux, consiste donc à remettre en harmonie
la société française en se fondant sur ses structures
et ses valeurs les plus légitimes. Il n'est donc pas
question d'entreprendre une démarche de type constructiviste
à la manière des marxistes ou des ultralibéraux, mais
au contraire de s'appuyer sur les traditions pour
remettre les idées à l'endroit, les hommes et les
choses à leur juste place.
Dans ce contexte, le social n'est plus conçu comme
un correctif de l'économie, mais se révèle une vision
globale de la société à l'organisation de laquelle
le système de production et d'échange doit concourir.
L'ancienne opposition entre l'économique et le social,
qui recouvrait autrefois des clivages politiques droite-gauche,
n'a donc plus lieu d'être. L'ordre social devient
l'une des bases du développement de la nation.
Il est en effet nécessaire de tourner le dos à la
conception socialiste comme à l'idée libérale, qui,
bien qu'elles se soient affrontées dans le passé,
procèdent aujourd'hui d'une même vision matérialiste
et mondialiste du monde, et ont, à ce titre, largement
contribué l'une comme l'autre à détruire les structures
traditionnelles de la société et à plonger notre pays
dans l'individualisme et le désordre social.
Non au libéralisme destructeur
Le libéralisme, et tout particulièrement l'ultralibéralisme,
ont conduit au triomphe des valeurs marchandes qui
dominent désormais tous les secteurs de la nation.
Régie exclusivement par le jeu de la concurrence et
du profit, ayant pour seules normes la compétitivité
et l'efficacité, la société, en quelque sorte subjugue
par l'économie, dissout progressivement le tissu traditionnel
qui assurait son harmonie. En effet, bénéfiques si
elles sont circonscrites au domaine des activités
marchandes, les lois propres à la doctrine libérale
se font ravageuses dès lors qu'elles sont appliquées
à tous les aspects de la vie du pays. La loi de l'argent
écrase toute autre considération et la richesse devient
la seule source de reconnaissance sociale. La course
au profit justifie tous les moyens et s'affirme comme
le seul facteur de motivation des personnes. Il en
résulte un individualisme forcené et un éclatement
de la société en une multitude de classes, de catégories,
de groupes qui s'ignorent ou s'affrontent. Et, derrière
le paravent du moralisme et du "droit-de-l'hommisme"
se profile un égoïsme profond, d'autant plus brutal
que la concurrence sauvage sécrète par ailleurs pauvreté,
chômage et misère. Face au recul du système de valeurs
moral et national, le matérialisme s'érige en maître
de la société française, laquelle tend à n'être plus
qu'une masse. L'économie ultralibérale dominatrice
n'est donc pas compatible avec l'ordre social dont
la France a besoin.
Non au socialisme anti-social
Fondé sur de tout autres principes, le socialisme
a joué un rôle encore plus néfaste dont on mesure
aujourd'hui les effets désastreux. Mis en place par
étapes (1936, 1945, 1981), il porte une très lourde
responsabilité dans la déstabilisation de notre pays
et la perte de cohésion de notre peuple. Comment s'en
étonner ? En faisant sienne la théorie de la lutte
des classes, en instillant la doctrine marxiste de
l'économie dans la société et en usant du levier de
l'envie pour dresser les Français les uns contre les
autres, la gauche a mis en cause l'harmonie sociale
et introduit dans la mentalité nationale le poison
de l'égalitarisme fondé sur le ressentiment. Le projet
utopique consistant à ramener au même niveau la situation
de tous les Français a provoqué une profonde dégradation
de l'esprit public. Car, se trouvant ainsi légitimés
par un discours marxiste omniprésent, les individus
ont été incités à considérer comme injuste toute différence
de revenus ou de richesse et à revendiquer comme un
du un alignement artificiel de leur situation sur
celles des plus fortunés. Ce faisant, ils ont souhaité
la généralisation du système d'assistance et contribué
à l'instauration d'un État providence qui a entrepris
de tout régenter de façon quasi totalitaire. N'ayant
de références que financières, ce modèle d'organisation
sociale a lui aussi favorisé l'occultation des valeurs
traditionnelles et la montée du matérialisme, sources
d'individualisme et d'égoïsme. Sachant que l'État
prend tout le monde en charge, l'individu se sent
dégagé de toute responsabilité à l'égard des autres:
chacun pour soi, l'Etat pour tous !
Comment alors s'étonner que ce système ait débouché
sur une catastrophe humaine sans précédent ? Échec,
pour le socialisme, d'autant plus retentissant que
c'est à travers ses idées sociales qu'il dominait
le monde politique et intellectuel français depuis
près d'un siècle. Il a donc échoué dans son domaine
d'excellence. Le bouleversement qui en résulte est
aussi important sur le plan des idées que l'effondrement
du mur de Berlin l'a été en termes géopolitiques.
Naguère personne dans l'établissement ne savait comment
faire du social sans faire peu ou prou du socialisme.
Aujourd'hui, la vérité a éclaté : le socialisme n'est
pas social ! Mondialisme = régression sociale
Pire, il organise le cataclysme social car, tout
comme le libéralisme, il s'est rallié au mondialisme.
Pour la doctrine libérale, le cheminement est naturel,
puisque n'ayant d'autres références qu'économiques,
elle ne peut que méconnaître les communautés et ignorer
les structures traditionnelles. Il est donc normal
qu'elle déborde les frontières, qu'elle refuse de
prendre en compte les nations et qu'elle cherche à
s'épanouir à l'échelle du monde. Porté par la puissance
des effets unificateurs du commerce mondial et par
le rôle croissant des entreprises et des institutions
internationales, le libéralisme débouche naturellement
sur le mondialisme.
Il en va de même du socialisme qui, discrédité dans
ses fondements marxistes, s'est trouvé poussé vers
le dogme mondialiste par sa tradition internationaliste.
Chantres du combat contre le capitalisme il n'y a
pas si longtemps encore, les grands maîtres du socialisme
en viennent maintenant à défendre les vertus de l'ultralibéralisme
international ! Soutenant sans réserve la construction
européenne et le traité de Maastricht fondé sur la
doctrine libérale, défendant le GATT et la concurrence
sauvage qu'il instaure à l'échelle mondiale, les socialistes
ont ouvert notre pays au "grand capitalisme international".
En ce sens, ils ont rejoint les libéraux au nom du
mondialisme qu'ils partagent avec eux.
Les uns et les autres sont donc de ce fait co-responsables
de la régression sociale qui frappe aujourd'hui notre
pays. Car la mondialisation est l'une des causes principales
du chômage, elle provoque la baisse des salaires les
plus modestes, instaure partout la précarité et, avec
la montée de l'immigration, tiers-mondiste la nation.
Le mondialisme fonctionne selon le principe bien connu
des vases communicants: I'ouverture des frontières
crée une pression à l'égalisation des situations et,
en l'occurrence, à l'alignement de la situation des
Etats européens sur celle des pays sous-développés,
ce qui constitue le facteur principal de la désagrégation
sociale de la France.
Traditions, contrepoison
Aussi est-il nécessaire, face au libéralisme, au
socialisme et, aujourd'hui, au mondialisme, de restaurer
un ordre social enraciné. Pour tourner le dos à ces
systèmes inhumains qui conduisent au matérialisme,
à l'individualisme et à la régression sociale, le
Mouvement national républicain propose de suivre un
chemin plus traditionnel et plus conforme à la réalité
du monde tel qu'il est. Plutôt que d'adopter une attitude
visant à organiser la société selon des théories abstraites,
il entend s'appuyer sur les structures traditionnelles
et les valeurs immémoriales qui de tout temps ont
fait la force de notre nation. C'est la démarche organique
fondée sur l'idée que les hommes doivent s'épanouir
conformément aux traditions forgées par des siècles
d'expérience. Cette voie est d'ailleurs celle que
suivent certains grands pays particulièrement performants
sur le plan économique et qui disposent dans le même
temps d'un ordre social relativement heureux. L'harmonie
qui règne dans ce type de société s'explique sans
doute par la persistance au sein de l'économie moderne
de comportements traditionnels profondément ancrés
dans la réalité paysanne et aristocratique d'autrefois.
Tel est le cas du Japon, par exemple, où les zaibatsu,
c'est-à-dire les grands groupes nippons, apparaissent
issus des anciennes fratries féodales et où le terme
amoe, qui désigne le lien du salarié à son entreprise,
pourrait se traduire en français par vassalité. Tel
est aussi le cas de l'Allemagne dont la relative adaptation
à la société industrielle serait directement lice
au fait que la société traditionnelle n'a pas eu à
subir une révolution comme celle de 1789 et n'a été
que tardivement touchée par la révolution industrielle.
C'est sans doute là que réside l'un des secrets
des économies développées: pour être efficaces, il
leur faut s'appuyer sur des mécanismes traditionnels
qu'elles tendent naturellement à détruire lorsqu'elles
se développent. Telle est notamment la thèse de Jean
Fourastié et François Perroux pour qui "toute société
capitaliste fonctionne grâce à des secteurs qui ne
sont pas imprégnés par l'esprit de gain (...) un esprit
antérieur et étranger au capitalisme soutient pendant
une durée variable les cadres dans lesquels l'économie
fonctionne. Mais celle-ci, par son expansion et sa
réussite même (...), entame les institutions traditionnelles
et les structures mentales sans lesquelles il n'est
aucun ordre social". Sans doute est-ce d'ailleurs
pour cette raison que, soumis à la très forte pression
du mondialisme, les systèmes allemand et japonais
commencent à être ébranlés eux aussi dans leurs valeurs
et leurs traditions.
Combattre le mal, pas le malade
Quelles que soient cependant les attaques dont il
est I'objet, il apparaît essentiel que le système
économique et social puisse s'appuyer sur un ordre,
des valeurs et des comportements traditionnels qu'il
faut donc défendre et encourager. Tel est le sens
du nouvel ordre social que le Mouvement national républicain
se propose d'édifier sur les décombres des modèles
marxiste et capitaliste.
Notons qu'il s'agit là d'une entreprise de portée
historique puisqu'elle vise à inverser un phénomène
de grande magnitude qui semblait jusqu'à présent déployer
ses effets néfastes sans rencontrer le moindre obstacle.
Vouloir mettre un terme au processus de destruction
des structures traditionnelles peut donc au premier
abord paraître difficile, sinon impossible. Il s'agit
pourtant là d'une démarche indispensable à la survie
de la nation et au redressement du système de production
et d'échange. Quant à la tâche à accomplir, elle est
sans doute moins ardue qu'on ne le croit. Les mécanismes
de l'économie mondialiste sont en effet d'autant plus
dévastateurs qu'à ce jour, aucun gouvernement français
n'a tenté de les enrayer. Loin de s'opposer à la mondialisation
de notre pays, les dirigeants de la classe politique
encouragent et facilitent son développement tout en
expliquant aux Français que les maux qu'ils subissent
ne viennent pas du fléau qui les frappe mais d'une
incapacité de leur part à s'y adapter. Ils ne combattent
pas le mal, mais le malade, et la maladie se développe.
La situation s'inverserait totalement si demain
l'État combattait le mondialisme et reconstruisait
les structures traditionnelles de notre nation. Non
seulement la catastrophe sociale pourrait être évitée,
mais l'économie retrouverait les ressorts moraux nécessaires
à son dynamisme et à sa créativité. En ce sens, les
principes sociaux préconisés par le Mouvement national
républicain apportent une réponse globale et de fond
aux graves dérèglements que connaît notre pays. Aussi
est-il essentiel pour la France et pour les Français
de réussir à édifier ce nouvel ordre social et de
le fonder sur les communautés et les valeurs qui ont
fait notre nation.
Les communautés naturelles
Un homme, en effet, n'existe en tant que tel que
s'il appartient à une communauté qui l'enracine, lui
offre à la fois un cadre de référence et un système
de valeurs. Celui qui vivrait seul depuis sa naissance
en dehors de tout groupe ne parviendrait jamais au
stade d'homme accompli. Il resterait à l'état sauvage
puisque, privé de l'héritage de la civilisation, il
ne pourrait compter que sur ce qu'il découvre ou invente
par lui-même. C'est dire si la personnalité même des
individus est liée aux communautés dont ils font partie.
Et, selon que celles-ci sont vigoureuses et saines
ou atrophiées et décadentes, les hommes seront épanouis
et équilibrés ou déracinés et désorientés. Avant d'être
répartis en catégories socio-professionnelles, en
classes ou en strates de revenus, les Français sont
d'abord les membres de groupes organiques hiérarchisés
forgés par les siècles et sans lesquels ils ne sont
que des individus perdus dans une masse. C'est donc
au sein de ces communautés que peuvent se nouer le
plus solidement les liens de solidarité, d'entraide,
bref, de fraternité, qui rendent la vie plus humaine
et, en cas de malheur, plus supportable. Elles jouent
à cet égard un rôle infiniment plus important que
les mécanismes bureaucratiques et froids que multiplie
l'établissement. L'ordre social tel que le préconise
le Mouvement national républicain passe donc par la
consolidation et la revivification du réseau des communautés
naturelles.
Nation et famille
La première de ces communautés est bien sur la nation.
Constituée d'un peuple, installée sur une terre, dotée
d'une culture, c'est à travers cette forme de communauté
la plus accomplie que les hommes européens ont pu
s'épanouir et trouver une place et un rôle dans l'histoire.
Elle constitue aussi le premier cercle de solidarité
et de protection sur lequel chacun doit pouvoir compter
face aux dangers du monde extérieur. Comme le disait
Jaurès, la patrie est la seule richesse des pauvres.
A une époque où la nation subit les coups de boutoir
du mondialisme, il est donc essentiel de la défendre
et de la réhabiliter afin d'assurer à l'ordre social
le cadre privilégié sans lequel il n'existe pas. Il
convient donc de remettre à l'honneur les valeurs
de patriotisme et de fraternité de façon à recréer,
par la conscience d'une commune appartenance, une
solidarité de peuple et à rétablir pour nos compatriotes
la protection traditionnelle qui s'attache à toute
communauté souveraine.
La famille, cellule de base de la société, représente
par ailleurs, avec la nation, la communauté la plus
apte à consolider l'édifice social. C'est en son sein
que les générations se renouvellent et que les enfants
reçoivent les soins et l'éducation nécessaires pour
devenir des hommes. C'est elle qui donne aux personnes
leur place dans l'espace et le temps, qui crée entre
elles un tissu étroit de relations affectives et fraternelles
et donc contribue à leur assurer un équilibre psychologique
et social. La famille incarne aussi l'espace de solidarité
et de sécurité le plus proche des hommes: lorsque
survient un revers de fortune, c'est d'abord sur sa
famille que l'on doit pouvoir compter. Et, à cet égard,
les populations africaines, maghrébines ou asiatiques
ont des leçons à donner aux Français, car elles font
montre d'un sens de la solidarité familiale infiniment
plus développé que celui qui prévaut chez nos compatriotes.
La famille française doit donc être favorisée et consolidée.
Travail et terroir
D'autres groupes jouent également un rôle éminent,
comme l'entreprise ou, plus globalement, la communauté
de travail. Chacun consacre en effet une grande partie
de son existence à son métier, lequel constitue I
l'une des composantes de la personnalité d'un individu
et l'un des principaux signes de reconnaissance sociale.
Le cercle où s'exerce l'activité professionnelle représente
donc l'un des éléments importants de l'ordre social
à reconstruire. Selon que cette communauté se présentera
comme un lieu hostile, théâtre de conflits, où l'on
subit des vexations et connaît l'inquiétude ou, au
contraire, comme un domaine d'épanouissement, de satisfaction
et d'enrichissement, l'équilibre social de notre pays
s'en trouvera amoindri ou renforcé.
Sans tomber dans l'angélisme ou l'utopie, il convient
donc d'œuvrer pour que l'entreprise et les autres
collectivités professionnelles deviennent de véritables
communautés où, malgré les tensions propres à toute
société humaine, puisse se développer un sentiment
de commune appartenance et de solidarité interne,
fondé sur des intérêts partagés. L'entreprise ne peut
se borner à n'être qu'un lieu de production où le
"facteur" humain pourrait être "géré" exclusivement
selon le rapport de force et la motivation du gain.
D'autres préoccupations doivent intervenir, tel le
bien-être lié aux conditions de travail, le sens de
la responsabilité réciproque, la protection des personnes
et la satisfaction que chacun doit pouvoir retirer
de son activité. La ville ou le bourg sur le territoire
duquel on réside, le terroir ou la province d'où l'on
est issu constituent aussi des communautés indispensables
à l'établissement du nouvel ordre social. Ces lieux
d'enracinement, où se déroule la vie lorsqu'on ne
travaille pas, doivent donc être valorisés et consolidés
pour devenir d'authentiques communautés. A cet égard,
si l'on veut donner à ces dernières une identité plus
forte et une dimension correspondant mieux au cadre
naturel d'exercice des activités locales, il y a lieu
de revoir l'organisation territoriale de notre pays.
En effet, trop complexe et trop bureaucratique, la
structure des collectivités locales ne répond plus
aujourd'hui aux exigences des réalités communautaires.
On pourrait par exemple, tout en les conservant, regrouper
les communes rurales en "pays". Un pays étant une
entité constituée du bourg et de sa zone d'influence,
réalité à la fois géographique et historique que connaissent
bien les gens du cru. De même, dans les zones urbaines,
les communes d'une même agglomération pourraient être
réunies au sein de "villes", afin de supprimer l'actuelle
ségrégation entre centre et banlieues et de réintégrer
celles-ci dans une communauté unique et plus représentative
de la réalité. Par ailleurs, les régions, au besoin
redécoupées ou regroupées pour mieux cadrer avec les
réalités historiques et géographiques des anciennes
provinces, pourraient se voir renforcées, car mieux
adaptées, de par leurs dimensions, aux impératifs
du monde moderne. Les départements, constructions
artificielles nées de la Révolution, seraient, dans
cette hypothèse, supprimés et leurs compétences dévolues
pour une part aux régions et, pour l'autre, aux villes
et aux pays, lesquels se substitueraient par ailleurs
aux syndicats mixtes, structures d'intercommunalité,
districts, autorités d'agglomération, etc. Il en résulterait
une simplification administrative, et donc des économies
budgétaires, mais aussi une meilleure adéquation des
collectivités locales aux réalités géographiques et
économiques, ainsi qu'un réenracinement de nos compatriotes
dans des entités territoriales plus adaptées aux besoins
des citoyens, plus fortes et mieux identifiées.
Ainsi l'ordre social à rétablir pourra-t-il s'ancrer
dans les communautés naturelles qui encadrent traditionnellement
la vie des hommes. Parallèlement, il devra s'appuyer
sur les notions d'enracinement et de préférence. Ce
dernier concept est d'abord indispensable à l'existence
même des communautés, alors que celui de "refus de
l'exclusion", cher à l'établissement, conduit à leur
disparition. En effet, un groupe n'existe que fondé
sur un critère par lequel on accepte les uns et exclut
les autres. Si n'importe qui peut faire partie de
n'importe quelle communauté, celle-ci est détruite.
Que deviendrait la famille si chacun pouvait s'introduire
dans le foyer et exiger les mêmes droits que le mari
à l'égard de la femme et que le père vis-à-vis des
enfants ? Si, dans la théorie des ensembles, on avait
autorisé tous les éléments à appartenir à tous les
ensembles, rien ne se distinguerait et aucune science
ne pourrait se construire. Pour préserver les groupes,
il faut donc que ceux qui n'en font pas partie en
soient exclus. Certes, la formule est brutale, mais
elle correspond à une réalité nécessaire et bénéfique
et c'est parce que le terme d'exclusion comporte une
connotation péjorative qu'il vaut mieux utiliser celui
de préférence. Pourtant, l'idée est la même: s'il
n'y a pas d'exclusion il n'y a pas de groupe, s'il
n'y a pas de préférence nationale, il n'y a plus de
nation.
Cette hiérarchie des priorités s'affine de surcroît
comme une exigence morale dont le nouvel ordre social
ne peut faire l'économie. En effet, la notion de "refus
des exclusions", qui conduit à la destruction des
communautés, débouche également sur la négation de
toute fraternité. Refuser d'exclure qui que ce soit,
c'est vouloir intégrer tout le monde, et donc étendre
la notion de solidarité sans aucune limite. Or, plus
celle-ci est étendue, plus elle s'affaiblit. Si l'on
est solidaire du monde entier, on n'est en réalité
responsable de personne. Il en va tout autrement lorsqu'on
limite par une démarche de préférence le champ de
la solidarité à un groupe plus étroit, car alors la
responsabilité devient exigeante, en même temps qu'elle
s'affirme concrètement. La personne dans la détresse
n'apparaît plus sous la forme abstraite d'une réalité
relayée par la télévision, mais de façon tangible
à travers un être de chair et de sang qui s'adresse
à vous et à qui il faut répondre. Il n'est plus possible,
dès lors, de s'acheter une bonne conscience par le
truchement d'une de ces opérations de "charity business"
chères à l'établissement, il faut payer de sa personne.
En ce sens, l'ordre social fondé sur la préférence
est moralement supérieur à cette conception pseudo-sociale
de lutte contre l'exclusion. N'est-ce d'ailleurs pas
ce qu'enseigne l'Evangile à travers la célèbre parole
du Christ "Tu aimeras ton prochain comme toi-même"
? Même Jean-Jacques avait compris combien cette préférence
est un impératif légitime. "Défiez-vous de ces cosmopolites
qui vont chercher dans leurs livres des devoirs qu'ils
dédaignent de remplir autour d'eux. Tel philosophe
aime les Tartares pour être dispensé d'aimer ses voisins",
écrivait-il dans l'Émile.
Il convient par ailleurs de favoriser tout ce qui
va dans le sens de l'enracinement des personnes et
de considérer cette notion comme un facteur majeur
de stabilité et d'ordre social. L'attachement à un
groupe, à un sol, à un bien, la propriété d'une demeure
ou d'un patrimoine constituent en effet de puissants
instruments d'équilibre psychologique et social pour
notre peuple. C'est par ce biais que nos compatriotes
peuvent se fixer, trouver des repères, des protections
et la sécurité indispensable à l'harmonie de la société.
Dans cet esprit, il est donc essentiel de développer
la propriété, qui représente, ne l'oublions pas, l'un
des droits inaliénables et imprescriptibles de l'homme
tels que définis par la déclaration de 1789. Lorsque
l'on possède un bien, immobilier en particulier, on
lui est attaché et on se sent enraciné dans la terre
et dans le lieu où il est implanté. D'autre part,
comme le risque de le perdre existe, on est davantage
intéressé à la stabilité sociale, au respect des lois
et des valeurs. On peut aussi le transmettre à ses
enfants, le recevoir de ses parents et maintenir ainsi
une continuité par-delà les générations, source d'enracinement
dans une lignée. Enfin, un patrimoine constitue une
sécurité indéniable face aux aléas de l'existence.
Lorsque l'on subit un revers de fortune, c'est au
premier chef grâce à la possession d'un logement ou
d'un bien que l'on peut éviter de sombrer dans la
misère. L'ordre social que nous appelons de nos vœux
passe en conséquence par le développement et la généralisation
de la propriété, notamment pour les Français aux revenus
les plus modestes. Il passe aussi par le sens de la
justice et le goût de la dignité.
Justice sociale
Le mot de justice sociale a été, il est vrai, galvaudé
par la classe politicienne, mais l'acception que nous
lui donnons correspond à une vision radicalement différente
de celle diffusée par l'établissement, car totalement
opposée à l'égalitarisme socialiste. Certes, l'égalité
est l'une des valeurs fondatrices de nos institutions
et, à ce titre, nous lui sommes fondamentalement attachés.
Mais il s'agit là de l'égalité des droits et nullement
de l'égalité des résultats. Car, autant la première
est un facteur de justice entre les individus, autant
la seconde est une source d'iniquité. Les hommes ayant
par nature des dons et des mérites inégaux, n'est-il
pas logique qu'ils occupent des positions inégales
dans la hiérarchie sociale et dans l'échelle des revenus
? En revanche, ne serait-il pas profondément injuste
que ceux qui déploient un grand talent et beaucoup
d'efforts au service de la communauté soient traités
comme ceux qui vivent en parasite à ses dépens ? L'ordre
social implique donc des inégalités, c'est-à-dire
une hiérarchie de situations et un échelonnement des
rétributions. Encore faut-il que ces différences financières
et sociales soient justifiées par le talent, le travail
et le service rendu aux autres. Conçue selon la formule
"à chacun selon son mérite", la justice sociale constitue
dès lors un élément capital de l'ordre social à rétablir.
Elle implique donc une redéfinition de l'échelle des
salaires et des revenus dans notre pays.
Dignité
Ajoutons que pour le Mouvement national républicain
tous les hommes sont égaux en dignité et que l'ordre
social auquel il aspire se fonde sur une haute conception
de la personne humaine. A ses yeux, en effet, chaque
être incarne une individualité libre, autonome, dotée
d'une personnalité propre et unique. Rien ni personne
ne peut le façonner, comme le prétendaient les marxistes,
car il n'est pas l'élément d'une masse, interchangeable
et anonyme. Il doit être respecté et pris en considération
dans sa dignité d'homme. Or, les mécanismes sociaux
inventés par l'idéologie socialiste bafouent les personnes
en multipliant des prestations d'assistance qui les
placent sous la tutelle de l'État. Plus l'autorité
publique intervient pour encadrer et assister les
individus, plus elle limite leur liberté, les rabaisse,
les soumet et les dépouille de leur dignité. Lorsqu'on
ne peut plus décider de sa vie par soi-même, lorsqu'on
est pris en charge du berceau à la tombe par une puissance
tutélaire dont on dépend totalement, on perd une partie
de l'estime que l'on se porte. Le soutien que l'on
reçoit ne va plus alors dans le sens du progrès social.
Ce dernier exige au contraire le retour à la dignité
pour les personnes, ce qui implique que chacune d'entre
elles jouisse du maximum d'autonomie et de liberté.
L'ordre social voulu par le Mouvement national républicain
tourne donc le dos à la vision de l'établissement.
Selon ce dernier, plus les prestations étatiques sont
nombreuses et importantes, meilleure apparaît la politique
sociale. Pour le mouvement national, à l'inverse,
le vrai progrès est celui qui offrira à tous les Français
la possibilité de vivre sans aides des fruits de leur
travail passé ou présent et rendra de ce fait inutiles
les prestations d'assistance. Il ne s'agit donc pas
de supprimer celles-ci tant qu'elles sont utiles,
mais de les considérer comme un palliatif destiné
à disparaître lorsque les difficultés qui les ont
rendues nécessaires auront cessé d'exister. La première
conception est synonyme de mise sous tutelle et de
régression, la seconde, la nôtre, de responsabilité
et de libération.
Précisons cependant que cette exigence de dignité
propre au nouvel ordre social ne met nullement en
cause les mécanismes sociaux fondés sur l'assurance
ou la solidarité. Les assurances sociales, comme celles
concernant la maladie ou les retraites, qui offrent
des prestations financées par des cotisations, sont
en effet particulièrement bénéfiques et ne mettent
nullement en cause l'autonomie et la dignité des personnes.
Il en va de même des prestations de solidarité, comme
les allocations familiales qui compensent le coût
financier d'un service rendu à la communauté, en l'occurrence
celui d'assurer le renouvellement des générations.
En revanche, les allocations d'assistance, comme par
exemple le RMI, les allocations logement ou les aides
sociales doivent être rendues progressivement inutiles
par le biais d'une grande politique sociale assurant
à chacun un emploi et un revenu qui permette de vivre
dignement sans l'aide de l'État. Mieux vaut en effet
un salaire plus important versé directement par l'employeur
plutôt que des gages de misère abondés par des allocations
étatiques elles-mêmes ponctionnées sur l'entreprise.
Renforcer les communautés naturelles, instaurer le
principe de préférence, favoriser l'enracinement des
Français, assurer la justice sociale et défendre la
dignité des personnes, tels sont donc les principaux
leviers à actionner pour rétablir dans notre pays
un ordre social aujourd'hui dangereusement troublé.
En œuvrant en ce sens, le mouvement national jettera
les bases d'une grande politique capable de sauver
la France de la catastrophe sociale, mais aussi de
rendre à notre peuple les structures et les valeurs
traditionnelles indispensables à son expansion économique.
De la sorte, il replacera l'impératif social au cœur
du modèle de développement propre à assurer la prospérité
et l'harmonie de la nation. Encore faut-il, pour y
parvenir, se protéger des effets délétères du mondialisme.